À la fin du mois de mars, des représentants d’une vingtaine de pays du Pacifique et du triangle polynésien se sont retrouvés à Tahiti pour une semaine d’échanges qui a débouché sur “l’Appel à l'action des Peuples du Pacifique, Te Reo O Te Moana, pour la protection de l'océan”*. À l’opposé de cette démarche, le président américain Donald Trump a signé, jeudi 17 avril, un décret visant à réautoriser la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin situé au beau milieu de l'océan Pacifique. La décision de rouvrir cette aire protégée suscite une vive inquiétude parmi les scientifiques et les défenseurs de l’environnement.

 

 

 

* Comment préserver au mieux les ressources marines et protéger notre environnement du réchauffement climatique, de l’érosion, de la montée des eaux... Cela faisait partie des problématiques abordées lors du séminaire Tiaki Moana, fin mars à Tahiti. Ce séminaire s’est conclu sur la déclaration Te Reo O Te Moana, un appel qui sera confirmé lors de la Conférence des Nations-Unies sur les océans à Nice, en juin prochain.

Pour rappel : Rassemblement des voix du Pacifique pour la protection de l’océan (AvA-Infos) 1er avril 2025

A contrario, le président américain Donald Trump a signé un décret pour ré-autoriser la pêche commerciale dans le Pacific Remote Islands Marine National Monument. Ce décret remet en question la protection de ce sanctuaire marin de plus d’un million de kilomètres carrés:

 

(...) Cette vaste zone de 1,2 millions de kilomètres carrés, répartie autour de plusieurs îles entre Hawaii et les Kiribati, abrite des écosystèmes vulnérables et avait été protégée par Georges W. Bush avant d’être largement étendue par Barack Obama. L’interdiction, selon le président américain qui a plusieurs fois remis en cause des mesures de protection de l’environnement ou signé des textes climatosceptiques depuis son retour au pouvoir, « désavantageait les pêcheurs honnêtes des États-Unis ».

Le Pacific Remote Islands Marine National Monument s’étend autour des plusieurs îles sous gouvernance américaine situées entre Hawaii et Kiribati, couvrant au total plus de 1,2 million de kilomètres carrés, entre un quart et un tiers de l’immense ZEE polynésienne. Il est présenté, sur le site de l’US Fish & Wildlife Service comme « l’une des dernières frontières de la découverte scientifique dans le monde » et constitue « un havre de paix pour la biodiversité du Pacifique central ». « Le Monument et les refuges nationaux de faune sauvage qui s’y trouvent protègent des écosystèmes entiers – des récifs coralliens aux monts sous-marins profonds, en passant par les plaines abyssales et les caractéristiques volcaniques » précise l’administration américaine. (…) L’interdiction a été levée uniquement pour les navires battant pavillon américain, mais des permis de pêche pourraient être accordés à des prestataires étrangers pour assurer le transport du poisson pêché.

Trump réautorise la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire du Pacifique (Radio 1)

 

(…) La pêche commerciale ainsi que l'extraction de ressources, notamment minières, y étaient jusqu'ici interdites, mais la pêche traditionnelle et de loisir continuait d'être permise. Selon Donald Trump, cette interdiction de pêche commerciale "désavantage(ait) les pêcheurs commerciaux honnêtes des États-Unis" en les poussant "à pêcher plus loin au large dans les eaux internationales pour rivaliser avec des flottes étrangères mal réglementées et fortement subventionnées. Et "une pêche commerciale correctement gérée ne mettrait pas en danger les objets d'intérêt scientifique et historique" protégés par le sanctuaire, a-t-il affirmé. Les zones maritimes qui composent le sanctuaire abritent des récifs coralliens vierges ainsi que de nombreuses espèces en danger, parmi lesquelles des oiseaux de mer et certains requins et baleines. Elles figurent parmi les environnements tropicaux marins les plus immaculés et vulnérables de la planète, notamment face au changement climatique. Autant de zones qui seront, avec ce décret, désormais en partie accessibles à la pêche commerciale. (…) L'interdiction est ainsi levée sur de larges secteurs au large des îles et atolls, "pour les navires battant pavillon des Etats-Unis". Des permis de pêche pourront également être "délivrés à des navires battant pavillon étranger pour qu'ils puissent transporter des poissons pêchés par des pêcheurs américains", est-il ajouté dans le décret. (…)

Trump réautorise la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin du Pacifique (Polynésie 1ère)

 

Le président américain Donald Trump a signé, jeudi 17 avril, un décret visant à réautoriser la pêche commerciale dans un vaste sanctuaire marin situé au beau milieu de l'océan Pacifique. En Polynésie, une telle annonce ne rassure vraiment pas les défenseurs des océans.

C’est un retour en arrière pour l’association représentative de Sea Sheperd en Polynésie. Ses membres sont des défenseurs de l’océan qui s’inquiètent de l’avenir du sanctuaire marin appartenant aux Etats-Unis récemment ouvert à la pêche et dénoncent les pratiques de pêche utilisées par les Américains. Comme la pêche à la senne, "ça vide les océans avec des filets géants...cette pêche n'est pas sélective et embarque tout", déplore  Yves Michel, président de l’antenne Sea Sheperd en Polynésie : (audio)

Cependant il est difficile d’arrêter la machine lancée par Donald Trump, puisque le sanctuaire fait partie de la zone économique exclusive des Etats-Unis. "On ne peut rien y faire", se plaint Yves Michel, "c'est aux Américains de se réveiller un peu”: (audio). (…) La décision de rouvrir cette aire protégée suscite une vive inquiétude parmi les scientifiques et les défenseurs de l’environnement, qui redoutent une mise en péril de la biodiversité marine, notamment dans le contexte actuel de crise climatique.

Trump réautorise la pêche dans une zone protégée du Pacifique : les craintes des protecteurs des océans (Polynésie 1^ère)