En s’attaquant à l’hebdomadaire satirique parisien Charlie Hebdo, ardent défenseur de la liberté d’expression, et en tuant douze personnes dont huit membres de la rédaction, certains ont fait le choix de la barbarie. Cet événement sanglant doit inciter à une réflexion sur les fondamentaux du « vivre ensemble » dans le respect de la diversité.
Lors d’une attaque à l’arme lourde de la rédaction de Charlie Hebdo, ce mercredi 7 janvier, et pendant leur fuite, des terroristes ont tué douze personnes et fait huit blessés. Très rapidement, les médias ont été unanimes à dénoncer cet attentat. En réaction, partout en France, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont également voulu exprimer leur solidarité envers les victimes, beaucoup arborant un autocollant noir ou une pancarte "Je suis Charlie", un slogan qui circule également sur Twitter. Il aura sans doute fallu cet événement pour que la plupart des Polynésiens entendent parler de cet hebdomadaire satyrique parisien diffusé de manière confidentielle à Tahiti. Et pas du tout dans les archipels. En suite à cet attentat, le haut-commissaire de la République a ainsi demandé « que les drapeaux soient mis en berne, sur les édifices publics, comme c’est le cas sur l’ensemble du territoire national ». Il a également demandé qu'une minute de silence soit organisée jeudi 8 janvier, à midi, dans l'ensemble des services de l'État.
Esprit de liberté
« Pendant plus de quarante ans, l'équipe de Charlie Hebdo, composée de noms aussi célèbres que Cavanna, Cabu, Willem ou Wolinski, a bousculé avec son impertinence le paysage médiatique français », explique Le Figaro en rappelant l’historique de ce journal qui a toujours prôné la liberté d'expression. Liberté d’expression est la valeur retenue par l'ensemble des médias qui, malgré le choc, ont très fermement réaffirmé leur mission première: informer. Une mission que ava-infos fait entièrement sienne. Mais au-delà de cette exigence de liberté d’expression - et d’information, se fait jour la nécessité d’une réflexion plus globale.
Crise de civilisation
Perpétré au cœur d’une grande capitale occidentale, cet attentat est symptomatique de la crise qui affecte l’Humanité dans son ensemble. La violence a certes existé de tout temps. Mais elle prend de nos jours des formes singulières du fait de la mondialisation des moyens de communication et d’échanges. Elle se développe également selon des modes qui laissent apparaître de plus en plus clairement les abîmes par dessus lesquelles dansent – encore en toute inconscience – les sociétés contemporaines. Nous voyons aujourd’hui les hommes, s’inquiète le philosophe et scientifique Edgard Morin interrogé sur le site terraeco.net, avancer « comme des somnambules vers la catastrophe ».
Entre technicisation généralisée et intégrismes rétrogrades, piégées par la financiarisation à outrance de l’économie et/ou des errances dogmatico-religieuses, qu’elles soient « développées » ou « en développement » selon des critères exclusivement économiques, les populations subissent de plus en plus un rythme insoutenable. « La précarité de tous les êtres humains grandit au rythme de la dégradation de l’état de la planète. Et au fond cette précarité devient source d’angoisses qui elles-mêmes emportent vers des régressions politiques et psychologiques très graves », explique encore Edgard Morin en parlant de crise de civilisation.
Exigence de solidarité
Face à cet état de fait, s’impose la nécessité de changer de regard sur le monde, de déconstruire les fondements d’un modèle désormais obsolète, de retrouver une véritable liberté de penser. S’impose également la nécessité de retrouver l’envie d’agir, d’élaborer des solutions créatives et des plans d’action, de trouver des ressources utiles à la réalisation de projets. C’est en tout cas les objectifs que projette le mouvement Colibris qui « tâche d’être un accélérateur de transition s’appuyant sur la capacité de chacun de changer et d’incarner ce changement dans des expériences concrètes et collectives » (Pierre Rabhi, vers une sobriété heureuse ). Une philosophie dont Ava-infos, en liaison avec Colibris Tahiti, se fait le relais. Comme l’exprime encore Edgard Morin : « nous sommes dans la préhistoire d’un mouvement naissant qui ne demande qu’à se développer ».
Le lien vers un message d'unité