Les associations y sont opposées et la France s'est positionnée contre l'exploitation mais le parti local au pouvoir tient un discours contradictoire: Moetai Brotherson, président de la Polynésie, réaffirme son opposition à l'exploitation alors que le parti majoritaire, le Tavini, y voit des perspectives économiques intéressantes. Pour le président de l'Assemblée, il n'est cependant pas question d'exploiter les grands fonds marins sans garantie environnementale ; La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a quant à elle dénoncé la volonté de l'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) de court-circuiter l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM) ; L'IFREMER alerte sur les possibles conséquences d'une exploitation industrielle des grands fonds : "On a vraiment un devoir de connaissance de ces grands fonds avant de prendre toute décision sur son exploitation", estime la directrice du centre Pacifique de cet institut.
# L'exploitation des fonds marins, un sujet hautement controversé dans le monde ! Le Pacifique et ses zones riches en minéraux sont très convoités par les grandes puissances. À l’heure où les îles Cook se sont associées à la Chine pour explorer leurs fonds marins, les associations de protection de l’environnement polynésiennes tirent la sonnette d’alarme. La France s'est positionnée contre l'exploitation mais le parti local au pouvoir tient un discours contradictoire.
"La fédération et toutes les associations de protection de l’environnement sont foncièrement contre. Toutes les grandes ONG de la planète sont foncièrement contre. Quand on voit comment on a exploité les mines sur le terrestre, on imagine comment ça va être sous l’eau, à 3000 mètres de profondeur, on ne pourra pas y aller", explique Winiki Sage, président de la Fédération des Associations de Protection de l'Environnement (FAPE). À plus de mille kilomètres à l’Ouest de la Polynésie, les îles Cook ont signé un accord avec la Chine. Il est uniquement question d’observer les fonds marins, il s'agit donc d'exploration, mais il n’y a qu’un pas vers l’exploitation. Une société canadienne est en passe de le franchir, en collaboration avec Nauru, un petit pays indépendant du Pacifique. Les bénéfices sont trop alléchants. C’est aussi l’argument d’Oscar Temaru. (…) Moetai Brotherson, président de la Polynésie, réaffirme son opposition à l'exploitation : "Je l’ai dit depuis le début, je suis fermement opposé à l’exploitation des ressources minérales subocéaniques. C’est un non-sens à la fois économique, et surtout écologique." (...)
Fonds marins : une exploitation polémique (Polynésie 1ère)
# Antony Geros était l'invité du journal dimanche 06 avril. Il a notamment abordé le sujet de l'exploitation des fonds marins, en annonçant qu'un membre du Tavini est actuellement en déplacement en Norvège. (…) On connaît l'intérêt d'Oscar Temaru pour les nodules polymétalliques. Mais Antony Geros nuance : le Tavini Huiraatira prend ce sujet au sérieux et il n'est pas question d'exploiter les grands fonds marins sans garantie environnementale. L'idée du parti indépendantiste, c'est d'abord de "reprendre" pleinement possession des ressources naturelles du Pays, comme le veut la résolution adoptée par le comité central du Tavini. (…) Cette résolution rappelle que "dans le cadre du processus onusien de décolonisation de Ma'ohi Nui, la France continue d'être exhortés chaque année par l'assemblée générale des Nations Unies à 'garantir la souveraineté du peuple de Ma'ohi Nui sur les ressources naturelles, notamment minérales profondes' de son territoire". Des ressources qui pour le parti, "s'inscrivent dans le cadre d'un modèle de développement durable à moyen, voire long terme du futur Etat souverain de Ma'ohi Nui et non en faveur d'une stratégie géopolitique dictée par Paris". (…)
Fonds marins : un membre du Tavini Huiraatira en Norvège pour une conférence internationale (Polynésie 1ère)
# La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a dénoncé vendredi la volonté de l'entreprise canadienne The Metals Company (TMC) d'exploiter les fonds marins en haute mer, jugeant qu'il s'agissait d'une forme de "piraterie environnementale”. ”L’entreprise The Metals Company a l'intention d'exploiter les grands fonds marins, en dehors de tout cadre juridique: c'est assimilable à de la piraterie environnementale, et c'est inacceptable. Nous ne devons pas les laisser faire", a réagi la ministre sur son compte X (ex Twitter). TMC, pionnière dans le développement de l'extraction minière sous-marine, a décidé le 28 mars de demander au deuxième trimestre 2025 aux États-Unis une autorisation d’exploitation commerciale de minerais en haute mer* dans la zone de Clarion-Clipperton dans le Pacifique, en court-circuitant l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), l'organisme multilatéral compétent en la matière. Cette annonce faite au dernier jour de la réunion de printemps de l'AIFM a été dénoncée par plusieurs pays et ONG, qui avertissent depuis des années des risques de l'extraction pour les écosystèmes marins, encore méconnus. (…)
Exploitation des fonds marins par une entreprise canadienne: la France dénonce une "piraterie” (Tahiti Infos)
Pressée d'exploiter les fonds marins du Pacifique à des fins commerciales, l'entreprise canadienne The Metals Company (TMC), ne veut plus attendre pour lancer cette industrie décriée. Elle tente désormais sa chance auprès de Donald Trump qui convoite des minerais stratégiques à travers le monde. Mais les abysses sont encore très peu connus et ces extractions pourraient causer des dégâts irrémédiables à la biodiversité de toute la zone. "Nous sommes prêts", a proclamé fin mars le PDG de TMC, Gerard Barron, espérant être le premier à aspirer les "nodules polymétalliques" - sortes de sphères noires riches en métaux utilisés pour fabriquer des batteries de voitures électriques, de téléphones et des panneaux solaires- sur les plaines abyssales du Pacifique. L'entreprise veut solliciter au deuxième trimestre le premier contrat d'extraction minière commerciale en haute mer, via l'administration américaine. Un changement de stratégie choc : initialement, la société voulait déposer sa demande en juin auprès de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM), qui a juridiction sur les fonds marins des eaux internationales. Ce court-circuitage de l'AIFM provoque la colère de nombreux Etats et des ONG de défense des océans qui dénoncent le geste "désespéré" d'une industrie accusée de violer des écosystèmes sous-marins encore peu connus. (…) L'AIFM n'a pour l'instant accordé que des contrats d'exploration à 22 pays en tout et qui permettent d'observer les abysses de tester les technologies. Mais après plus de dix ans de négociations, l'AIFM n'a toujours pas finalisé les règles pour l'extraction industrielle ni établi de code minier. (…). Selon les estimations, la CCZ abrite 21 milliards de tonnes de nodules riches en cobalt, nickel, cuivre et manganèse: des métaux stratégiques pour l'électrification croissante du monde et notamment les batteries des voitures électriques. "Les nodules dans nos zones sous contrat représentent la plus grande ressource non exploitée au monde de ces minéraux critiques", assure TMC.
Une justification rejetée en bloc par les défenseurs de l'environnement qui plaident pour une baisse de la consommation et pour le recyclage. L'extraction sous-marine est "le pire moyen, le plus destructeur de l'environnement, et le plus cher (...), ce n'est pas l'avenir", déclare à l'AFP Bobbi-Jo Dobush, de l'ONG The Ocean Foundation, qui doute de la viabilité du secteur et de TMC. (…)
Exploitation des fonds marins du Pacifique : l'entreprise canadienne soutenue par Nauru se tourne vers Donald Trump (Polynésie 1ère)
# Isabelle Forge-Allegret, nouvelle directrice du centre du Pacifique de l'Ifremer, était l'invitée de notre journal ce lundi. L'Institut, qui travaille au développement des connaissances scientifiques sur la région Pacifique avec ses trois centres calédoniens et celui de Vairao, alerte sur les possibles conséquences d'une exploitation industrielle des grands fonds. "On a vraiment un devoir de connaissance de ces grands fonds avant de prendre toute décision sur son exploitation" , explique-t-elle.
(…) TNTV : Il y a des espèces qu’on connaît et celles qu’on ne connaît pas. L’exploration et surtout l’exploitation des ressources minières subaquatiques est au cœur des débats. À ce propos, quel est votre champ d’intervention, votre champ d’action ?
I. F-A : « Pour l’Ifremer, c’est une priorité d’explorer les grands fonds, dans le côté d’exploration. L’autre grande priorité, c’est un océan sain et nourricier, qui est vraiment essentiel aujourd’hui. On a besoin de connaissances sur les grands fonds, que l’on n’a pas aujourd’hui (…). C’est un sujet que l’Ifremer porte avec la Polynésie, pour la Polynésie, pour en faire un phare dans le Pacifique sur ces sujets là qui concernent également tous nos voisins du Pacifique. Ce ne sont pas des moyens qu’on a ici aujourd’hui, ce sont des moyens de l’Hexagone, qui vont permettre de déployer une chaire scientifique (…)
« L’Ifremer a un devoir de connaissance des grands fonds avant toute exploitation » (TNTV)
Autres sujets abordés lors de cet entretien : l’adaptation au réchauffement climatique , la pollution des lagons, des océans, l’activité perlicole…
* Pour plus d'infos : Une entreprise canadienne en quête d'un partenariat américain pour ratisser les océans (France 24)
Pour rappel: Exploitation minière en eaux profondes : enjeux écologiques, économiques et culturels (AvA-Infos)01/04/25