L'agriculture polynésienne semble se diriger vers des pratiques innovantes incitant les agriculteurs à s’engager dans la transition agroécologique et le développement de l’agriculture biologique: soutien du programme PROTEGE du fonds européen de développement, exonération de droits et taxes à l’importation de certains produits utilisables dans le mode de production Bio. Des initiatives privées voient aussi le jour pour développer des produits de qualité.
◊ La direction de l’agriculture (DAG), service du Pays, souhaite mettre en place un réseau régional de fermes de démonstration conforme aux principes de l’agroécologie. Ce projet s’inscrit dans le cadre du programme PROTEGE*, financé par l’Union européenne via le Fonds européen de développement (FED). À terme, ces fermes serviront de supports pour l’organisation d’échanges entre agriculteurs, experts locaux et extérieurs et permettront la collecte de données techniques, économiques, sociales et environnementales. (Date limite de remise des dossiers complétés : 29 novembre 2019, à midi).
Ce programme soutiendra les agriculteurs qui souhaiteront s’engager dans la transition agroécologique et le développement de l’agriculture biologique au travers de pratiques innovantes, comme la mise en place d’alternatives aux herbicides ou d’auxiliaires de culture.
À noter qu’une mission polynésienne financée partiellement dans le cadre du projet PROTEGE, a ramené un maximum d’informations du salon Tech & bio (à Valence en septembre) pour répondre aux problématiques qui se posent aux agriculteurs qui sont déjà engagés dans la culture biologique et à ceux qui veulent se diriger vers des pratiques écologiquement durables : semences, machinisme, matériel de culture, intrants, transformation…
Un réseau de fermes de démonstration bio va se mettre en place (La Dépêche)
Le fenua dans le réseau d’agro-écologie du Pacifique (Tahiti Infos)
Agriculture bio : appel à projets pour des « fermes de démonstration » (Radio 1)
- PROTEGE (Projet régional océanien des territoires pour la gestion durable des écosystèmes) prévoit de se consacrer, au plan régional, au cours des 4 prochaines années, aux filières de l’agriculture et de la forêt, de l’aquaculture et de la pêche afin de les aider à intégrer une logique de développement durable.
◊ Exemple d’exploitation agricole qui pourrait rejoindre ce réseau, la Ferme HP, sur la route traversière qui relie le plateau de Taravao à celui d’Afaahiti.
Visite guidée de la Ferme du Haut Plateau avec la famille Yan (La Dépêche)
Il y a un an et demi, Moïse Vetea, aujourd’hui âgé de 25 ans, a décidé d’établir son poulailler à l’entrée de Tautira, sur un terrain appartenant à ses grands-parents, étant lui-même originaire de Punaauia. Une filière qui ne lui était pas tout à fait inconnue. “Mon père faisait de l’élevage de poules pondeuses, mais en cages, et en même temps de l’agriculture biologique, aux Tuamotu”, se souvient-il. Le jeune homme a bien conservé l’idée du bio, mais il l’a appliquée à la production d’oeufs, comme une façon de se démarquer.
Moïse et Mahealani : Les oeufs bio de leurs poules élevées en plein air s’arrachent (La Dépêche)
◊ Pour accompagner ce genre de démarche, le gouvernement polynésien précise qu’« en complément des aides financières consenties aux agriculteurs engagés dans une démarche d’agriculture biologique, le Conseil des ministres a souhaité exonérer de droits et taxes à l’importation certains produits utilisables dans ce mode de production Bio ».
Complément à la liste des produits utilisés en agriculture biologique exonérés de droits et taxes à l’importation (Communiqué du Conseil des ministres du 6 novembre)
◊ Dans le même état d’esprit, Olivier Gavinelli, passionné des bienfaits de l’autonomie alimentaire et auteur de plusieurs livres sur le sujet a créé une unité de production de semences aux Marquises afin de préserver les plantes locales et de donner la possibilité aux maraîchers comme à la population d’avoir accès à des semences reproductibles. Cet amoureux de la nature a parcouru le monde pour apprendre à cultiver et exploiter les produits agricoles de façon raisonnée et durable. Installé à Nuku Hiva depuis trois ans, il a créé avec sa compagne Carine l’association Adaee Vahekekua.
Nuku Hiva : un couple cultive des plantes reproductibles (Polynésie 1ere)
◊ Un autre couple s’est lancé dans un défi : produire du chocolat local. Créateurs de Couleur Cacao (pâtisserie chocolaterie confiserie), Sarah et Laurent Bourgeon complètent leur production de Vairao (Presqu’île) en achetant des cabosses à des particuliers originaires de Tahiti, mais aussi de Moorea et Taha’a.
Sarah et Laurent Bourgeon, aventuriers du cacao local (La Dépêche)
◊ Les trois collectivités françaises du Pacifique étaient réunies début novembre à Tahiti, dans le cadre du programme PROTEGE, pour réfléchir au potentiel de développement de leur filière cocotier. Celle-ci représente la première surface agricole en Polynésie, la plus importante en nombre d’actif et en soutiens publics.
Comment améliorer la ressource produite par le cocotier ? (Polynésie 1ere)
Ouverture de l’atelier régional sur la filière cocotier (TNTV)
Comment faire grimper l’économie du cocotier ? (Tahiti Infos)
◊ À noter qu’un projet de “loi du Pays” est en cours d’adoption, visant à instaurer en Polynésie française, pour les produits agricoles, forestiers, de l’artisanat traditionnel ou alimentaires et les produits de la mer, trois signes d’identification de la qualité et de l’origine, afin de valoriser les filières à haut potentiel. Une convention avec l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) va être signée à cet effet. Le Conseil des ministres a approuvé un projet de convention-cadre fixant 4 axes prioritaires d’intervention dont, notamment, un appui à la création de “signes de qualité” de type AOP/IGP sur les filières Vanille de Tahiti (AOP), Rhum (IGP) et autres filières à fort potentiel, tel que notre huile de coco vierge, le miel ou encore le tamanu.
Une convention pour labelliser les produits du terroir polynésien (Radio 1)
Convention avec l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO) (Communiqué du Conseil des ministres du 6 novembre)