Les atteintes à la santé et à l'environnement peuvent prendre plusieurs formes. Elles sont parfois longues à réparer. Au cœur des échanges avec le ministre des Outre-mer, en visite au fenua, la question du nucléaire - héritage toujours brûlant des essais menés en Polynésie pendant trois décennies ; Entretien avec Patricia Drevon, secrétaire confédérale au secteur des outre-mer de FO, concernant le sujet du nucléaire et des maladies radio-induites ; Les nuisances sonores étaient au cœur d'une réunion publique à la mairie de Mahina ; La Villa Quintessence, à Bora Bora, dont la construction est à l’origine de la pollution d’une nappe d’eau souterraine sur le motu Terurumi, perd son permis de construire.
# Après Hiva Oa, Manuel Valls a fait escale (...) à Rangiroa, dans les Tuamotu, avant de rejoindre Tahiti ce soir. Une visite express pour le ministre des Outre-mer, au cours de laquelle le thème du nucléaire s’est naturellement invité. "C'est une histoire qui est là, qui pèse, qui est parfois douloureuse. En matière d'indemnisation (...) je fais partie de ceux qui pensent qu'il ne doit y avoir aucun obstacle" , assure-t-il. (…). Accompagné du président du Pays Moetai Brotherson et des parlementaires, le ministre des Outre-mer a rencontré les Tavana des Tuamotu, venus l’accueillir pour cette visite éclair.
Au cœur des échanges, la question du nucléaire, héritage toujours brûlant des essais menés en Polynésie pendant trois décennies. Manuel Valls l’a affirmé sans détour : « Ce que je veux dire aux habitants de cet archipel des Tuamotu, mais d’une manière générale de la Polynésie, c’est qu’évidemment toute la transparence doit être faite, il n’y a absolument rien à cacher ». (…). Le ministre des Outre-mer le répète, comme il l’avait fait devant Mereana Reid Arbelot à Paris : « Dès qu’on cache quelque chose, dès qu’on donne le sentiment de vouloir se dérober à ses responsabilités, on crée les conditions de la méfiance » .
Valls aux Tuamotu : « toute la transparence doit être faite » sur le nucléaire (TNTV)
Si Manuel Valls n’avait pas prévu de séquence publique sur le dossier du nucléaire dans sa visite d’une semaine en Polynésie, il a tout de męme rencontré, loin des objectifs, des membres de la mission « Aller-vers » jeudi soir. Interrogé sur le sujet lors de son passage aux Tuamotu, le ministre des Outre-mer a expliqué que « toute la transparence doit être faite » dans cette « histoire qui pèse » : « il n’y a absolument rien à cacher ». Quant au rapport de la commission d’enquête sur le nucléaire qui lui a été remis officiellement quelques jours avant sa visite, il assure que « l’Etat sera au rendez-vous » sur l’application de ses conclusions.
C’est un « grand débat » que Manuel Valls ne semblait pas particulièrement prompt à aborder lors de sa visite d’une semaine au fenua. Le ministre des Outre-mer avait tout de même pris soin, lors de son passage à Hiva Oa, et à l’abri des micros et caméras, de rencontrer des animateurs de la mission « Aller-vers » qui, depuis fin 2021, sillonne les archipels pour, entre autres, informer et accompagner sur les dispositifs d’indemnisation des victimes des essais. C’est le lendemain, lors de son passage aux Tuamotu, qu’il a été interrogé sur le sujet. (…) Les préconisations du rapport de la commission d’enquête, qui lui a été remis quelques jours avant son départ de Paris par sa rapporteure Mereana Reid-Arbelot, seront-elles appliquées ? « Elles me semblent intéressantes », répond l’ancien Premier ministre de François Hollande. « Elles donneront lieu à une proposition de loi qui sera débattue. Ça c’est de l’initiative de l’Assemblée nationale dans quelques mois. Le gouvernement sera très attentif à ces travaux. Le ministère de la Défense, comme d’autres départements ministériels, s’est déjà engagé à mettre en place les préconisations qui ne passent pas par la loi, là aussi, je crois sans démagogie, avec un souci de vérité d’efficacité. On peut avancer pour la plus grande transparence et pour répondre aux attentes des Polynésiens. Car dès qu’on cache quelque chose et qu’on donne le sentiment de vouloir se dérober à ses responsabilités, on crée les conditions de la méfiance. » (…)
Nucléaire : « Dès qu’on cache quelque chose, on crée les conditions de la méfiance » (Radio 1)
Le gouvernement finalise un projet de loi pour reconnaître et accompagner les victimes locales des essais nucléaires. Si le texte se veut complémentaire du dispositif national, il pose d’ores et déjà la question de la lisibilité, de la coordination et de son impact concret.
L’idée, déjà évoquée en 2023, a été relancée durant une réunion avec les maires des Marquises, jeudi 17 juillet. Le président de la Polynésie française, Moetai Brotherson, a évoqué la création d’un statut polynésien pour les victimes des essais nucléaires. Selon plusieurs participants présents, cette prise de parole devant le ministre Manuel Valls, aurait surpris le haut-commissaire de la République, également présent à cette rencontre. Interrogé sur le sujet, Moetai Brotherson a évoqué un futur dispositif qui ne vise pas à concurrencer le cadre national d’indemnisation mais à le compléter. Il a également précisé que "la loi de pays est en cours de finalisation" et que davantage d’informations seraient communiquées lors de sa transmission à l’Assemblée. Pour la députée Mereana Reid Arbelot, également présente dans l’archipel, ce statut pourrait prendre une forme très concrète, même si rien n’est arrêté. (…) Le rapport de la commission d’enquête parlementaire porté par la députée Mereana Reid Arbelot met en lumière la persistance de nombreux blocages dans le système national d’indemnisation prévu par la loi Morin. (…)
Nucléaire : la Polynésie s’apprête à légiférer pour ses propres victimes (Polynésie 1ère)
# Le dialogue social, le délai de carence en cas d'arrêt maladie, le fait nucléaire et les conséquences sanitaires et économiques qui y sont liées, la suppression de milliers de postes de fonctionnaires...ont été les sujets évoqués avec Patricia Drevon, secrétaire confédérale au secteur des outre-mer de FO, invitée du JT de Polynésie la 1ère du 18 juillet.
Extraits de l’entretien :
- Vous êtes en Polynésie en même temps que le ministre des Outre-mer. Vous avez rencontré l'un de ses conseillers. Le sujet du nucléaire et les maladies radio-induites, cela fait partie des discussions ?
- Patricia Drevon : Oui, ça fait partie des discussions puisque il y a un rapport qui a été voté, qui a été porté par une de vos députés, qui a été voté à l'unanimité à l'Assemblée nationale. Donc c'est un vrai pas, un vrai début de reconnaissance de la problématique et du fait nucléaire en Polynésie. Donc nous, on se réjouit parce que c'est un sujet qu'on porte avec notre confédération. On le porte fortement pour que ça aboutisse, que l'État prenne ses responsabilités et qu'il indemnise la CPS pour l'ensemble des sommes qui sont obligées d'être déboursées et qui ont été déboursées dans le passé.
- Une somme qui varie selon les interlocuteurs, vous avez un chiffre en tête ?
- Patricia Drevon : La CPS a fait un chiffrage qui pour moi est de très bonne consistance. Il a été travaillé, il est en relation avec les maladies, avec les 23 qui sont déjà reconnues. À mon avis, il est même sous-évalué mais il existe et celui-là, je pense qu'on peut s'appuyer dessus.
- La proposition de loi qui a été évoquée cet après-midi, vous y croyez ? Est-ce que vous comptez intervenir ?
- Patricia Drevon : Oui, nous on va porter ce sujet à chaque fois qu'on va avoir des rencontres avec les autorités qui sont compétentes, donc au niveau du ministère de la Santé. On va à chaque fois qu'on va les rencontrer, mettre ce sujet sur le tapis dans les rencontres avec les différents parlementaires en France hexagonale également. On va porter ce sujet, il faut que le fait nucléaire et l'indemnisation soient au cœur des prochains débats et que cette loi soit mise en place. (…)
Jours de carence, fait nucléaire et fonctionnaires : les batailles de FO en Polynésie (Polynésie 1ère)
# Les nuisances sonores étaient au cœur d'une réunion publique à la mairie de Mahina. Autour de la table, une soixantaine de personnes pour faire un point sur les textes de loi et le code de l'environnement. Organisée par l’association Te Ora Hau, cette réunion est censée permettre d'informer les victimes de leur droit et possibilité pour lutter contre les car-bass notamment.
Des soirées sans fin, des enceintes qui saturent. En Polynésie, les nuisances sonores sont le cauchemar de nombreux habitants. Ces nuisances sonores continuent de perturber le quotidien de nombreux Polynésiens malgré les alertes et les multiples témoignages. À Mahina, l’association Te Ora Hau revient à la charge. Elle a organisé une réunion d'information pour rappeler les textes de loi, mais aussi les limites des pouvoirs communaux. (…). Face à ce problème, Te Ora Hau compte passer à l’action. Lors de la réunion, elle a mis les règles sur la table, pointé les blocages et exigé que chaque niveau de pouvoir assume enfin son rôle. "Il y a un problème de méconnaissance de la législation. On veut apporter cet éclairage à la population et explique comment faire pour endiguer ce problème de nuisance sonore." explique Maea Tematua, présidente de l’association Te Ora Hau. Mais pour les communes, les moyens sont limités. Le maire de Mahina le rappelle : certaines responsabilités ne relèvent pas de sa compétence. (…). Pour Te Ora Hau, cette réunion est une première étape. Mais tant que chacun ne prend pas sa part, le vacarme, lui, continuera à couvrir les appels au calme.
Nuisances sonores à Mahina : Une réunion pour passer à l'action (Polynésie 1ère)
# La Villa Quintessence*, dont la construction est à l’origine de la pollution d’une nappe d’eau souterraine sur le motu Terurumi était une fois encore devant les tribunaux, à Paris cette fois-ci. La Cour administrative d’appel a annulé l’avenant au permis de construire délivré en 2023 par le Pays.
En décembre 2022, le tribunal administratif de la Polynésie française avait donné du temps à la Sarl Bora Yes pour compléter son permis de construire en vue de la modification du projet architectural de la villa "Quintessence" sur le motu Terurumi.
Quelques mois plus tard, le vice-président de la Polynésie française avait délivré l'avenant modificatif au permis de construire que le tribunal administratif de la Polynésie française, en 2023, estimait suffisant pour régulariser les vices qui affectaient le permis initial délivré à la Sarl Bora Yes. Une décision renvoyée devant la Cour administrative d’appel de Paris qui a finalement annulé cette régularisation la semaine dernière. Les plaignants pointaient alors du doigt que "les plans transmis avec la demande de permis modificatif ne font état que d'une seule lagune" et étaient donc "incomplets", que "le dossier de demande ne comportait pas de plans faisant apparaître l'état initial du terrain" et que l’étude d'impact étaient insuffisamment conduite eu égard à l'absence d'analyse de l'état initial du site, l'environnement ayant été définitivement altéré, notamment s'agissant de la lentille d'eau douce souterraine. (…) À la base de ce litige, la lentille d'eau douce de plusieurs millions de mètres cubes, laquelle était puisée par les habitants du motu depuis des générations au moyen de puits individuels creusés par chaque famille sur ses propres terres et qui, à défaut d'adduction en eau potable, était devenue salée à la suite des travaux de creusement de la lagune intérieure la rendant impropre à son utilisation. (…)
La Villa Quintessence perd son permis de construire (Tahiti Infos)
* Pour rappel: La situation de la villa "Quintessence" de la société Bora Yes de nouveau évoquée en audience au tribunal administratif in À Bora Bora, Tahiti (Faaone), Hao, Moorea : sur le front de la protection de la nature (AvA-Infos) 11 décembre 2022
Des travaux menés sur le motu Terurumi, à Bora Bora, étaient dénoncés par des riverains depuis avril dernier. In En bref : pollutions à Bora Bora et Fare Ute (AvA-Infos) 8 août 2022