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Un événement commercial annuel, le Black Friday, a été perturbé, les 24 et 25 novembre, par un incident technique ayant mis K.O. le réseau de transport électrique sur toute l’île de Tahiti : un black out , autrement dit en français, une coupure de courant accidentelle généralisée. Au-delà des désagréments engendrés, cette situation devrait nous interroger de façon plus soutenue sur la viabilité et la durabilité du mode de développement socio-technico-économique du fenua.

 

 

« Noir c'est noir » est le titre d’une chanson de Johnny Hallyday qui pourrait parfaitement servir d’introduction à cet article consacré à ces deux événements tous les deux black, mais pour des raisons différentes. Ce n’est pas la première fois que Tahiti est « dans le noir » suite à une panne technique. On se souvient notamment de novembre 2019. L’originalité, si l’on peut dire, de ce dernier épisode tient au fait qu’il a accompagné – et même devancé – le démarrage, cette année, d’une opération « désormais installée dans les habitudes commerciales de la Polynésie », si l’on en croit Polynésie la 1ère : le Black Friday. Il est en effet apprécié de la population parce qu’il permet aux commerçants de proposer à leur clientèle des produits à prix intéressants, particulièrement à quelques semaines des fêtes de Noël et du Nouvel An. Mais, cette année, Le Black Friday s’est transformé en “Black Out Friday“ sur toute l’île de Tahiti, pour reprendre l’expression d’un autre média, La Dépêche de Tahiti. Outre le manque à gagner des commerçants, cet incident a aussi pu affecter d’autres domaines de la vie quotidienne : retrait d’argent dans les DAB bancaires, pompes à essence inutilisables, etc…

Black Friday : culte à la surconsommation et journée noire pour la planète

Mais l’angle d’approche de cet événement est ici d’un autre ordre. S’il est compréhensible qu’il soit parfois difficile pour certaines catégories de population de ne pas se laisser tenter par les réductions proposées à cette occasion, il faut savoir néanmoins que son impact écologique n’est pas négligeable au niveau mondial et fait de plus en plus polémique. Surtout à une heure où la situation environnementale et climatique planétaire est préoccupante. Pour certains, cette journée est devenue un culte à la surconsommation et une journée noire pour la planète. « La période entourant Black Friday entraîne un pic de consommation au coût écologique colossal. Black Friday, Cyber Monday, ou encore leurs déclinaisons Black Friday week-end et Cyber week… Ces évènements promotionnels devenus incontournables avant Noël sont sources de pollutions multiples : les livraisons de colis s’emballent, les emballages s’amoncellent et la surconsommation exige une surproduction néfaste de biens », dénonce le magazine écologique français Reporterre. Contre les ravages sociaux et environnementaux de la fast-fashion, des associations écolos se mobilisent régulièrement et proposent même une alternative, les Green Fridays. Un embryon de réaction à ce Black Friday avait même vu le jour à Tahiti*, en novembre 2019, en relai des nombreuses manifestations qui se déroulaient  dans le monde à cette occasion sous la désignation de “Block Friday”. Cette année, c’est l’Agence de la transition écologique (Ademe) elle-même qui a lancé au niveau national plusieurs spots publicitaires contre la surconsommation**. Une campagne validée par le ministre français de l’Écologie, mais fortement décriée par… d’autres ministres ( !) et des commerçants***. Ce qui a créé une polémique au sein du gouvernement national.

* Consommation: un mois de novembre « green » ou « black » ? (AvA-Infos) novembre 2019

** Black Friday : les chiffres d’un désastre écologique (Reporterre.net) novembre 2022

*** Black-Friday, des commerçants veulent cesurer des pubs pour la sobriété (Reporterre.net) novembre 2023

 

Black out électrique : un avertissement ?

L’originalité de la situation, à savoir la perturbation de cet événement commercial par un incident technique dans la fourniture d’électricité, vient aussi à point pour manifester la dépendance du Pays à des sources d’énergie qui sont elles mêmes causes de perturbations écologiques et climatiques. Les hydrocarbures (carburants fossiles) qui alimentent les centrales thermiques - leur extraction, leur transport et leur utilisation - sont polluants et générateurs de gaz à effet de serre.

Isolées au cœur du Pacifique, nos îles ne sont pas non plus à l’abri de perturbations géopolitiques à l’échelle mondiale. La période Covid a ainsi démontré la fragilité de l’approvisionnement du fenua suite au blocage de pétroliers et de porte-containers dans des ports continentaux. Le modèle économique actuel, inégalitaire et prédateur de la nature, va être de plus en plus sujet à des crises structurelles (économiques, financières, politiques, guerrières, écologiques, sociétales…) montrant, qu’à terme, il n’est pas viable.  Cette « épée de Damoclès » qui est suspendue au-dessus de leurs têtes n’a pas encore été bien perçue par les Polynésiens… Faut-il encore d’autres événements de ce genre pour qu’ils se réveillent ? 

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