Tahiti/paradis ! C’est l’image de marque que l’on souhaite « vendre » à l’extérieur. Oui, mais… Des chiffres publiés en juin, notamment à l’occasion de deux événements dédiés à la protection de la santé, incitent à penser qu’il y a encore beaucoup à faire en matière de santé environnementale. Diabète, "la maladie de la malbouffe", addictions – notamment chez les jeunes – pourraient bien obérer l’avenir si l’on n’y prend garde.
À l’occasion de la semaine nationale de prévention du diabète, du 1er au 8 juin, des chiffres sont venus alerter sur l’importance de la prévalence de cette maladie en Polynésie française. On avoisinerait les 40 000 cas… ( !) Selon le Centre hospitalier du Taaone, 11,6% des femmes enceintes suivies au Centre Hospitalier présentent un diabète gestationnel…
- Diabète : les chiffres qui font mal (Polynésie 1ère)
Une journée, mondiale celle-là - a aussi été commémorée, le 12 juin : la Journée de la Nash ou "stéatohépatite non-alcoolique", ou encore "la maladie de la malbouffe", la maladie du "foie gras". La Nash touche les adultes, mais aussi les enfants. Des études épidémiologiques dans les pays industrialisés ont montré que 3 à 10% des enfants et adolescents étaient concernés. Pour l’éviter, car elle peut être évitée, un conseil : Il faut limiter les apports de sucres, les sodas notamment, les produits raffinés, transformés.
- Page enfant : Nash, une maladie silencieuse qui gagne du terrain (Tahiti Infos)
Ces deux pathologies sont toutes deux des pathologies environnementales, au sens large du terme, et liée à la malbouffe de manière plus précise. Ainsi, une étude* assez récente montre combien le milieu où l’on vit – et donc le type de nourriture - est important dans la survenue du diabète.
Une étude épidémiologique nationale** constate également une forte corrélation entre le diabète de l'adulte et la pollution atmosphérique. Une analyse du taux de pollution dans les artères principales de Papeete a-t-elle été menée ? La rue du Général de Gaulle, en particulier à certaines heures, concentre des centaines de véhicules dont les piétons - de nombreux jeunes le mercredi et le vendredi - et les commerçants riverains aspirent les gaz polluants.
*Archives of Internal Medicine 2009, 12 octobre 2009
** Diabetes Care, Oct. 2010
Agir pour le « bien manger »
Certaines communes tentent une sensibilisation de leur population.
Ainsi, Faa’a - qui, par ailleurs a été épinglée par la CTC pour son traitement des déchets - s’illustre de façon positive dans sa quête du label « ville santé ». En présence du ministre de la Santé, Jacques Raynal, la municipalité a ainsi organisé une conférence de presse pour mettre en lumière ceux qui œuvrent pour le « bien manger » et la santé.
- Faa’a se fait ville modèle sur l’hygiène de vie (Radio 1)
Faa’a cherche sa chanson contre la malbouffe (Radio 1)
Rappelons ici que vivre dans un environnement favorable où il est agréable de marcher, de faire du vélo, de faire son jardin, d’obtenir aisément des fruits et des légumes semble tout aussi important que les mesures individuelles.
Santé des jeunes : des chiffres alarmants
D’autres chiffres sont alarmants, qui concernent la santé globale des jeunes Polynésiens de 13 à 17 ans. Suite à une enquête réalisée en milieu scolaire afin d’établir des priorités et des programmes de santé destinés aux jeunes, il s’avère que 43 % des jeunes adolescents sont en surpoids et que 29 % déclarent avoir consommé de la drogue… 26% ont consommé du tabac et 44% ont consommé de l’alcool au cours des 30 derniers jours… Autre chiffre inquiétant, 14% ont envisagé sérieusement de se suicider au cours des 12 derniers mois. Autant de chiffres qui incitent à s’interroger sur le type de société qui leur est proposé : écologique ? solidaire ? collaboratif ? Certainement pas !
Alcoolisme, tabagisme, sexualité…la santé des jeunes Polynésiens inquiète (Polynésie 1ère)
Fiu du bruit !
Une autre nuisance environnementale nuit aussi à la bonne santé de la population : le bruit. À Faa’a, des habitants ont créé un collectif pour avoir une voix plus forte face à des nuisances sonores récurrentes dans leur quartier. « Un vrai sujet à prendre à bras-le-corps », selon le premier adjoint au maire….
Les nuisances sonores empoisonnent la vie des habitants du quartier Bopp Dupont (Polynésie 1ère)