Il y a près de six décennies, la France a entrepris d'expérimenter son armement de dissuasion nucléaire dans les îles du fenua, avec des conséquences environnementales et sanitaires qui posent toujours question ; Aujourd’hui - au sein d’un océan Pacifique lieu de concurrence géopolitique et économique entre des puissances comme la Chine ou les États-Unis - la gestion de la Zone économique exclusive (ZEE) de la Polynésie française est l’objet d’une commission d’enquête source de rivalité politique entre indépendantistes et autonomistes ; Cinquante ans après la première arrivée à Tahiti de la pirogue traditionnelle hawaïenne Hōkūle'a, se tient un premier colloque international du va’a, non pas comme simple embarcation mais comme vecteur de “valeurs” à faire valoir aux niveaux culturels, mais aussi sociétaux et écologiques.
NUCLÉAIRE
Le 2 juillet 1966, il y a 59 ans, explosait le premier essai nucléaire, baptisé Aldébaran, au-dessus de Moruroa. Le premier d'une série de 193 tirs. La Commission d'enquête parlementaire sur les essais nucléaires en Polynésie doit restituer ses travaux aujourd'hui devant les associations et les élus.
Initialement, les militaires avaient tout prévu pour le 1er juillet 1966, mais l’opération est finalement décalée de 24h. C'est donc le 2 juillet, à 5h34, qu’une bombe de 28 kilotonnes explose au dessus de Moruroa, deux fois la puissance de Hiroshima. Elle a été tirée depuis une barge située dans le lagon de cet atoll des Tuamotu. (…) Au total, 193 essais nucléaires ont eu lieu en Polynésie française.
Ce 2 juillet 2025, la Commission d'enquête parlementaire sur les essais nucléaires en Polynésie doit restituer ses travaux, à la Présidence, en présence du président Moetai Brotherson, de la députée Mereana Reid-Arbelot, des associations 193 et Moruroa e Tatou, des représentants de l’Assemblée de la Polynésie, du CESEC, de l’État, des communes, ainsi que des vétérans.
2 juillet 1966 : Aldébaran, le premier tir nucléaire (Polynésie 1ère)
C'était il y a 59 ans, jour pour jour. Le 2 juillet 1966, la France procédait à son tout premier essai nucléaire dans le Pacifique, sur l’atoll de Moruroa. Officiellement présentée comme une opportunité pour les populations locales, cette implantation militaire va bouleverser le territoire, tant sur le plan environnemental que sociétal. (…) Mais les inquiétudes sont là : contamination alimentaire, risques pour la santé ou encore choc culturel avec l’arrivée des militaires. Des élus se battent, mais le projet s’impose. (…)
Il y a 59 ans, le 1er des 193 essais nucléaires en Polynésie (TNTV)
Ce mercredi, la commission d'enquête parlementaire relative aux essais nucléaires en Polynésie a présenté son rapport aux élus locaux, ainsi qu'aux associations. Et si le document s'attaque aux nouveaux éléments déclassifiés, ainsi qu'à certaines incohérences persistantes de l'État, celui-ci se veut, aussi et surtout, être une force de proposition pour les différents travaux à venir.
(…). Un rapport dense, de 700 pages, qui a nécessité 48 auditions pour 123 personnes entendues depuis le mois de janvier. Parmi elles, des représentants d'associations de victimes, des chercheurs, des responsables politiques et de l'administration, à l'échelle nationale et polynésienne par souci d'équilibre. Un travail longuement félicité par les divers intervenants, dont l'association 193. (…) Car si le rapport fustige en effet une certaine posture adoptée par l'État depuis la fin de ces essais, celui-ci s'évertue aussi et surtout à être une force de proposition quant aux différents travaux à venir. Concrètement, le document soulève plusieurs problématiques auxquelles il soumet plusieurs recommandations, à l'exemple notamment de l'accès aux soins. (…)
Essais nucléaires : “L'État ne peut plus se dérober !” (Tahiti Infos)
La commémoration du premier essai nucléaire au fenua a été célébrée à la présidence par le camp indépendantiste, réuni pour une présentation du rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les conséquences des essais. Un document porteur d’espoir pour les militants anti-nucléaires, qui espèrent enfin tourner cette page de l’histoire du Pays. (…) Après une série de discours dont celui de Yolande Vernaudon, déléguée aux conséquences des essais nucléaires, la rapporteure et députée, Mereana Reid Arbelot a remis solennellement un exemplaire du document à Moetai Brotherson, Anthony Géros et la seconde vice-présidente du Cesec Patricia Teriiteraahaumea.
La députée a estimé que l’interruption des travaux l’année dernière, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale, avait « au moins eu le mérite inattendu de permettre reprendre l’enquête sur des bases matures y compris pour certaines institutions et certaines personnes interrogées dont le discours a ainsi évolué ». (…)
Essais nucléaires : le rapport de l’Assemblée nationale au cśur des commémorations (TNTV)
Pour rappel: 30 ans d'essais nucléaires: rapport de la commission d'enquête parlementaire (AvA-Infos)17/06/25
Le réalisateur et producteur Pascal Galopin prépare un court-métrage de fiction sur les essais nucléaires en Polynésie. Né à Tahiti, ancien journaliste à La Dépêche, il porte ce projet depuis longtemps. Intitulé Aldébaran, le film tisse un récit familial entre une fille et son père, tous deux liés à l’histoire nucléaire de la France dans le Pacifique. Entretien avec ce passionné de cinéma et de la Polynésie.
Avec Aldébaran, Pascal Galopin prépare un film sur les essais nucléaires en Polynésie (Tahiti Infos)
ZEE
La création d’une « commission d ’enquête chargée de recueillir tous les éléments d’information relatifs aux enjeux géostratégiques, environnementaux, économiques et financiers de la Polynésie française et de sa zone économique exclusive (ZEE) » a finalement été adoptée par les seules voix du Tavini. L’opposition, qui avait envisagé d’y participer, dénonce l’instrumentalisation de l’Assemblée à visée idéologique et posera sans doute un recours contre cette délibération, qui contrevient selon elle au règlement intérieur.
Lors de la séance du 13 juin dernier, face aux incertitudes – possibilité de recours de l’opposition, désaccords internes -, le président de l’Assemblée avait préféré retirer le texte et repousser son examen. L’opposition autonomiste dénonçait l’utilisation de deniers publics (25 millions de budget, du jamais vu) à des fins partisanes. Le Tavini ne cache pas l’intérêt de cette évaluation de « l’équation globale de la relation France-Polynésie » pour obliger la France au dialogue de décolonisation, voire pour la poursuivre en justice. La simple proposition de sa création, comme la création de la commission de décolonisation de l’assemblée en 2023, permet de faire valoir des « progrès » devant les instances de l’ONU… et de ragaillardir les troupes au fenua. (…)
Le Tavini unanime crée sa commission d’enquête sur les « enjeux de la Polynésie et de sa ZEE » (Radio 1)
Censée faire la lumière sur les flux financiers entre l’État et la Polynésie française, la commission d’enquête votée par la majorité Tavini à l’Assemblée provoque une levée de boucliers dans les rangs de l’opposition. En cause : la désignation forcée de quatre élus, sans consultation. Entre soupçons d’instrumentalisation politique et menaces de recours, le climat est tendu.
Une désignation forcée qui fait scandale. La contestation ne porte pas seulement sur le fond de la commission, mais sur sa méthode. Des élus de l’opposition ont découvert qu’ils avaient été intégrés d’office dans la composition de la commission d’enquête, sans avoir donné leur accord. Il s'agit de Lana Tetuanui, Pascale Haiti-Flosse, Teura Iriti et de Tepuaraurii Teriitahi. (…)
Commission d’enquête imposée : l’opposition dénonce un coup de force de la majorité (Polynésie 1ère)
# L’exploitation minière en haute mer pourrait impacter la vie marine, des plus petits organismes aux grands prédateurs tels que l’espadon et les requins, a révélé une étude publiée jeudi et financée par l’industrie. Le point de notre partenaire Outremers 360°.
La société canadienne The Metals Company a déboursé environ un million de dollars pour que l’organisme australien pour la recherche scientifique, le CSIRO, examine des données récoltées dans l’océan Pacifique. D’immenses étendues du fond marin de l’océan Pacifique sont couvertes de nodules polymétalliques, sortes de galets plus ou moins riches en manganèse, cobalt, cuivre ou nickel. The Metals Company a créé la surprise en sollicitant auprès de Washington, via sa filiale américaine, le premier permis d’extraction minière commerciale dans les eaux internationales, notamment dans la zone de Clarion-Clipperton, vaste plaine abyssale d’environ quatre millions de kilomètres carrés située entre le Mexique et Hawaii. Contournant l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) dont les États-Unis ne sont pas membres, la société canadienne compte profiter d’une loi américaine de 1980 récemment réactivée par Donald Trump pour démarrer son projet d’ici deux ans. (…)
Une étude australienne pointe l’impact biologique de l’exploitation des grands fonds (Radio 1)
Pour rappel : Quel avenir pour les fonds océaniques convoités du Pacifique ? (AvA-Infos)
HOKULEA
# Le premier colloque international du va’a se tiendra le mardi 8 juillet, à Teva i Uta*, à l’initiative de l’association Haururu. Plusieurs référents culturels et maîtres-navigateurs de Tahiti, des Marquises, de Hawai’i, de Nouvelle-Zélande et des îles Cook interrogeront le va’a en tant que fondement de la société polynésienne. En toile de fond, un “rêve” se dessine en lien avec le voyage fédérateur de la pirogue Hōkūle’a : l’inscription du va’a au patrimoine immatériel de l’Unesco.
L’association Haururu, avec le soutien de la communauté de communes Terehēamanu et du ministère de l’Éducation et de la Culture, organise le premier colloque international du va’a, mardi 8 juillet, de 8 à 16 heures, au motu Ovini de Papeari, à Teva i Uta.
La journée sera ponctuée de chants emblématiques et de cérémonies culturelles. Les allocutions de plusieurs experts sont attendues, à commencer par Yves Doudoute, fondateur de l’association Haururu, mobilisée en faveur de la protection et de la valorisation du patrimoine culturel et environnemental de la vallée de Papeno’o à travers le site de Fare Hape.
(…). D’autres colloques devraient accompagner Moananuiākea, le voyage de trois ans entamé par les deux pirogues traditionnelles. La prochaine rencontre pourrait ainsi se tenir en Nouvelle-Zélande, en fin d’année. En toile de fond se dessine “un rêve” : proposer l’inscription du va’a sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco avec une approche collective à l’échelle du Pacifique.
Un colloque pour partager les valeurs du va’a (Tahiti Infos)
Le va’a “non pas comme simple embarcation mais comme vecteur de valeurs” aux niveaux culturels, sociétaux, écologiques…
À voir en replay dans les JT de TNTV du 08 juillet 2025
Le JT en français de 6’26’’ à 14’02’’. Disponible jusqu'au 06/10/2025
Le JT tahitien (ve’a) de 7’10’’ à 14’20’’ Disponible jusqu'au 06/10/2025
À Teva I Uta, l’association Haururu a réuni ce mardi (08/07) six experts lors du premier colloque international consacré au va’a pour rappeler que la pirogue, bien plus qu’un moyen de navigation, est un pilier de l’identité polynésienne. Objectif : raviver les valeurs communautaires afin de reconstruire une société jugée en crise.
“On vient du va’a, on a été taillé par la va’a” lance Yves Doudoute, de l’association Haururu. Tahiti a ainsi accueilli le tout premier colloque international dédié à la pirogue polynésienne. Baptisé “Ia va’a a te fenua”, l’évènement a réuni six intervenants, dont trois navigateurs de renommée mondiale : le néo-zélandais Hoturoa Kerr, le Rarotongien Tua Pitman et le capitaine hawaïen Nainoa Thompson. (…). Pour Haururu, l’enjeu est clair : réveiller les consciences et restaurer les fondements de la société polynésienne, qu’elle estime “dans une phase critique”. La venue des pirogues traditionnelles Hōkūle‘a et Hikianalia à Tahiti s’inscrit dans cette dynamique. Elles poursuivront leur périple, Moananuiākea, un voyage de trois ans pour renforcer les liens entre les peuples du Pacifique.
Va’a : un colloque pour reconstruire la société (TNTV) article publié le 09/07/25 + extrait du JT en français
* Après leur accueil à Raiatea puis à Papeete, Hōkūle'a et Hikianalia poursuivent leur voyage autour de Tahiti...
Les pirogues Hōkūle'a et Hikianalia ont été accueillies à Mataeia dimanche 06 juillet. Chants, danses et gestes de respect ont marqué cette arrivée hautement symbolique, célébrant les liens ancestraux qui unissent les peuples du Pacifique.
Hōkūle'a a jeté l'ancre à Mataiea, terre ancestrale de son capitaine Nainoa Thompson (Polynésie 1ère)
La pirogue hawaïenne Hokulea est de retour à Teva I Uta. Plus qu’une simple escale, la commune et sa population ont surtout célébré Nainoa Thompson fondateur de la « Polynesian Voyaging Society » et enfant du Pays avec qui il partage une longue généalogie.
Teva i Uta rend hommage à Hokulea (TNTV)
Pour rappel: Hōkūle'a, toujours trait d'union entre les peuples polynésiens (AvA-Infos)1er juillet 2025