Le projet d’Aire Marine protégée dans le périmètre maritime des Îles Australes, soutenu par les maires et la population de l’archipel n’a toujours pas l’assentiment du gouvernement polynésien. À Fakarava, par contre, le projet de classement de 18 espaces maritimes de cette commune des Tuamotu est en bonne voie.
On se souvient qu’une délégation de 20 élus et représentants de la société civile des Australes s’était rendue à Papeete, début avril, afin de présenter ce projet de grande Aire Marine Protégée (AMP) d'un million de kilomètres carrés autour de cet archipel. Une conférence publique consacrée à ce Rāhui Nui nō Tuha'a Pae ("Le grand rahui des Australes") avait aussi été organisée à la CCISM. Ce projet avait néanmoins reçu un accueil défavorable de la part du gouvernement polynésien, AvA-Infos s’en était fait l’écho.
- Polémique autour du projet de grande réserve marine aux îles Australes (AvA-Infos)
Le Pays veut « garder le contrôle »
Le 12 mai, le ministre de l’Environnement a répondu, en séance à l'Assemblée, à une question orale posée par Nicole Bouteau, du groupe Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA). La représentante demandait que le gouvernement précise la stratégie du Pays en matière de gestion de la zone économique exclusive (ZEE) polynésienne. Sans précisément faire référence au projet d’AMP des Australes, le ministre a expliqué qu’ "il s'agit aujourd'hui de coordonner au mieux les différentes démarches et ne pas se laisser imposer des ambitions qui ne sont pas les nôtres". Une manière, sans doute, pour le Pays de « garder le contrôle ». Ce projet a en effet été élaboré en collaboration avec l’ONG américaine Pew…qui avait néanmoins dressé un état des lieux à la demande du gouvernement précédent. Le ministre a également précisé que la ZEE de Polynésie française "est déjà une aire marine protégée en quelque sorte depuis plus de 15 ans". Selon lui, la coopération demandée aux différents organismes extérieurs doit donc se limiter à la gestion de ces espaces naturels et non à leur création légale. Une autre raison serait à chercher du côté des ressources minières qui dormiraient dans les profondeurs de la ZEE polynésienne. Ce qui aurait poussé Frédéric Riveta, maire de Rurutu, à retirer sa municipalité du projet… Le débat n’est sans doute pas clos, ainsi que le détaille outremers360.com.
- Aire-marine protégée des Australes : ce n’est qu’un début
« Démarche citoyenne », l’association qui s’est formée autour du projet Rahui Nui no Tuha’a Pae, est composée de pêcheurs, d’instituteurs, d’habitants de cet archipel. Elle ne compte sans doute pas rester sur une fin de non recevoir du gouvernement… Et ce, d’autant que le projet a reçu récemment un avis favorable d’un expert en gestion des ressources marines. Affaire à suivre !
- Un expert en gestion des ressources marines défend les AMP (Tahiti Infos)
- Pour info : Polynésie 1ère a diffusé le 30 mai un documentaire produit par National Geographic. Issu de l’expédition scientifique menée à Rapa (l'une des îles Australes inclues dans le périmètre du projet d'AMP) en novembre 2014, ce film de 35 minutes se penche sur le concept local de rahui, un exemple assez unique de gestion durable et collective des ressources marines à l’échelle d’une île.
Projet de classement de 18 espaces maritimes de la commune de Fakarava
C’est un autre traitement qui est réservé à Fakarava, certes dans un autre contexte. Le Conseil des ministres a examiné, le 25 mai, le projet de classement de 18 espaces maritimes de cette commune des Tuamotu composée de sept atolls (Aratika, Fakarava, Kauehi, Niau, Raraka, Taiaro et Toau). La commune de Fakarava a obtenu le label Réserve de biosphère (RB) au mois d'octobre 2006, dans le cadre du programme l'Homme et la biosphère (MAB) de l'Unesco. « Ce projet de classement d’espaces maritimes des aires centrales et des zones tampons de la RB selon le code de l’environnement seront pour le maire et les conseillers municipaux des outils d’autant plus utiles et adaptés à la situation locale qu’ils sont le reflet de leurs choix et le fruit d’un travail élaboré avec l’ensemble des acteurs locaux et avec l’appui des services du Pays », expliquait le communiqué du conseil des ministres du 25 mai. Ce projet devra toutefois recueillir l’avis de l’Assemblée de la Polynésie française pour être appliqué.
- Fakarava : un projet de classement de 18 espaces maritimes (Le communiqué du CM sur TNTV)
Par ailleurs, ainsi que l’indique le même conseil des ministres du 25 mai, la ministre de l'Éducation et de l'enseignement supérieur, de la Jeunesse et des Sports, a proposé la création d’un comité de pilotage des aires marines éducatives (AME) afin de définir le rôle de chacun dans ce projet et d’être en mesure de prendre les décisions nécessaires à son évolution.