L’annonce d’une baisse du prix à la pompe, début février, réjouit les automobilistes polynésiens. Elle ne doit cependant pas faire oublier le contexte mondial dans lequel s’effectue cette baisse et ne dispense pas d’une réflexion sur la transition énergétique à mener.
Une baisse générale du prix des carburants est effective depuis le 1er février. À la pompe l’essence est passée à 128 Fcfp/l (-15 Fcfp) et le gazole à 130 Fcfp/l (-10 Fcfp). Il s’agissait de la cinquième diminution du prix des hydrocarbures en Polynésie française en l'espace de 13 mois. L’annonce avait été faite fin janvier par le gouvernement alors que le baril de pétrole s'échangeait à un peu plus de 32 dollars US, à son niveau le plus bas depuis avril 2004, et alors que sa valeur n'a cessé de se déprécier depuis décembre 2013. Dans le même temps, le Fonds de régulation du prix des hydrocarbures (FRPH) est passé d’un déficit de 238 millions Fcfp en janvier 2015 à un excédent de 2,9 milliards Fcfp cette année.
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Quelles sont les raisons de la baisse du brut sur le marché mondial ? « Contrairement aux précédentes crises du marché pétrolier, liées à une chute de la demande, celle-ci est due à un excès de production : le boom du pétrole de schiste aux États-Unis a créé une surcapacité mondiale de 1 à 2 millions de barils par jour. Celle-ci se résorbera progressivement, estime l’AIE. Malgré les efforts d’économies d’énergie dans les pays développés, la demande de pétrole continuera ainsi à croître de 900.000 baril par jour d’ici 2020, puis ralentira par la suite pour atteindre 103,5 millions de barils par jour (Mb/j) en 2040 (contre 91 Mb/j en 2014) » - analyse Les Echos.fr : Prix du pétrole : le rebond n’est pas pour demain)
La chute du prix du baril va-t-elle entraver la transition énergétique ?
En ce qui concerne la protection de l’environnement et la diminution de la production de gaz à effet de serre se pose donc la question de la poursuite de l’effort de transition énergétique engagée en principe au niveau mondial suite à la COP 21. La surabondance de l'offre est conjoncturelle et trompeuse, analyse Actu-Environnement qui explique : « Cette baisse s'explique principalement par la production importante de pétrole non conventionnel aux États-Unis et par l'absence de volonté d'ajustement de la part de l’Arabie Saoudite qui, depuis novembre 2014, a fait pression au sein de l'OPEP pour une offre non régulée afin de noyer le marché américain des huiles de schiste et d'entraver la puissance pétrolière de la Russie, dans un contexte géopolitique plus tendu que jamais ». Sans épiloguer plus sur ces aspects géostratégiques, et sur les variations du prix du brut qui peuvent en découler, il faut savoir que la demande mondiale d'énergie devrait encore augmenter de 21% d'ici à 2030… Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), le prix bas du pétrole peut faire perdre au monde près de 15% des économies d'énergie réalisables, "soit 800 milliards de dollars qui ne seront pas consacrés à l'amélioration de l'efficacité des voitures, des camions, des avions et d'autres équipements grand public, ce qui ralentit une transition énergétique indispensable". Cependant, commente encore Actu Environnement, les énergies renouvelables (Enr) résistent, car elles sont peu dé-localisables, les infrastructures sont déjà en place et fonctionnent avec une matière première gratuite – qu'il s'agisse de soleil, de vent, ou de capacité hydraulique des cours d'eau. Où en est-on en Polynésie française ?