La synthèse des résultats du réseau de surveillance de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et le dernier bilan de la surveillance des anciens sites des essais nucléaires ont été présentés, le 12 octobre, aux autorités polynésiennes, parlementaires et associations de défense des victimes du nucléaire. Les mesures montrent que la situation est stable et fait l’objet d’une surveillance constante. On assure la transparence sur l'impact environnemental et la santé des habitants suite aux essais, d’un côté ; les associations ‘’anti-nucléaire’’ peinent quant à elles à accorder leur confiance. Une mission, à laquelle a participé le nouveau haut-commissaire, a été menée en fin de semaine à Rikitea et Tureia. La question de fond reste la même : croire ou ne pas croire la parole de l’État.
# La radioactivité dans les denrées alimentaires a diminué depuis la fin des essais nucléaires : c’est le bilan du réseau de surveillance de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Installée depuis 2015, la commission se consacre chaque année au droit à l’information concernant les anciens sites d’expérimentations nucléaires du Pacifique.S’inscrivant dans une démarche de transparence sur le sujet du nucléaire, les 27 membres de cette commission, dont 10 représentants de l’État et 17 représentants d’institutions ou d’organismes locaux, ont abordé les points relatifs à la surveillance radiologique et géomécanique des atolls de Moruroa et de Fangataufa. (…) L’objectif de la commission d’information est de rendre compte des résultats de la surveillance radiologique, incluant des mesures capables de relever les très faibles niveaux de traces de radioactivité, et des résultats de la surveillance géomécanique relative à la stabilité des deux atolls et aux mouvements de la couronne corallienne, qui sont également situés au niveau 0 de l’échelle des risques. Dans les deux domaines, les mesures montrent que la situation est stable et fait l’objet d’une surveillance constante.
Nucléaire : diminution de la radioactivité dans les denrées alimentaires (TNTV)
(…) Les concentrations en radionucléides mesurées dans les produits alimentaires tels que le lait, la viande de bœuf, l'eau de coco ou le bénitier sont "très faibles par rapport aux niveaux maximaux admissibles de contamination radioactive pour les denrées alimentaires". Et l'exposition de la population aux rayonnements ionisants est aujourd'hui "quasi-exclusivement d'origine naturelle". Le rapport précise encore que la "dose efficace totale est évaluée à 1,4 mSv en Polynésie française, deux fois plus faible qu'en France hexagonale, hors exposition médicale". (…) Interrogé sur la récente publication universitaire validant les thèses de l'enquête Toxique de mars 2021, le haut-commissaire Éric Spitz a indiqué que l'État entendait répondre à cette réinterprétation des résultats calculés par le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en 2006 par un ouvrage de vulgarisation scientifique de ces résultats prévu pour la fin de l'année.
La surveillance radiologique de la Polynésie reste "rassurante" (Tahiti Infos)
Du côté radiologique, l’Institut de radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN) a poursuivi ses campagnes de tests des dentées dans les archipels polynésiens. Ces derniers mois, des mesures ont ainsi été effectuées à Moorea, Rapa, Pukarua, Reao, Vahitahi, Vairaatea, Nukutavake et Hikueru sur différentes boissons, fruits, légumes ou produits de la mer. Et les résultats seraient « dans la continuité » de ceux observés dans les campagnes précédentes. Aucune trace cobalt 60 depuis 10 ans dans les bénitiers, particulièrement surveillés, des traces très faibles de plutonium et largement en dessous des niveaux admissibles… Seul le Ceium 137 reste décelable à des teneurs significatives, mais il contribue faiblement à l’exposition radiologique de la population », qui serait aujourd’hui, hors procédures médicales, à 99% d’origine naturelle (radionucléides présents naturellement dans les sols, radon dans l’air, rayonnement cosmique). (…) Reste la partie géomécanique avec cette question, qui revient parfois dans le débat : Mururoa peut-elle « s’effondrer » et provoquer un raz-de-marée ? Le risque, c’est que les sédiments accumulés dans les vallées sous-marines des atolls, glissent et génèrent un « train de vagues ». Un « phénomène de bien plus petite ampleur » qu’un tsunami d’origine sismique ou volcanique, mais qui pourrait submerger une partie de l’atoll de Tureia, sans toucher, d’après les modélisations, le village ou l’aéroport. Ce risque, reprend le Dr Marie-Pascale Petit est aujourd’hui « très peu probable »
Radiations, tsunami… Des mesures « rassurantes » sur l’après-nucléaire (Radio 1)
La transparence sur l'impact environnemental et la santé des habitants est totale, dixit le haut-commissaire de la République. Les associations ‘’anti-nucléaire’’, elles, peinent toujours à accorder leur confiance. Eric Spitz a fait le bilan de la surveillance radiologique et géomécanique des anciens sites d'expérimentations nucléaires. Et aujourd'hui, il n'y a rien à signaler. (…) Les associations ‘’anti-nucléaire’’ n'y croient pas. "Ne me parlez pas de transparence, tant que vous ne nous transmettez pas le registre des malades du cancer dont les pathologies sont reconnues dans la loi Morin, le registre des évacués sanitaires et le registre des morts du cancer, on ne pourra pas discuter", s'exclame Hiro Tefaarere, président de l’association Moruroa e tatou. Le haut-commissaire a annoncé que plus d'une centaine de dossiers d'indemnisation seront instruits très bientôt.
Commission nucléaire : le point entre les associations et l'État avant la mission (Polynésie 1ère)
# Le dernier bilan de la surveillance radiologique et géomécanique de la Polynésie française et des anciens sites d'expérimentations nucléaires à Moruroa et Fangataufa aurait démontré une diminution de la radioactivité sur l’environnement, ainsi qu'un impact quasi nul sur les populations depuis la fin des essais nucléaires. Une analyse que les associations ne partagent pas. La radioactivité dans les denrées alimentaires a diminué depuis la fin des essais nucléaires : c’est le bilan du réseau de surveillance de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Pour les experts, le marquage radiologique des atolls n’a pas d’impact sur l’environnement et reste localisé au niveau des atolls de Moruroa et Fangataufa. Si les propos se veulent rassurants, ils laissent les associations comme Tamarii Moruroa ou l’association 193 perplexes.
Rappel : Réponse du Président Edouard Fritch à la question de Madame Eliane Tevahitua (Tavini) relative à une étude sur les conséquences des essais nucléaires en Polynésie française (En PJ) La réponse complète d’Édouard Fritch (Séance de l’Assemblée de la Polynésie française. Jeudi 13 octobre 2020.
Conséquences des essais nucléaires : les associations réagissent au dernier bilan de surveillance (TNTV)
# Sollicité une nouvelle fois par le Tavini sur la mise en place d'une étude sur les maladies transgénérationnelles liées aux essais nucléaires, le président Édouard Fritch a finalement renvoyé à l'État la responsabilité de "diligenter" et "financer" une telle étude. Profitant de l'hommage rendu à l'ancien délégué au suivi des conséquences des essais nucléaires Bruno Barillot, l'élue Tavini Eliane Tevahitua a de nouveau posé la question de l'organisation d'une étude sur les maladies transgénérationnelles liées aux essais nucléaires, jeudi matin lors d'une question au gouvernement à l'assemblée. L'élue avait déjà sollicité le président du Pays début 2020 sur ce même sujet, sans obtenir d'engagements de sa part. Ce serpent de mer d'une étude permettant d'établir l'existence d'éventuelles conséquences génétiques et transgénérationnelles des retombées des essais nucléaires menés en Polynésie française remonte au moins jusqu'en 2016. (…) Jeudi matin, le président du Pays Édouard Fritch a surtout voulu assurer à son auditoire qu'il était parfaitement sensible à cette problématique. Il a également confirmé que l'enveloppe de 2 millions de Fcfp réservée depuis 2017 au budget de la Polynésie française pour cette étude était toujours disponible. Mais surtout, il a conclu "après mure réflexion" qu'il ne devait pas nécessairement revenir à la Polynésie française de mener cette étude.
Étude transgénérationnelle sur les essais : Fritch renvoie la balle à l'État (Tahiti Infos)
# Apres la réunion de la commission d’information auprès des anciens sites d’expérimentions, le haut-commissaire est allé à la rencontre de la population à Mangareva et Tureia. Indemnisations, suivi géo-mécanique de Morurua, surveillance radiologique, Eric Spitz a tenu à rappeler les engagements du Président Macron. Sur ces îles, le regard se tourne vers l’avenir, mais la blessure de la période des essais n’est pas guérie. (…) Les efforts de transparence sont salués, mais la cicatrise n’est pas pour autant fermée. Parmi la trentaine d’habitants présent, certains s’inquiètent pour la santé des nouvelles générations. (…) À Tureia, les conséquences des essais nucléaires ne s’effaceront pas de si tôt. La probabilité, même infime, d’une éventuelle montée des eaux à cause d’un glissement de corail à Moruroa inquiète toujours les habitants. Et encore plus en période de forte houle. (…) Mangaréva et Tureia, l’Etat s’est positionné comme un partenaire financier pour développer les projets portés par les maires. Et c’est sur ce point que la relation de confiance pourrait se renforcer en répartissant différemment certaines dotations en faveur des communes les plus isolées.
Après la commission d’information sur les conséquences des essais mercredi soir à Papeete, Éric Spitz a voulu a aller présenter les principaux résultats dans les îles les plus concernées. Direction les Gambier, hier, en compagnie d’une délégation de scientifiques, militaires et haut fonctionnaires de l’État. Une démarche saluée par les élus mais qui ne suffit pas à rétablir la confiance avec une partie de la population. Éric Spitz l’avait dit dès son arrivée à Tahiti-Faa’a : le sujet du nucléaire serait, dans la lignée des engagements pris par Emmanuel Macron en 2021, une des priorités de sa mission. Pas une surprise, donc, si pour son premier déplacement officiel, le nouveau Haut-commissaire a choisi les atolls les plus proches des sites de tirs, et les plus concernés par leurs retombées. (…) « Pas de risque », un « retour à la normale », « pas de raison de s’inquiéter » , et une surveillance qui « continue ». Le discours était le même qu’à Papeete la veille. Mais face aux scientifiques, militaires et haut-fonctionnaires, comme le préfet chargé de suivre le dossier du nucléaire polynésien par Matignon, Michel Marquer, il y a cette fois des Mangareviens, qui, pour beaucoup ont été marqués dans leur chair.
« On aurait encore nos parents si vous n’aviez pas emmené toutes ces merdes chez nous, excusez moi de le dire », rappelle Jerry Gooding, perliculteur. Beaucoup dans l’assistance acquiescent quand ce membre de l’association 193 met en doute les « certitudes » des scientifiques. (…) Pas de quoi, pour l’instant, rétablir la confiance avec tout le monde. Le Haussaire, le contre-amiral Geoffroy D’Andigné ou la médecin chef du suivi des sites d’expérimentation, le Dr Petit, apportent bien les précisions demandées, sur les indemnisations, les réparations, les dépollutions… Mais comment croire l’État sur le risque d’affaissement « très faible » de Moruroa, qui de toute façon ne serait ressenti que comme une « petite vague » aux Gambier ? Ou sur la transmission transgénérationnelle, « à l’heure actuelle écartée par les études » et sur laquelle la communauté scientifique internationale « continue à travailler » ?
Nucléaire : discussions « sans filtre » à Rikitea (Radio 1)
# Le haut-commissaire Éric Spitz s’est rendu jeudi et vendredi dernier à Rikitea puis à Tureia. L’ont accompagné lors de ces déplacements, le chargé de mission auprès du Premier ministre sur les conséquences des essais nucléaires, Michel Marquer, ou encore la médecin chef au département de suivi des centres d’expérimentations nucléaires de la direction générale de l’armement, Marie-Pascale Petit. À Mangareva, le tāvana a demandé à l’État “d’indemniser” son archipel et la maire de Tureia “d’apporter une aide spéciale à Tureia qui a donné des vies pour que la France détienne cette arme dissuasive”. Les deux élus considèrent n'avoir finalement que les “miettes” de ce qui a pu être apporté à la Polynésie, et que cela ne suffit pas à développer au mieux leur archipel ou atoll. “À la fin, on se retrouve avec le peu qu’on nous donne.” Des demandes soutenues par leurs populations qui ne comprennent pas, par exemple, que le centre de mémoire se fasse à Tahiti et non chez eux à Tureia. “L’État a fui devant ses responsabilités et il nous a laissé”, entend-on à Rikitea. Certains habitants, toujours autant meurtris dans leur chair, ont également demandé à ce que des études transgénérationnelles soient menées.
À Rikitea et Tureia, des “cicatrices” qui ont du mal à se refermer (Tahiti Infos)