Opposer nature et culture n’a guère de sens pour les sociétés polynésiennes traditionnelles. Dans la perspective d’un développement ‘’durable’’ du fenua, il est aussi préférable de les associer concrètement. Dans cette revue de presse : la stratégie touristique du Pays,  Fāri’ira’a Manihini 2027, pour un tourisme durable ; Dans le dernier BSEO, zoom sur l’atoll de Morane, un site isolé dont les peuplements terrestres et marins sont considérés comme atypiques ; Préservation des valeurs agricoles et culturelles du fenua avec Te tau ‘auhune   matari’i i ni’a ; Les oiseaux ont un rôle important dans les traditions orales du fenua. Encore faut-il les protéger... avec discernement.

 

# “Collaboration pour un Pacifique résilient, prospère et inclusif au travers du tourisme durable”

À l’élaboration de la feuille de route touristique, Fārira’a Manihini 2027, le Pays a exprimé sa volonté de devenir une destination de tourisme durable et inclusif. Pour être reconnu et certifié mondialement en tant que telle, Tahiti tourisme a annoncé, ce jeudi après-midi (3/11) dans ses locaux, les critères établis par le Conseil mondial du tourisme durable (GSTC) qui doivent être pris en compte. (…) La stratégie de développement, prévue sur les cinq prochaines années, prend en compte les enjeux économique, social, culturel et environnemental. Pour rappel, le plan d’actions se concentre sur : la création d’un comité de pilotage avec les acteurs du secteur privé et ceux du secteur public ; la prise en compte de la population dans le développement du secteur touristique ; la promotion et la préservation du patrimoine culturel avec l’inscription de ses valeurs au patrimoine de l’Unesco ; et la protection de l’environnement avec la gestion des ressources et l’accélération des énergies renouvelables. De plus, elle vise une politique “slow tourism” en favorisant la qualité à la quantité avec une limite de visiteurs, mais des séjours “durables” (longs), afin d’avantager “l’expérience et la rencontre avec la population”.

Tourisme durable : des critères à respecter (Tahiti Infos)

Tahiti Tourisme a présenté cet après-midi (jeudi 3/11) les grandes lignes de la stratégie  Fāri’ira’a Manihini 2027. Pour le GIE il s’agit de « repenser » la filière, « privilégier la qualité à la quantité » et entrer dans une démarche de « tourisme inclusif et durable ». Cette nouvelle feuille de route, qui doit être votée par l’assemblée, a aussi pour objectif de démarquer le fenua des autres « destinations soleil » en devenant un leader « slow tourisme ». Dans un contexte de reprise encourageante de l’activité, Tahiti Tourisme et les nombreux acteurs du secteur consultés sont tombés d’accord sur cette stratégie complétement différente de celles proposées les années passées. Jusqu’à aujourd’hui, il a toujours été question d’objectif de croissance en termes de tourisme, mais cette fois, il est question de « fixer un plafond à 300 000 visiteurs par an », explique Jean-Marc Mocellin, directeur général de Tahiti Tourisme. (…) Dans cette même logique, il est aussi question de créer un comité de pilotage qui travaillerait sur le plan d’action à suivre vers cette transition durable.

La Polynésie veut devenir une destination « boutique », leader du « slow Tourisme » (Radio 1)

Après deux ans de crise Covid, le Pacifique se réunit au chevet de son tourisme. Il faut dire que de nombreux pays ont souffert de la pandémie et de la fermeture des frontières qui en a résulté. Certains pays n’avaient quasiment plus aucune liaison avec le monde extérieur durant près de deux ans, comme c’est le cas pour les Iles Cook qui ont subi de plein fouet l’arrêt des vols consécutifs à la fermeture des frontières de la Nouvelle Zélande. Pour ces Pays du Pacifique dont l’économie est souvent très dépendante du tourisme, le secteur est à genoux. C’est donc sur le thème “collaboration pour un Pacifique résilient, prospère et inclusif au travers du tourisme durable” que les ministres du Tourisme de la zone Pacifique se retrouvent depuis hier (02/11) à Rarotonga pour ce premier sommet post covid des leaders du tourisme durable organisé par la Pacific Tourism Organization (SPTO)* et Cook Islands Tourism. (…)

L’exemple touristique polynésien vanté à l’échelle du Pacifique (Tahiti News)

+ Alors que le premier conseil des ministres du tourisme du Pacifique organisé depuis deux ans s'est tenu jeudi à Rarotonga, l'accent a été mis sur la nécessité de développer les connexions aériennes entre les îles du Pacifique et la décision a été prise d'organiser en Polynésie française le prochain conseil de 2023.

(…) Celui-ci sera coordonné concurremment aux deux autres événements phares attendus en Polynésie, le One Planet Summit for Island consacré aux enjeux climatiques, aux rôles des océans et à leur préservation, et le Pacific Cruise Forum, consacré à l’industrie de la croisière.

​Le conseil des ministres du Tourisme du Pacifique à Tahiti en 2023 (Tahiti Infos)

 

# Zoom sur l’atoll de Morane, un site dont les peuplements terrestres et marins sont considérés comme atypiques

Les deux premiers bulletins 2022 de la Société des études océaniennes (BSEO) ont été publiés et viennent d’être présentés. Le numéro 356 (janvier/avril) est consacré à l’atoll de Morane (Tuamotu-Gambier), avec sa biodiversité marine et terrestre. Morane est un petit atoll fermé sans passe et isolé situé à 200 kilomètres au sud-ouest de Mangareva dans l’archipel des Gambier, auquel il est administrativement rattaché. Il se trouve à 1 390 kilomètres de l’est de Tahiti. Il compte parmi les sites dont les peuplements terrestres et marins sont considérés comme atypiques. (…) Serge Planes et Jean-Yves Meyer, deux scientifiques qui ont participé à la mission, ont signé plusieurs articles. Les textes décrivent la faune et la flore benthiques de l’atoll, l’ichtyofaune, la flore, les lichens ainsi que l’avifaune. Ils présentent également le matériel et les méthodes d’étude. Selon les chercheurs, Morane est écologiquement unique en Polynésie car indemne de rats noirs et de rats polynésiens, ainsi que de moustiques. Sa cocoteraie n’est pas dense, contrairement à la majorité des atolls des Tuamotu, où de véritables monocultures ont été implantées à partir du XIXe siècle.

+ Le numéro 357 (mai/août) s’intéresse, lui, aux hīmene (chants), danses, musique et instruments de musique polynésiens, heiva…

Les arts vivants et l’atoll de Morane au sommaire des derniers BSEO (Tahiti Infos)

 

# Te tau ‘auhune   matari’i i ni’a : préservation des valeurs agricoles et culturelles du fenua

Dans le calendrier polynésien, nous aborderons bientôt le temps de l'abondance avec le lever de Matari'i, la constellation des Pleïades. Le ministère de la culture veut en faire une période culturelle riche, avec un lien fort avec la nature. (…) Les dates du 20 novembre - Matari'i i Ni'a - et du 20 mai - Matari'i i Raro - ont été officialisées par le ministère. (…) L’objectif de cette période événementielle est de mettre à l’honneur nos pratiques culturelles ainsi que les secteurs de l’agriculture et de la pêche, et d’en assurer la transmission aux jeunes générations. (…) - ITW VIDÉO : les précisions du ministre de la culture.

Te Tau 'Auhune, la saison d'abondance (Polynésie 1ère)

Les ministères et les particuliers du domaine de la culture, de l’éducation, de l’agriculture et des ressources marines, ont souhaité symboliser la prochaine saison d’abondance, marquée par le lever des Pléiades, localement appelé le matari’i i ni’a. Un programme de festivités culturelles a été mis en place du 19 novembre au 7 décembre afin de sensibiliser la population à la préservation des valeurs agricoles et culturelles du fenua. (…) Le programme du Te tau ‘auhune débutera avec les cérémonies du lever des constellations des Pléiades, le matari’i i ni’a, qui constitue un des principaux signes précurseurs de la période d’abondance. Les 19 et 20 novembre prochains, entre 16 heures et 19h30. Ces cérémonies du matari’i i ni’a auront lieu au Musée de Tahiti et des îles, sur la plage de Tema'e à Moorea, sur le marae de Taputapuatea à Raiatea et à l’embouchure de Papenoo.

Plusieurs manifestations à entrée gratuite… et d’autres payantes… (voir le programme)

Une saison d’abondance culturelle (Tahiti Infos)

Comme le pointe le ministre Heremoana Maamaatuiahutu, « le nouvel an chinois » ou en même « l’Independance day » américain ont trouvé un public au fenua. « Mais on a un peu oublié nos propres marqueurs calendaires », regrette-t-il. Il explique encore que même si cette période d’abondance n’est pas « une fête nationale », elle est importante. (…) Ce calendrier rythmé touche  » tous les aspects de la culture » se félicite le ministre. C‘est l’occasion de  » valoriser les chants, les danses, nos produits locaux, agricoles et certains produits de la pêche ». L’occasion donc d’intéresser les plus jeunes, mais aussi de susciter l’intérêt des matahiapo pour la transmission des savoirs…

« Te tau ‘auhune » : un bouquet de culture pour fêter l’abondance (Radio 1)

Pour rappel : Matari'i i ni'a: quand culture rime avec nature (AvA-Infos)

 

 

 

# Protection des oiseaux de Mangareva

# L’association Toromiki no Mangareva, en partenariat avec la SOP-Manu, a organisé une semaine de formation afin de sensibiliser les habitants de Mangareva à la protection des oiseaux. (…) En fin de formation, le projet d’élaboration de panneaux et de brochures afin de sensibiliser à la biosécurité a aussi été abordé. (…) Concernant les données récoltées, elles seront ajoutées à la base de données de la SOP-Manu et pourront permettre un suivi plus constant des populations aviaires des Gambier. Dans un futur proche, l’association Toromiki no Mangareva a pour projets de continuer le suivi des espèces d’oiseaux sur ces endroits, mais aussi d’élargir les zones de suivi. L’étude des périodes de reproduction de certaines espèces comme les gygis est aussi envisagée.

Les oiseaux des Gambier, trésors à protéger (Tahiti Infos)

Pour rappel: à lire aussi :  L’association Toromiki no Mangareva a dispensé dimanche (12 juin) sa première journée de formation afin de sensibiliser la population à la protection des oiseaux de l’île. Mangareva veut protéger ses oiseaux (Tahiti Infos)

+ En savoir plus sur Le rôle de l’oiseau dans les traditions orales polynésiennes (Tahiti Pacifique)

# Mais… des bulbuls menacent les oiseaux endémiques de Nuku Hiva

Quatre bulbuls ont été aperçus à Nuku Hiva où aucun n’avait été vu depuis deux ans. Si le message a été relayé à la population c’est que ces oiseaux très invasifs représentent un risque pour les espèces endémiques des Marquises et le reste de l’environnement. La consigne : les signaler ou mieux, les exterminer. (…) Le bulbul à ventre rouge est classé par l’UICN parmi les 100 espèces les plus invasives de la planète. Introduits dans les années 1970 en Polynésie, ils sont présents sur les îles de Tahiti, Moorea, Huahine, Raiatea et Bora Bora. Ils menacent également l’île de Ua pou où ils ont été aperçus pour la première fois en 2019 pendant le festival des Marquises. Il s’agit d’une espèce transportée à l’origine « pour faire des combats là où les combats de coqs étaient interdits », qui s’est propagée et qui garde un caractère très agressif envers d’autres oiseaux voire d’autres animaux. (…) Cette espèce transporte également des maladies – variole et malaria aviaires – qui sont particulièrement dangereuses pour les espèces endémiques des îles telles que les komako et les kukupa dans ce cas précis à Nuku hiva. Les bulbuls représentent également un risque pour les plantations locales, se nourrissant de fruits et de légumes.

Alerte au bulbul à Nuku Hiva (Radio 1)