À Papara, les deux zones de rahui font l'objet d'une étude de comptage de leurs poissons et bénitiers par deux chercheuses californiennes, en collaboration avec le CRIOBE ; L’UICN publie une évaluation des impacts des espèces exotiques envahissantes sur les espèces éteintes ou menacées dans les Outre-mer ; L'IFREMER, qui multiplie les recherches en matière aquacole, travaille sur les oursins, potentiels catalyseurs de la restauration du lagon ; La communauté de communes des îles Marquises a lancé une série de formations à destination des associations culturelles, environnementales et de jeunesse de l’archipel, qui est inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité par l'Unesco comme un bien mixte, dont « la valeur universelle réside tant dans ses richesses culturelles que naturelles » ; En revanche, un amendement visant à supprimer purement et simplement l'IFRECOR met "en danger" le réseau de "l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens" qui s'est montrée très active en Polynésie française, notamment dans le soutien à une grande étude sur le blanchissement massif des coraux.

 

 

 

# À Papara, deux zones de rahui ont été mises en place depuis 2019. Interdiction donc de pêcher les poissons, les bénitiers et surtout d’abîmer les coraux. Des zones observées par trois équipes de chercheurs. Quatre ans qu'elles se succèdent pour récolter les données avec cette question : est-ce que le rahui fonctionne ?
(…) Erin et Olivia, deux chercheuses californiennes, sont là pour récolter des données. Elles sont secondées par deux pêcheurs. L’objectif est de compter chaque poisson, chaque corail et chaque bénitier d’une zone définie à l’avance. "On les classe par espèces" nous décrit Tematauira VIRIAMU, l'un des deux pêcheurs de Papara qui participent à l'opération. "Il y a plusieurs espèces, les perroquets, les rougets, les tarao. Ce sont des poissons de différentes familles et on les trie. Le plus gros travail, c'est quand on revient. Il faut tout mettre ça sur l'ordinateur" (…). Cette étude a été mise en place en collaboration avec le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l'Envrionnement de Moorea (CRIOBE). Dans quelques mois, après avoir procédé à une analyse poussée des données, Erin RISTIG, chercheuse spécialisée dans le domaine de la pêche, dressera son bilan devant les membres du comité Rahui de Papara. (…)  Le comité de rahui de Papara souhaite prolonger l'interdiction de pêche dans les deux zones du lagon de Papara jusqu'en 2027. En cas d’infraction, tout contrevenant s’expose à une amende de 5ème classe de 179 000 XPF, ainsi qu'à la saisie des prises, du matériel de pêche et de l’embarcation.

VIDEOS. Des chercheurs américains pour observer le Rahui de Papara (Polynésie 1ère)

Pour rappel : Le rāhui de Tautira de nouveau ouvert pour deux matinées (AvA-Infos)

 

# Dans une étude parue début avril, l’UICN publie une évaluation des impacts des espèces exotiques envahissantes sur les espèces éteintes ou menacées dans les Outre-mer. Les résultats montrent qu'i y a urgence à agir pour préserver la biodiversité ultramarine. La biodiversité ultramarine est en danger. C’est en substance ce que nous apprend l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature). Dans son étude menée durant près de trois ans, l’organisme met en garde contre l’impact de l’introduction par l’homme de nouvelles espèces exotiques envahissantes (EEE). "On parle d’espèces introduites par l’homme hors de leur aire de répartition naturelle, volontaire ou accidentel et l’implantation et la propagation de ces espèces ont des conséquences économiques, écologiques ou sanitaire négative", explique Yohann Soubeyran, coordinateur "espèces exotiques envahissantes" à l’UICN. (…). Selon les données de l’organisme, près de 30 % des espèces végétales et animales sont menacées dans les Outre-mer. (…)

Biodiversité ultramarine : les espèces exotiques envahissantes constituent une menace (Polynésie 1ère)

 

# Chaque jour et depuis plus de 40 ans, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) multiplie les recherches en matière aquacole. L'établissement installé sur la Presqu'île, à Vairao, développe ou a développé ses filières d'huîtres et de crevettes. Dans le cadre de sa phase de diversification et de développement aquacole, l'Institut travaille sur les oursins, potentiels catalyseurs de la restauration du lagon.
À l’Ifremer, on connaît les écloseries qui abritent plusieurs dizaines de petites huîtres de roche et perlières. Au-delà de 29°C, les juvéniles ne survivent pas dans les lagons. Les bassins de l’institut, installé à Vairao, leur permettent de grandir dans un milieu protégé. La filière des oursins est, elle aussi, en développement. Un programme de recherche et d’élevage est en cours dans le cadre de la phase de diversification aquacole lancée par l’Ifremer. (…) …Avec le changement climatique et les invasions biologiques, on voit des macroalgues qui sont de plus en plus importantes sur les récifs. Donc, réensemencer avec ces espèces d’oursins, de poissons herbivores peut permettre de contrer ce changement de phase, cette colonisation par les macroalgues » (…) . L’Ifremer, qui soutient les initiatives de conservation comme le rahui de Tautira, à quelques kilomètres, complète ainsi son action avec des actes de restauration. (…). L’ouverture de la zone biomarine de Faratea, qui accueillera une série de productions aquacoles, est prévue courant 2026.

L’Ifremer poursuit la recherche sur les oursins pour restaurer le lagon (TNTV)

 

# Dans le cadre du plan de gestion lié à l’inscription des îles Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco, la communauté de communes des îles Marquises a lancé une série de formations à destination des associations culturelles, environnementales et de jeunesse de l’archipel. Une étape essentielle pour impliquer la population locale dans la mise en œuvre des actions prévues.
  Depuis l’inscription officielle du bien mixte “Te Henua Enata – Les îles Marquises” sur la liste du patrimoine mondial, la Codim, communauté de communes des îles Marquises, grâce à un financement du Fonds Vert, coordonne plusieurs actions. Parmi elles : accompagner les associations locales pour qu’elles deviennent de véritables actrices du plan de gestion. (…) Lanthropologue Edgar Tetahiotupa, enseignant et membre du Centre des nouvelles études sur le Pacifique, est également intervenu pour vulgariser les enjeux de linscription à l’Unesco. Il est chargé des relations entre la Codim et le Pays. (...) Toutes ces actions seront suivies par le Comité de gestion du bien Unesco, officialisé par l’arrêté n°423 CM du 2 avril 2025. Ce comité, composé de représentants de l’État, du Pays, des communes et de six associations de chaque île, aura pour mission d’évaluer les projets, de veiller au respect des engagements et d’assurer une gestion cohérente du bien. Les représentants des associations seront désignés prochainement. Il s’agira d’associations reconnues pour leur engagement culturel ou environnemental. Leur mandat durera trois ans. (...)    

Les associations marquisiennes actrices de l’inscription Unesco (Tahiti Infos)

Pour rappel: Le vendredi 26 juillet 2024 - à New Delhi, en Inde - le Comité de l’UNESCO a acté l’inscription des Marquises au patrimoine mondial de l’Humanité. L’archipel, considéré comme « un important centre d’endémisme » pour sa flore et sa faune,  est reconnu par l'Organisation des Nations unies comme un bien mixte, dont «la valeur universelle réside tant dans ses richesses culturelles que naturelles».

Les Marquises inscrites au patrimoine mondial de l’Humanité (AvA-Infos) 4 août 2024

 

# Les membres de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) ont été informés du vote, au sein d’une commission spéciale de l’Assemblée nationale, d’un amendement visant à supprimer purement et simplement ce réseau. Constituée d’un comité national et d’une dizaine de comités locaux, dont celui de la Polynésie, l’Ifrecor est jugée « quasi-inactive » et superflue dans ses missions par certains députés. Faux, ont répondu d’autres parlementaires et responsables d’ONG qui appellent à sauver, « un des outils les plus efficaces » en matière de protection marine. Le député Hervé Berville devrait agir en plénière, avec le soutien du gouvernement, pour annuler les effets de cet amendement.

« L’article L. 213-20-1 du code de l’Environnement est abrogé ». C’est par cette unique ligne, inséré au sein du projet de loi de simplification de la vie économique, que le comité national de l’Ifrecor pourrait être supprimé après 25 ans d’existence. C’est en tout cas ce qu’on souhaité les membres de la commission spéciale de l’Assemblée nationale chargée de travailler sur ce texte, au travers d’un amendement déposé et validé dès le 21 mars et qui figure depuis le 27 mars dans le projet de loi amendé. C’est ce texte qui doit être étudié par tous les députés en assemblée plénière entre le 8 et le 11 avril prochain. Le projet de loi sur la simplification de la vie économique, promis depuis un aux entreprises françaises et qui a déjà traversé trois gouvernements, est très dense, il a été largement modifié en commission – pas moins de 1500 amendements déposés -, et il n’est pas surprenant que cette mesure, du reste pas réellement liée à l’objet du texte, soit jusque là passée inaperçue. Les membres du comité national de l’Ifrecor ont fini par être informés, la nuit dernière, de cette disposition, qui, s’il elle ne vise qu’un des textes constitutifs de l’Initiative française pour les récifs coralliens, risque d’en faire tomber toute la structure. « L’Ifrecor est en danger ! », résume sur les réseaux sociaux Gauthier Carle, un des responsable de l’ONG Ocean & Climate Plateform. (…) Créée en 1999 et 2000 dans la lignée de l’Initiative internationale du même nom, l’Ifrecor a pour vocation de coordonner les actions de protections des récifs, de surveillance de leur état de santé, de sensibilisation sur leur fragilité, ainsi que sur leur importance pour les territoires qu’ils entourent et les océans en général. Ainsi le comité national rassemble des parlementaires, représentants ministériels, organismes scientifiques, des représentants du privé – dans le secteur de la pêche et du tourisme notamment, des acteurs associatifs… Mais aussi les représentants des 10 comités locaux, formés dans tous les territoires français abritant des récifs coralliens, et qui coordonnent eux-mêmes d’importantes actions de terrain. La Polynésie a depuis longtemps son antenne de l’Ifrecor, et son comité, coprésidé par le président du Pays et le Haut-commissaire a été officiellement installé en juin dernier. L’Ifrecor Polynésie s’est depuis montré très active par exemple au travers des trophées Toa Reef, dans le soutien à une grande étude sur le blanchissement massif des coraux, ou par des multiples initiatives préparatoires au Sommet des Nations-Unis sur les Océans. (…)

À l’Assemblée nationale, l’Ifrecor menacée d’extinction  (Radio 1)

Fin mars, la commission étudiant la loi de simplification de l’économie avait voté pour la suppression de l’Initiative française pour les récifs coralliens. En plénière de l’assemblée nationale la nuit dernière, plusieurs députés de la gauche et du centre ont fait adopter un contre-amendement pour réintégrer dans la loi ce réseau qui a une antenne active au fenua.
Amendement adopté, et soulagement pour les élus, dirigeants, scientifiques, ONG et privés impliqués dans le travail de l’Ifrecor. L’Initiative française pour les récifs coralliens, créée voilà 25 ans, est passée tout près de l’extinction après un amendement d’une ligne, voté parmi des centaines d’autres en commission spéciale de l’assemblée nationale pour la loi de simplification de l’économie. Un texte très attendu en métropole, très débattu par les élus, et dans lequel le député Liot Christophe Naegelen avait fait intégrer, fin mars, un article abrogeant les textes fondateurs de l’Ifrecor. Raisons invoquées : des missions redondantes avec les agences environnementales et des réunions pas assez fréquentes. À Paris, et sur les réseaux sociaux ultramarins, quelques voix s’étaient élevées pour dénoncer cette décision, qualifiée par la députée polynésienne Nicole Sanquer, qui ne faisait pas partie de la commission mais qui siège dans le même groupe Liot que l’auteur de l’amendement, « d’erreur par méconnaissance » du sujet.
(…). « Les récifs coralliens, certes, c’est moins de 1% de la surface des océans, mais ça abrite un tiers des espèces marines, a rappelé, à l’occasion de ces débats, la députée LFI Manon Meunier. Et la France a une véritable responsabilité dans la préservation des récifs coralliens, parce qu’on compte 58 000 km2 de surface de récifs, et qu’on se trouve donc au quatrième rang mondial. Et s’il vous faut des arguments économiques, les récifs coralliens et leur préservation, c’est 500 000 emplois, et leur valeur socio-économique est évaluée à 1,3 milliards d’euros ». (…)

Soulagement pour l’Ifrecor, « réintégrée » à l’Assemblée nationale (Radio 1)