"Touchez pas à la mer !", dit une chanson d'Antoine... C'est peut-être ce qu'ont voulu dire les députés de la représentation nationale. La Proposition de Résolution créant un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins adoptée par l'Assemblée Nationale ; On peut peut-être néanmoins y toucher si... c'est avec respect : Restaurer le milieu aquatique est aujourd’hui possible. Grâce à des « biohut », des nurseries artificielles. Son but : repeupler de poissons les ports et marinas du fenua tout en compensant la destruction des habitats naturels ; Valoriser les déchets de la coprahculture et préserver nos lagons. C’est possible et c’est l’objectif du projet Cocorig : des cordages en bourre de coco ; Mais... précise un rapport de la Communauté du Pacifique, les aires marines protégées ne seraient  pas la solution à tous les maux. Même si la protection des écosystèmes des récifs coralliens et de leurs espèces résidentes y est particulièrement efficace, les espèces nomades n’y sont pas à l’abri.

 

# La Proposition de Résolution créant un moratoire sur l'exploitation minière des fonds marins a été adoptée ce mardi 17 janvier par l'Assemblée Nationale. Un "premier pas dans l'arrêt de toutes exploitations minières des fonds marins dans les ZEE des pays d'Outre-mer et de France", s'est réjoui Tematai Le Gayic, député de la première circonscription de la Polynésie française. Une position qui n’est pourtant pas celle du Tavini qui s'était abstenu de voter un moratoire similaire à l’assemblée de Polynésie, le 8 décembre dernier. L’Assemblée nationale a adopté, ce mardi, la Proposition de Résolution créant un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins. Signée par 170 députés issus de neuf groupes politiques, la Proposition défendue par le député de Gironde Nicolas Thierry applique le principe de précaution pour les générations futures. (L’intervention complète de Tematai Le Gayic à l’Assemblée)

Le moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins adopté par l’Assemblée nationale (TNTV)

Dans la lignée de l’engagement international d’Emmanuel Macron, les députés ont adopté une résolution invitant le gouvernement à défendre un moratoire international sur l’exploitation minière des grands fonds. Un texte voté à la majorité absolue, avec les voix du groupe GDR qui rassemble trois députés polynésiens. Leur parti, le Tavini, est pourtant fermement opposé, sur la scène locale, à une telle interdiction d’exploitation.

Exploitation des fonds marins : moratoire voté à Paris, grand écart du Tavini (Radio 1)

Dans un élan rare, les députés se sont prononcés par 215 voix pour et 56 contre mardi 18 janvier en faveur d’un moratoire sur l’exploitation des fonds marins. A l’exception du Rassemblement national et des Républicains, ce texte a été adopté par 9 groupes politiques. Un texte qui invite le gouvernement à aller plus loin dans la défense des fonds marins.

L'assemblée nationale se prononce pour le moratoire sur l'exploitation des fonds marins (Polynésie 1ère)

Peut-on parler de conflit de générations sur ce dossier au sein du mouvement indépendantiste polynésien ? Ca y ressemble en tous cas… Les fameuses nodules polymétalliques et autres « terres rares » qui tapisseraient le fonds de nos océans sont au coeur des ambitions politiques depuis quelque temps. Elles sont perçues comme la promesse d’une fabuleuse source d’indépendance économique…comme s’il suffisait de se baisser pour devenir subitement très riche! Que de fantasmes hélas très éloignés des réalités quotidiennes du nuna’a, surtout en cette période troublée. Nous n’avons pas, ou à peine!, la plus petite idée des tonnages potentiellement exploitables, et surtout de la manière d’aller les chercher à plusieurs milliers de mètres de profondeur que déjà, certains se croient arrivés dans la caverne d’Alibaba. Au bas mot, cette richesse serait estimée à « 75 000 milliards de dollars US » selon le président du Tavini Oscar Temaru qui, a minima, ne serait-ce que pour rêver davantage, aurait pu faire la conversion en franc pacifique. En attendant, à l’échelle locale et nationale, deux camps s’affrontent « pour » ou « contre » l’exploitation de cette richesse pour les générations futures.

Exploitation des fonds marins: le Tavini en ordre dispersé (Tahiti News)

 

 

# Restaurer le milieu aquatique est aujourd’hui possible. Grâce à des « biohut », des nurseries artificielles, pensées et créées par une société de Montpellier en métropole. Celle-ci a signé un partenariat avec une entreprise polynésienne spécialisée dans les travaux sous-marins. Son but : repeupler de poissons les ports et marinas du fenua tout en compensant la destruction des habitats naturels. Ce sont des refuges pour les poissons juvéniles.  Ces abris sous forme de cages peuvent être installés sur de petits fonds ou le long d’aménagements comme des ponts ou des quais. Dans ces habitats protégés, les alevins peuvent grandir à l’abri des prédateurs. Cette société spécialisée en travaux sous-marins a été choisie pour poser les premières « biohut » en Polynésie. (…) Conçues en matériaux recyclables et non-polluants pour le milieu,les « biohut » sont utiles à de nombreuses espèces. Ces structures ont aussi un intérêt pédagogique pour des programmes de sensibilisation au respecte de l’environnement.

Environnement : des « biohut » pour repeupler le milieu marin (TNTV)

 

 

# Valoriser les déchets de la coprahculture et préserver nos lagons. C’est possible et c’est l’objectif du projet Cocorig : des cordages en bourre de coco. En perliculture, la plupart des cordages sont composés de matière plastique. Du plastique qui se dégrade dans l’Océan, pollue environnement… mais pas seulement. Cette pollution entraine également une alteration de la qualité des perles. “Le platique se transforme en micro-plastique. Ça devient de la poussière et il y en a partout. Ça tue tout”, explique Benoit Parnaudeau, porteur du projet. (…) Le projet Cocorig a été finaliste du concours Tech4islands en 2020. Et l’année dernière en octobre, les porteurs étaient présents lors du Tech4islands summit, événement de l’innovation en Polynésie et dans le Pacifique. (…) b Pourtant, si l’idée est innovante, Cocorig s’inspire de techniques ancestrales: “Le nape" (corde traditionnelle polynésienne). Pour remédier à cela, une entreprise locale, Polyacht, s’est lancée dans la fabrication de cordages naturels, en fibre de coco. (…) À terme, leur idée est de monter une véritable filière en Polynésie et de valoriser par la même occasion la bourre de coco.

Cocorig : le cordage en fibre de coco au secours de la perliculture (TNTV)

 

# Publié jeudi 12 janvier sur le site de la Communauté du Pacifique, un rapport conduit par plusieurs scientifiques du SPC affirme que la mise en place d’aires marines protégées serait, au mieux, inefficaces pour la préservation de deux espèces que sont la bonite et le thon obèse. « La justification de la création de grandes AMP océaniques comprend souvent les avantages qu’elles apporteraient à la conservation des stocks de thon, qui font l’objet d’importantes pêcheries commerciales dans le Pacifique », explique le rapport qui cherche à savoir si ces mises en place d’AMP sont réellement efficaces pour la préservation des espèces. Pour l’étude, ils ont observé l’activité de ces espèces dans la zone protégée des îles Phoenix (archipel des Kiribati) à l’aide d’un cadre de modélisation à haute résolution appelé SEAPODYM (Spatial Ecosystem And Population DYnamics Model). Leur premier constat est brutal. « Les avantages de la PIPA (Aire protégée des îles Phoenix) pour la conservation à l’échelle du stock pour ces espèces sont faibles à inexistants, et que seules de modestes augmentations de la biomasse reproductrice des deux espèces se produisent à l’intérieur et à proximité de la PIPA lui-même. » (…)- Le collège de scientifiques en concluent que « les grandes AMP océaniques ne sont probablement pas des outils de gestion de première ligne efficaces pour les thons tropicaux et d’autres espèces ayant des caractéristiques de cycle biologique similaires. » Les aires marines protégées ne seraient donc pas la solution à tous les maux. Même si la protection des écosystèmes des récifs coralliens et de leurs espèces résidentes y est particulièrement efficace, les espèces nomades n’y sont pas à l’abri.

Les Aires marines protégées inefficaces sur la protection du thon obèse et des bonites (La Dépêche)