Ayant jusqu’alors accepté d’assister aux réunions du comité de pilotage du fait de son insertion ainsi que de celle du village de Fare Hape dans l’organigramme des concepteurs d’Ecoparc, l’association a participé, le 13 août, à la marche organisée par une douzaine d’associations pour dire non à ce projet privé soutenu par le gouvernement.
Organisée dans la vallée de Papenoo lors d’un long week-end, cette marche de plusieurs kilomètres a néanmoins été suivie par près de 250 personnes (et non une centaine). Elle a été plus ou moins relayée par la presse.
- Marche contre l'écoparc: 2ème étape prévue le 13 août (TNTV)
- Une deuxième marche pour dire non au projet Ecoparc (Radio 1)
- Près de 100 personnes se sont réunies pour dire "Non au projet écoparc" (Tahiti Infos)
- Plus de 200 marcheurs contre le projet écoparc (Polynésie 1ère)
C’est une petite phrase incluse dans le compte-rendu de la dernière réunion du comité de pilotage d’Ecoparc, le 16 juillet, qui a motivé la décision de l’association Haururu de ne plus participer au projet : « le village d’accueil, géré par Haururu, sera recréé sur un site à définir, avec des matériaux traditionnels ». Cela impliquerait un déménagement, de toutes les structures et animations déjà mises en place et un bouleversement des projets de l’association.
Le Fare Hape serait-il déplacé avec la mise en place du projet Ecoparc ?
Cette assertion a fait polémique. Le ministre du Tourisme, Jean-Christophe Bouissou, a expliqué à TNTV que « "dire que le Pays souhaite transporter Fare Hape ailleurs, est un pur mensonge (...) ».
Réponse, le lendemain, de Yves Doudoute – ancien président de l’association : « il nous traite de menteurs. Alors que sur le document de projet de juin 2016, il explique qu'il est en train de repousser Haururu hors du Fare Hape ».
- Yves Doudoute : "On est avec, et pour le peuple, et non pour l'argent" (TNTV)
Interrogé dimanche 15 août au journal du soir par Polynésie 1ere, le président Fritch a avoué « avoir un peu de mal à comprendre » les objections de certains et a indiqué toutefois avoir demandé au ministre de la Culture d’organiser une rencontre avec l’association.
Une mise au point qui s’impose
Cette rencontre sera sûrement la bienvenue et permettra de préciser bien des points qu’Haururu estime pour le moins ambigus si elle se réfère aux documents émanant de la société Ecoparc à l’origine du projet et repris dans les compte-rendu de réunion du comité de pilotage. L’association soupçonne en effet une opération de « greenwashing », et met en doute la viabilité économique de ce projet. Les concepteurs de ce projet n’ont-ils en effet pas plus gros yeux que gros ventre en visant une fréquentation de… 150 000 visiteurs ( !) par an ? « Devant les incertitudes, non dits et projections plus ou moins fantaisistes qui formatent ce projet, l’association Haururu ne peut que se positionner contre son existence. Elle ne peut d’ailleurs que s’inquiéter de possibles réalisations qui, une fois les avantages de défiscalisations acquis, seraient susceptibles de laisser des ruines incompatibles avec les lieux », précise Yves Doudoute en s’inquiétant par ailleurs de l’impact écologique d’une route goudronnée dans la vallée. L’association élabore en ce moment un mémorandum très précis de ses interrogations.
Deux conceptions de la culture
Quand à la dimension culturelle, « il s’agit de se réapproprier nos valeurs », expliquait Yves Doudoute à La Dépêche de Tahiti (PJ format papier, l’article n’a pas été mis en ligne), « ce n’est pas dans un parc d’attraction que ça va se passer ».
L’association prépare également un projet alternatif réaliste en immersion culturelle - « pas un Dysneyland ma’ohi », dont elle a eu la vision bien avant la formulation Ecoparc.