La 38e édition de la Foire agricole a été clôturée dimanche 6 octobre. La Chambre d’agriculture et de la pêche lagonaire (CAPL), qui célèbrait ses 140 ans d'existence, se réjouit du succès annuel de cette foire qui est devenue une institution ; C'est l’occasion de faire un point théorique avec la parution du dernier ouvrage de l’universitaire de l’UPF, Anthony Tchekemian: “L'agriculture tropicale en milieu insulaire, entre tradition et innovation ; À noter aussi que le Pays va réduire l'utilisation de certaines catégories de pesticides, nocives pour l'environnement. Mais le sujet est sensible… À revoir, aussi, deux entretiens avec le ministre de l'Agriculture, Teavini Teai.
# La foire agricole a refermé ses portes dimanche 06 octobre, à Punaauia. La chambre d’agriculture estime qu’environ 50 000 visiteurs sont venus à la rencontre des agriculteurs. Un bilan positif pour ce grand rendez-vous du secteur primaire, désormais trop à l’étroit. (...). Stands incontournables pour les visiteurs : l’espace réservé aux horticulteurs. Ils sont les professionnels les plus nombreux cette année. Les variétés locales et colorées remportent toujours un franc succès. Et les idées ne manquent pas pour la prochaine édition. "Pour encourager les jeunes, il faudrait pouvoir présenter et sauvegarder les plantes et les arbres fruitiers en voie de disparition. On est là pour faire vivre notre patrimoine !" s'exclame Kapo, horticulteur de Moorea. (...). La chambre d’agriculture célèbre ses 140 ans et se réjouit du succès annuel de la foire. Cette année, elle estime qu’environ 50 000 visiteurs sont venus, mais temporise elle aussi sur le manque d’espace. (...) La foire agricole victime de son succès... Et les rendez-vous du secteur primaire ne s’arrêtent pas là : à partir du 28 octobre, les agriculteurs participeront à la foire de Moorea.
50 000 visiteurs à la foire agricole cette année (Polynésie 1ère)
Pour rappel : Les enjeux de l’agriculture : alimentation, santé, production locale autonome (AvA-Infos)29 septembre 2024
# À l’heure où la transition alimentaire s’annonce ou, tout au moins, fait débat, tous les travaux, études et leurs conclusions sont d’intérêt. L’ouvrage d’Anthony Tchekemian intitulé “L'agriculture tropicale en milieu insulaire, entre tradition et innovation”, paru au Presses universitaires des Antilles, est une source de plus pour nourrir la réflexion. (...)
L'objectif était de savoir si les activités agricoles polynésiennes pouvaient assurer une production et un approvisionnement régulier en produits locaux, à des prix supportables, tout en répondant aux attentes des consommateurs en termes de diversité et de qualité de l’offre, complétées par des produits importés.
Il a choisi neuf terrains d’études à Nuku Hiva, Rangiroa, Taha’a, Moorea, Tahiti et Rurutu et a lu et compilé les données du recensement agricole et des bulletins statistiques. Les terrains ont été retenus en fonction de leur spécificité et particularité qui, associés, illustrent la diversité des problématiques agricoles et permettent de poser un diagnostic, non-exhaustif, des capacités et du potentiel de l’agriculture polynésienne. Ces différents terrains mettent en évidence une grande diversité et richesse de productions agricole et artisanales. Ils mettent en évidence, également, les défis de l’agriculture polynésienne dans un contexte insulaire et mondial.
(...). Au-delà d’une exploitation extensive, l’agriculture biologique est de plus en plus pratiquée par les exploitants, qui cherchent à satisfaire la demande des consommateurs en produits sains (frais ou transformés). Cette agriculture biologique est toujours en progression (elle représente environ 265 hectares). Cette orientation s’accompagne de pratiques et activités éthiques, plus respectueuses de l’environnement (agriculture raisonnée, agroécologie, permaculture, etc.), est liée à une prise de conscience des professionnels du milieu agricole (réduction des intrants chimiques, bien-être animal). (...)
L'agriculture en Polynésie française, entre tradition et innovation (Tahiti Infos)
# Le Pays va réduire l'utilisation de certaines catégories de pesticides, nocives pour l'environnement. Actuellement, au Fenua, il y a 20 grandes exploitations agricoles, pour lesquelles il serait impossible de supprimer certains produits chimiques, pour notamment des questions de rendement. Les petites exploitations arrivent à travailler en bio, ou en agriculture raisonnée. Mais le sujet est sensible.
(...) Trouver des alternatives à certaines catégories de pesticides, c’est tout l’enjeu aujourd’hui pour le gouvernement et la chambre d’agriculture. Un chantier vertueux à réaliser par étapes afin de changer en douceur les habitudes agricoles profondément. "Je félicite les petits agriculteurs qui font déjà de l'agriculture bio" se réjouit le patron des lieux, Thomas Moutame. "Utiliser le tabac, les feuilles de papayer. Il faut écraser, faire macérer. C'est très efficace contre les pucerons", détaille le président de la chambre d’agriculture. "Utiliser les produits naturels, ça nécessite toute une préparation". Il millite donc pour petite révolution de la production agricole de masse, mais en "accompagnant chaque professionnel".
Dans la liste rouge des pesticides ciblés par le gouvernement, certains seront retirés du marché. Il s'agit des molécules actives comme les néonicotinoïdes et le fipronil, utilisés pour lutter contre les insectes ravageurs. Ces "insecticides à spectre large d'activité vont être retirés de la vente à partir de Janvier 2025" annonce Taivini Teai, ministre de l’agriculture. "Les agriculteurs ne pourront plus en appliquer à partir du 18 Juillet prochain". Le ministre plaide pour une utilisation "des huiles essentielles et de tout nouveaux produits classés bio". Les contrôles devraient suivre = 2 campagnes de contrôles chaque saison. (...)
Le pays réduit dès janvier la quantité de pesticides utilisés par les producteurs agricoles (Polynésie 1ère)
# L'invité café de ce lundi 7 octobre était le ministre de l'Agriculture et des ressources marines Taivini Teai. Interrogé par Ibrahim Ahmed Hazi, il s'est exprimé sur son projet d'autonomie alimentaire pour la Polynésie ou encore, le changement du statut d'agriculteur et de pêcheur.
La Foire Agricole a refermé ses portes hier, par une belle affluence selon les organisateurs : plus de 50 000 visiteurs ont parcouru le site d’outumaoro. Un moyen de jauger les capacités des producteurs locaux face à l'objectif d'autosuffisance alimentaire affiché par le ministre de l'Agriculture et des ressources marines, Taivini Teai. Interrogé par Ibrahim Ahmed Hazi, ce dernier parle d'un objectif plutôt qu'un rêve : « C'est pour pallier ce qu'on a vécu pendant la pandémie, c'est à dire une raréfaction des matières premières lorsque les liaisons maritimes sont arrêtées ». Un objectif qui prendrait au moins 10 ans à réaliser.
Mais outre le temps, un autre frein à ce projet du gouvernement. Il nécessiterait 80 000 hectares. Pour cela, le gouvernement a fait passer une loi sur le foncier privé à vocation agricole. À cela s'ajoute la difficulté de la main d'œuvre. Car quand bien même le Pays disposerait d'assez de terres, il faudra trouver des travailleurs, rendre le secteur attractif. Et ce, malgré le fait qu'en l’espace de 10 ans, la filière agricole a vu partir 6 500 personnes. (...)
Invité Café - Taivini Teai : 10 ans pour accéder à l'autosuffisance alimentaire (Polynésie 1ère) actualisé le 07 octobre
Voir aussi l’interview du ministre de l’Agriculture dans le JT du 6 octobre de TNTV*
* = retranscription écrite: (Invité du journal ce dimanche), le ministre de l'Agriculture Taivini Teai est revenu sur le congrès annuel du secteur primaire, auquel de nombreux agriculteurs ont refusé de participer. Principal défi pour le Pays : redonner de l'attractivité à un métier déserté par les jeunes à travers, notamment, une réforme du statut des agriculteurs, prévue pour 2025.
Taivini Teai : « L’autonomie alimentaire n’est pas un rêve, c’est un objectif » (TNTV) actualisé le 07 octobre