Louis MICHEL"Ce n’est pas l’impossible qui désespère, mais le possible non atteint."
 
[Louis MICHEL, 26 novembre 2008]
 
 
Louis MICHEL est un homme en colère. Le commissaire européen, homme politique belge, en charge du développement et de l’aide humanitaire au sein de la Commission de l’UE ne mâche pas ses mots. Le milliard d’euros, prévu par l’Europe pour pallier une éventuelle baisse de revenus des agriculteurs de l’Union, ne sera en fait pas utilisé pour le monde paysan, car les matières agricoles ont flambées depuis plusieurs mois.

La commission, et son président Manuel BARROSO en tête, propose alors d’utiliser cet argent pour sauver les récoltes 2008 et provisionner celles de 2009 des pays du Sud les plus mal lotis. Sinon, si ce milliard d’euros n’est pas utilisé, il repartirait dans les caisses des États membres de l’Union.

Et comme la générosité est plus facile à énoncer qu’à être appliquée réellement, certains Etats membres bloquent cette initiative. Pire : ce sont des pays comme l’Allemagne, loin d’être les plus pauvres de l’Union, qui se font les avocats du blocage. “Argutie technique voire institutionnelle”, fulmine le commissaire européen.

“Ce n’est pas l’impossible qui désespère, mais le possible non atteint”, précise Louis MICHEL, qui lutte contre l’image du commissaire neutre et simplement représentatif d’une politique consensuelle.

D’ailleurs, sa profession de foi est assez claire…

“Cette assertion, je la fais mienne. (…) Ce qui est vraiment insupportable, c’est que les besoins de base ne soient pas assouvis pour un grand nombre de personnes. C’est que nous manquions parfois à notre élémentaire devoir d’humanité. C’est que nous évitions de faire ce qu’il nous est possible de faire.

La question du développement est plus criante aujourd’hui que jamais. En Afrique sub-saharienne et en Asie du sud, plus de 40% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. A travers le monde, 200 millions d’enfants souffrent de manière chronique de malnutrition. Les principales maladies contagieuses, comme le sida, la malaria et la tuberculose, font des ravages parmi la population pauvre des pays en développement.

Face à ce constat, la priorité est et reste la lutte contre la pauvreté et le développement durable. La politique de développement de l’Union est fondée sur le principe d’un développement soutenable, équitable, qui implique aussi un volet social et humain. La promotion des droits de l’homme, de la démocratie, des principes de bonne gouvernance en fait partie intégrante. En matière d’aide d’urgence, notre approche est basée sur les besoins élémentaires. Une attention particulière est accordée aux crises oubliées, aux enfants et à l’accès à l’eau. L’exercice d’une telle solidarité doit être vue comme un challenge politique majeur. En tant que commissaire européen en charge du développement, les maîtres mots de mon action seront l’ambition et l’innovation. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés en septembre 2000 sont atteignables.

Il est possible d’éradiquer l’extrême pauvreté en une génération.

Il est possible d’améliorer sensiblement le niveau d’accès aux services sociaux de base.

Il est possible de stopper l’expansion du sida, de la tuberculose et de la malaria.

Il est possible d’inverser le processus de déforestation.

Tout cela peut être fait. Et si c’est possible, alors nous devons le faire.
Ceci n’est pas un rêve. Je vous invite à y croire, vous aussi.”