Les enjeux du développement durable, par essence transversal, sont parfois difficiles à être compris. Les statistiques représentent des clés de lecture et de compréhension qui aident à en saisir les données quantitatives. Plusieurs articles relayés dans cette revue de presse évoquent la situation chiffrée de la démographie, de l’économie (tourisme, agriculture...) et de la vie associative du fenua. Des chiffres à intégrer pour une bonne compréhension de l'avenir de la population polynésienne et de ses quelque 280 000 habitants...
DÉMOGRAPHIE
C’est le nombre d’habitants en Polynésie française officiellement recensés par l’Institut de la statistique (Ispf). Un chiffre qui confirme le ralentissement démographique observé depuis une vingtaine d’années. Ce fléchissement s’explique à la fois par la baisse du solde naturel ainsi que par un solde migratoire apparent négatif. La hausse du nombre de départs est supérieure à celle des arrivées en Polynésie française. En effet, les départs de jeunes en âge de travailler sont plus nombreux qu’auparavant, ils sont un sur cinq à quitter le fenua. Les arrivants sont également plus nombreux mais pas suffisamment pour combler le déficit.
Le chiffre du jour: 278 800 (Tahiti News)
L’Institut de la Statistique de Polynésie (ISPF) a dévoilé, ce jeudi (23/01), les enseignements du recensement de la population réalisé en 2022 sur les « migrations » au fenua. Il ressort du document que le Pays comptait 278 800 habitants, confirmant « le ralentissement démographique observé depuis une vingtaine d’années ». Le nombre de départs est quant à lui toujours plus important que le nombre d’arrivées. Entre 2017 et 2022, 20 900 personnes ont ainsi quitté le territoire et 14 050 s’y sont installées.
En 2022, nous étions 278 800 en Polynésie. Un chiffre qui confirme « le ralentissement démographique observé depuis une vingtaine d’années », selon l’ISPF. Ce « fléchissement s’explique à la fois par la baisse du solde naturel ainsi que par un solde migratoire apparent négatif », selon l’Institut. Le déficit du solde migratoire apparent augmente donc par rapport à la période précédente (2012-2017). Mais « les soldes naturels sont eux positifs et supérieurs au déficit migratoire. C’est ce qui permet à la population de Polynésie française de continuer de croître », note l’ISPF. Reste que cette croissance est « en ralentissement continu depuis 1988 », essentiellement en raison de « la baisse de la natalité et à la hausse du déficit migratoire ». La croissance de la population est ainsi « passée de + 2,5 % en moyenne annuelle entre 1983 et 1988 à + 0,6 % entre 2007 et 2012, et + 0,2 % entre 2017 et 2022 ». (…)
En 2022, les départs toujours plus nombreux que les arrivées en Polynésie (TNTV)
Dans sa dernière étude, l'Institut de la statistique de la Polynésie française fait une nouvelle fois état d'un solde migratoire apparent déficitaire entre 2017 et 2022. En revanche, du côté des arrivants, l'institut constate un retour important des natifs de Polynésie, souvent plus diplômés et bénéficiant d'une meilleure insertion professionnelle.
Le sujet fait débat sur la toile. Entre les ressentis des uns et les convictions des autres, difficile d'y voir clair concernant le nombre de personnes venant s'installer en Polynésie. Pour autant, la dernière étude de l'Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) est catégorique : Le solde migratoire apparent demeure déficitaire.
(…) Entre 2017 et 2022, ce sont environ 4.150 personnes qui ont quitté la Polynésie française chaque année. Un nombre important puisqu'au cours des différentes périodes intercensitaires [période entre deux recensements, NDLR] ce dernier est passé de 2.400 entre 1996 et 2002, à 3.800 entre 2007 et 2012, pour finalement atteindre plus de 4.000 entre 2017 et 2022. Une hausse des départs largement nourrie par une jeunesse en quête d'ailleurs…
(…) Si les départs sont plus nombreux, du côté des arrivées quelques résultats interpellent. “On a beaucoup plus d'informations sur les arrivants. On sait qu'ils sont plus diplômés que la population qui se trouve déjà sur le territoire puisque 85% de ces arrivants ont le bac ou un diplôme supérieur au bac. Ces derniers trouvent plus facilement un emploi, ce qui est d'autant plus vrai lorsqu'ils sont natifs de Polynésie.” Des arrivants natifs qui, ces dernières années, sont de plus en plus nombreux. En effet, parmi les 14.050 personnes arrivées en Polynésie française entre 2017 et 2022, 2.150 sont nées au Fenua, soit 15% des arrivants.
Plus de départs que d'arrivées au Fenua (Tahiti Infos)
Avec 1350 départs « nets » chaque année, la Polynésie connait toujours un solde migratoire largement déficitaire, comme l’a confirmé l’ISPF dans une étude publiée ce jeudi. Si la proportion de natifs est beaucoup plus faible chez les arrivants (15%) que chez ceux qui quittent le fenua (60%), l’institut relève que le nombre personnes nées en Polynésie et qui y reviennent a fait un bond de près d’un tiers en cinq ans. 20 900 départs, 14 050 arrivés en cinq ans au fenua. Le solde de migratoire de la Polynésie est toujours déficitaire, comme le relève l’ISPF dans une étude basée sur la comparaison des deux derniers recensements. C’est le cas depuis près de 20 ans, et avec 1350 départs nets chaque année entre 2017 et 2022, ce solde, qui reste pour l’instant compensé par le rythme des naissances, a même tendance à se creuser. Mais plus que les mouvements, c’est aux caractéristiques des « migrants » que l’Institut de la statistique s’est intéressé.
(…). Quand le taux d’emploi général du fenua pointait à 47% en 2022, 68% des arrivants de plus de 15 ans avait un emploi à la même date. Et si on ne retient que les personnes diplômées le taux d’emploi des natifs revenus au pays dans les cinq années précédentes le recensement s’établit à 82%, contre 79% pour les arrivants non natifs et 75% des résidents n’ayant pas bougé. (…)
Les natifs de plus en plus nombreux à rentrer au pays (Radio 1)
# Une étude menée en 2023 auprès de l’ensemble des élèves de terminale du fenua révèe que 73 % d’entre eux souhaite poursuivre leurs études ou une formation. Ceux-ci ont également été interrogés sur leurs projets ŕ plus long terme : seulement 53 % d’entre eux se voient vivre au fenua dans les cinq ans. En revanche, une part plus importante aimerait revenir ŕ plus long terme.
Faire un état des lieux de leurs conditions de vie, de leur bien-être pendant leurs études, de leurs projets de formation et de leurs désirs futurs… En 2023, la DGEE a demandé à l’Institut de la statistique (ISPF) et à l’Institut national d’études démographiques (Ined) de mener une enquête statistique auprès de l’ensemble des élèves de terminale du fenua. Plus de 3 310 jeunes y ont participé, soit un peu plus de 75 % des élèves qui étaient inscrits en 3e quatre ans auparavant. Parmi eux 39 % étudient en filière professionnelle, 36 % dans l’enseignement général et 25 % en section technologique. L’étude révèle que 60 % des lycéens jugent leur scolarité utile : d’abord par ce qu’ils l’estiment comme un bon vecteur de lien social, ensuite pour son importance sur leur futur parcours professionnels. À l’inverse, 17 % d’entre préfèreraient travailler tout de suite, tandis que 11 % jugent le lycée contraignant et inutile. (…). Ces jeunes ont aussi été sondés sur leur avenir à plus long terme : si 14% d’entre eux n’ont aucune idée de leurs souhaits d’installation dans les cinq ans, un élève sur cinq (20%) assure vouloir s’installer en France métropolitaine. Au total 53% des terminales se voient au fenua dans cinq ans, dont seulement 4% dans un autre archipel que la Société. Plus d’un sondé sur dix (13,3%) se projette ailleurs dans le monde à cette même échéance. (…)
Seule la moitié des élèves de terminale se voit vivre au fenua dans cinq ans (Radio 1)
TOURISME
# Le nombre de touristes accueillis en Polynésie a augmenté l’année dernière de 0,8 % par rapport à 2023, année qui avait déjà battu un record de fréquentation vieux de plus de 20 ans. Le nombre de nuitées touristiques est lui aussi en augmentation (+4,1% dans les hébergements marchands). Les chiffres du seul mois de décembre sont en revanche en léger retrait par rapport à l’année précédente, sans que l’on sache si ce point noir est à attribuer à la grève de la Fraap ou à un ralentissement au plus long terme.
C’est un chiffre très attendu par les élus et dirigeants qui a été publié ce mercredi par l’ISPF. L’institut de la statistique estime à 263 813 le nombre de touristes ayant fréquenté le fenua en 2024. Un nouveau record pour le secteur, qui avait connu une reprise exceptionnelle après les deux années difficile de la crise Covid. Dès 2022, malgré la persistance, dans le monde et au fenua, d’encore beaucoup de limitations et mesures de prévention liées à la pandémie, la Polynésie, qui a su rouvrir ses portes et réactiver sa filière avant ses concurrents, avait accueilli 218 750 touristes, à peine moins qu’en 2019 (236 642) et déjà plus qu’en 2018 (216 268). (…). Cette trajectoire est-elle installée pour le long terme ? À voir. (…)
263 813 touristes en 2024 : le record de fréquentation encore battu
https://www.radio1.pf/263-813-touristes-en-2024-le-record-de-frequentation-encore-battu/
# Exprimé en francs Pacifique, c’est le montant du salaire moyen en équivalent temps plein (ETP) versé aux Polynésiens en septembre 2024. Ce chiffre – deux fois supérieur à celui du Smig – relevé par l’Institut de la statistique (ISPF), est en forte progression par rapport à septembre 2023 (347 643 Fcfp). Il témoigne des diverses augmentations obtenues durant cette période pour compenser l’inflation ambiante. Mais surtout, il illustre l’importance du coût du travail dans nos îles qui rend difficile, pour ne pas dire impossible, l’émergence de secteurs exportateurs. Quant à la masse salariale, elle est estimée pour la période donnée à 68 milliards 621 millions de Fcfp.
Le chiffre du jour: 355 339 (Tahiti News)
AGRICULTURE
350 hectares de terres cultivées en 2024, c'est 37 de plus qu'en 2023. Comment Tahaa, île rurale, est-elle parvenue à ce résultat ? Grâce à une collaboration étroite entre l'association Fa'ahotu ia Tahaa et la Chambre de l'Agriculture et de la Pêche Lagonaire, la CAPL. Sur les 37 nouveaux hectares mis en exploitation, 18 sont destinés à la culture de la canne à sucre, un secteur en plein essor. Le reste concerne les cultures vivrières, légumes, fruits et autres. « Ça commence à être un vrai développement et dans les années à venir, nous croyons et nous pensons pouvoir nous nourrir par nous-mêmes sur l’île de Tahaa« , confie Francis Barbos, président de l’association Fa’ahotu ia Tahaa.
Ces nouvelles exploitations vont augmenter le niveau de production agricole de Raiatea et de Tahaa. Jusqu’en 2023, 305 tonnes étaient commercialisées pour une valeur de 200 millions de Fcfp. Le prochain objectif de l’association et la CAPL : la valorisation des productions. Deux ateliers de transformation de 150 mètres carrés chacun sont disponibles pour les exploitants.
350 hectares de terres cultivées à Tahaa en 2024 (TNTV)
C’est un déclin amorcé depuis plusieurs années qui se confirme, celui de la production de coprah. En dix ans, le tonnage a été divisé par deux voire plus. Cette baisse du coprah entraîne la baisse de la quantité de tourteaux. Une situation qui met en difficulté les éleveurs locaux. Quelles sont les raisons de cet effondrement ? Quelles conséquences directes ? Éléments de réponses dans cet article.
(…). Depuis 2015, on observe une baisse significative de la production de coprah, ce qui entraîne moins de tourteaux. 2015 : 15.000 tonnes de coprah - 2020 : 8.700 tonnes de coprah pour 3.000 tonnes de tourteaux - 2023 : 6.700 tonnes de coprah pour 2.058 tonnes de tourteaux - 2024 : 6.000 tonnes de coprah. (…) Alors, pour gérer les stocks et s’assurer de fournir régulièrement les éleveurs, des quotas ont été instaurés par le ministère de l'Agriculture et la CAPL, la chambre d'agriculture et de pêche lagonaire. (…). Aux Marquises aussi les jeunes désertent la filière coprah. Ils préfèrent se tourner vers l'armée, pour des revenus plus stables. La sécheresse qui sévit sur l'archipel réduit également la production de cocos.
En presque dix ans, le coprah a perdu plus de la moitié de sa production. Une baisse qui entraîne celle des tourteaux mais aussi celle de l’huile raffinée destinée à la production du monoï, produit emblématique de nos îles.
Production de coprah en berne et rupture de tourteaux : les éleveurs impactés (Polynésie 1ère)
Pour info : Le secteur agricole ne constitue pas un secteur majeur de l’économie polynésienne. Avec 7,4 milliards (Fcfp) de produits agricoles et agroalimentaires commercialisés en 2012, l’agriculture arrivait largement derrière le tourisme (40 milliards) ou de la perliculture (11 milliards). Ces chiffres, et la place de l’agriculture dans l’économie, doivent être relativisés à cause de l’importance de l’autoconsommation des produits agricoles, estimée à plus de 10 milliards de fcp par an. La production agricole ne contribue que pour une faible part (3 %) au produit intérieur brut de la Polynésie française. EN 2012, le secteur occupait un peu plus de 15 000 actifs, soit la moitié des chiffres de 2006 et quasiment le même nombre qu’en 1996. Cf. L’agriculture, l’exploitation de la forêt et l’élevage (Service public.fr). Aujourd’hui, avec 4 080 exploitations agricoles, dont presque 1 200 entièrement dédiées au coprah, le fenua a perdu 22% de ses exploitations en 11 ans. 9 500 personnes y travaillent, soit 6 000 de moins qu’en 2012. Cf. Recensement général agricole : les chiffres d’un secteur en déclin continu (Radio 1) 11/07/24
D'où l'importance de la formation à l’installation agricole...
Au-delà du “fa’a’apu”, se lancer dans l’agriculture, l’élevage ou l’agro-transformation requiert un panel de compétences pour ętre en mesure de gérer efficacement son entreprise. Entre pratique et théorie, c’est tout l’objet de la formation à l’installation agricole (FIA) proposée par le CFPPA à l’intention des demandeurs d’emplois de 18 à 45 ans. Le recrutement des stagiaires pour les prochaines sessions à Tahiti, Raiatea et Fakarava est lancé.
Jeudi matin (23/01), à Taravao, une dizaine de résidents de la Presqu’île ont répondu à l’invitation lancée par le CFPPA. Basé à Moorea depuis une trentaine d’années, le Centre de formation professionnelle et de promotion agricoles de Polynésie française dispose également d’une antenne à Papeete.
En marge des formations organisées dans les cinq archipels à l’intention des agriculteurs titulaires d’une carte professionnelle, une formation à l’installation agricole (FIA) d’une durée d’un an est ouverte aux demandeurs d’emplois de 18 à 45 ans, ayant idéalement un terrain ou un local à disposition, ou une demande de lot agricole en cours. Cette formation en alternance est gratuite et les stagiaires bénéficient d’une indemnisation. (…). Achevées en novembre dernier, les deux formations organisées à Tahiti et Raiatea se sont soldées par 100% de réussite pour les 16 stagiaires, avec une attestation à la clé. Les prochaines sessions débuteront le 1er avril à Tahiti, le 5 mai à Raiatea et le 2 juin à Fakarava, pour la première fois. Les inscriptions sont ouvertes, moyennant un dossier de candidature, des tests de niveau en français et mathématiques, et un entretien de motivation. (…)
Cherche futurs entrepreneurs agricoles (Tahiti Infos)
VIE ASSOCIATIVE
# La première réunion du Comité pour la vie associative de Polynésie française s’est tenue jeudi 16 janvier à la Présidence. Créé par arrêté du conseil des ministres le 21 novembre 2024, ce comité a pour mission de définir, coordonner et évaluer la future politique interministérielle de soutien, d’appui et d’accompagnement des associations. Il fait écho à la densité et à la richesse du tissu associatif local, qui joue un rôle essentiel dans la cohésion sociale et l’économie locale, ainsi qu’à la volonté du gouvernement de mieux accompagner et valoriser les associations polynésiennes. Pour mémoire, notre Pays comptabilise 10 226 associations, soit une association pour 27 habitants.
Cette rencontre a permis de présenter les actions tendant à mieux connaître le mouvement associatif, mieux reconnaître et valoriser l’activité bénévole ainsi qu’à mieux structurer l’action publique en faveur du tissu associatif local réalisées en 2024 ainsi que celles planifiées pour 2025. En 2024, plusieurs initiatives ont ainsi été mises en place pour soutenir le secteur associatif, parmi lesquelles : le lancement d’une étude sur le bénévolat, le recensement des aides financières disponibles ainsi l’identification des référents communaux en charge de la vie associative des 48 communes de la Polynésie française. (…) Le Comité pour la vie associative prévoit plusieurs actions stratégiques pour 2025, dont le renforcement du soutien aux associations… (…) Le Comité pour la vie associative se réunira au début du second semestre 2025 afin notamment de présenter à l’ensemble de ses membres les résultats de l’étude sur le bénévolat polynésien, qui devrait être réceptionnée en juin 2025.
Plus de 10 000 associations recensées en Polynésie française (Tahiti News)