La conservation de la bonne santé des écosystèmes marins et littoraux - en particulier pour maintenir leur biodiversité - exige des actions de protection et de réhabilitation. Mais il est aussi souvent nécessaire, en amont, d'acquérir des connaissances adaptées notamment aux problématiques de l'élévation du niveau de la mer et de la décarbonation. Sept initiatives (en Polynésie française et dans le Pacifique) à découvrir dans cette revue de presse.
Dans cette revue de presse:
- L'association polynésienne Te mana o te moana qui œuvre pour soigner les tortues marines depuis bientôt 20 ans a lancé une collecte de dons pour renforcer ses actions ;
- Protection des baleines: vers une nouvelle réglementation ? l’association Mata Tohora incite le gouvernement à un durcissement de la loi
- La Fondation de la Mer a lancé l’appel à projets SOS Corail 2024 qui a pour objectif de contribuer à la protection et la réhabilitation des écosystèmes des mangroves dans les outre-mer français ;
- Organisation, dans le cadre du nouveau plan de gestion de l’Aire Marine Gérée (AMG) Te Tainui Atea, d’un séminaire dédié à la construction de la future stratégie du Pays en matière d’acquisition de connaissance sur les écosystèmes profonds ;
- Sea'ties - initiative internationale de la plateforme Océan & Climat – a publié son rapport pour l’adaptation des villes du Pacifique à l'élévation du niveau de la mer ;
- Initiative originale de parrainage pour protéger les eaux territoriales de la petite île (autonome en libre association avec la NZ) de Niue ;
- Zoom sur le projet Hope “How do diazotrophs shape the ocean biological carbon pump ?” : une innovation qui pourrait révolutionner l’océanographie pour répondre aux enjeux de décarbonation des pratiques et d’observation fine et complexe de l’océan sans intervention humaine.
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# Elle fait désormais partie du paysage des associations de protection de l'environnement en Polynésie française. L'association Te mana o te moana œuvre pour soigner les tortues marines et pour sensibiliser. Basée à Moorea depuis 19 ans, elle a déménagé à Tahiti l'année dernière. Elle célèbre ses 20 ans cette année. Pour autant, elle a toujours besoin de soutien, notamment pour acheter un véhicule.(…) Depuis mi-février, l'association a lancé une collecte de dons sur la plateforme de la Fondation Anavai. Celle-ci “a été créée pour aider les associations, à se présenter, à se faire connaître et surtout à collecter des dons pour financer des projets ponctuels”, explique Vaheana Chang, directrice de la fondation. Et chaque cagnotte est reversée à 100% aux associations. (...)
Te mana o te moana : l'association célèbre ses 20 ans cette année et a besoin de soutien (Polynésie 1ère)
+ Le site Internet de l’association https://www.temanaotemoana.org/fr/
La page FB de Te mana o te moana
# La Polynésie française a été classée sanctuaire pour la protection et la sauvegarde des mammifères marins en 2002. Mais plus de 20 ans après, pour l'association Mata Tohora, les eaux polynésiennes ne sont plus un territoire paisible pour les baleines. Les infractions sont beaucoup trop nombreuses, et l'association demande à durcir la réglementation. (…) Poursuite, encerclement, et distance minimum non respectée, les infractions à Tahiti stressent les baleines. À Moorea, l’association constate que la réglementation est respectée, mais le surnombre de prestataires l’incite à proposer un durcissement de la loi. Elle formulera une demande écrite au président du Pays : pour limiter le temps d’observation, limiter le nombre de bateaux autour de la baleine, et enfin instaurer une période d’interdiction d’observation, à partir de 14 heures dans l’idéal. Agnès Benet, présidente de l'association "Mata Tohora" nous explique les raisons de cette proposition (…)
Protection des baleines: vers une nouvelle réglementation ? (Polynésie 1ère)
Le site Internet de l’association Mata Tohora
Alors que l'association de protection des mammifères marins, Mata Tohora, vient de publier son bilan d'activité 2023, sa présidente, Agnès Benet, est revenue pour Tahiti Infos sur le changement de comportement des baleines ces 15 dernières années. Des modifications d'habitudes dûes notamment à une importante augmentation (+256% en 10 ans) du nombre de bateaux de whales watching en Polynésie, en particulier sur Moorea et Tahiti. Le sanctuaire que se voulait être la Polynésie pour les baleines devient de plus en plus inamical pour ces cétacés. (…)
Baleine, un sanctuaire polynésien qui s'oxyde (Tahiti Infos) actualisé le 26/02
# La Fondation de la Mer a créé en 2021, en partenariat avec l’Initiative Française pour les récifs coralliens (Ifrecor), la plateforme de financement participatif SOS Corail. Son but est de réunir et fédérer le plus grand nombre pour œuvrer en faveur de la protection et la gestion durable des récifs coralliens, les mangroves et les herbiers, qui jouent un rôle essentiel dans l’équilibre des océans et de la planète. Cette plateforme de financement participatif permet de récolter et de redistribuer des fonds pour déployer des actions concrètes dans le but de préserver ces écosystèmes.
(…) Les mangroves sont des forêts tropicales situées à l’interface entre terre et mer, le long des côtes et des estuaires. Indispensables à la vie de nombreuses espèces de poissons, crustacés, mollusques mais aussi amphibiens et oiseaux, elles abritent une faune et une flore très riches. Véritables puits de carbone, avec une capacité de stockage cinq fois supérieure à celle des forêts continentales, elles permettent également de limiter l’érosion des sols, de préserver les littoraux des catastrophes naturelles et jouent donc un rôle primordial contre les effets du réchauffement climatique.
En 30 ans, 20% de la superficie mondiale des mangroves a disparu, dont 60% en raison des activités humaines. Selon l’UNESCO, les mangroves disparaissent trois à cinq fois plus vite que les pertes forestières mondiales globales. Leur déclin a des impacts écologiques et socio-économiques graves. L’appel à projets SOS Corail 2024 a pour objectif de contribuer à la protection et la réhabilitation des écosystèmes des mangroves dans les outre-mer français. (…)
En savoir plus, dans l’article : Financement des projets : entre 15 000 euros et 150 000 euros... Modalités de candidature : ici
SOSCorail 2024 : l’appel à projets pour la protection des mangroves, lancé jusqu’au 2 avril (La Dépêche)
Si les services écosystémiques que les mangroves procurent sont largement admis par la communauté scientifique et les décideurs, il faut se demander si la présence du palétuvier dans l’archipel polynésien n’est pas nuisible à long terme : atouts et contraintes semblent se regarder en chien de faïence, mais ce qui est sûr, c’est que la situation actuelle nécessite une prise de décision partagée par l’ensemble de la société.
La submangrove de Polynésie Française : groupement vicariant ou entité à part entière ? (zones-humides.org)
Pour rappel : Afin d’associer directement les Français aux actions sur le climat, Nicolas Hulot a lancé, lors de la COP 23, un appel à initiatives citoyennes intitulé « Mon projet pour la planète » permettant à des particuliers et des associations de proposer des projets dans les domaines de l'énergie, de l'économie circulaire et de la biodiversité. Parmi les 44 lauréats, le projet « Surveillons la mangrove de Polynésie française ensemble » de la FAPE a été retenu et bénéficie aujourd'hui d'un financement de l’Agence Française pour la Biodiversité (AFB) pour être mené à bien.
Surveillons la mangrove de Polynésie française ensemble ! (teoranaho-fape.org)
# Organisation, le 6 mars, d’un séminaire d’une journée dédiée à la construction de la future stratégie du Pays en matière d’acquisition de connaissance sur les écosystèmes profonds et en particulier sur les monts sous-marins. Cette initiative s’inscrit dans le cadre du nouveau plan de gestion de l’Aire Marine Gérée (AMG), Te Tainui Atea, et plus précisément le deuxième des quatre Objectifs Long Terme (OLT2) : renforcer la protection des écosystèmes profonds en s’appuyant sur la recherche scientifique et les savoirs traditionnels.
Organisation d’un séminaire « Grands fonds » le 6 mars In Compte rendu du conseil des ministres du 21 février 2024 (Tahiti News)
# Adapter les villes du Pacifique à l'élévation du niveau de la mer. C'est l'objet du rapport publié par Sea'ties qui, après plusieurs années d'échange avec les scientifiques et les acteurs locaux, fait des recommandations pour surmonter ces défis. Particulièrement vulnérable face à la montée des eaux, la Polynésie française est en première ligne avec ses 118 îles.
Sea'ties est une initiative internationale de la plateforme Océan & Climat lancée en 2020 pour faciliter l'élaboration de politiques publiques et la mise en œuvre de solutions d'adaptation pour les villes côtières exposées à la montée des eaux. Elle mobilise des villes de taille moyenne présentant une diversité de contextes climatiques évidemment, mais aussi géographiques, sociaux, économiques et politiques. (…)
Comment s'adapter à la montée des eaux (Tahiti Infos)
# Une petite île sans grandes ressources a lancé en septembre dernier une initiative pour le moins novatrice afin de protéger son écosystème : offrir de parrainer, pour 140 euros, la protection d'un km2 du Pacifique. (Niue, sur Wikipedia)
140 euros pour parrainer 1 km2 des eaux territoriales de Niue (Polynésie 1ère)
# Quelle est l’intensité de cette pompe à carbone alternative ? Ces micro-organismes marins pourraient-ils absorber davantage de CO2 qu’on ne le pense ? Et ainsi participer à atténuer le changement climatique ? C’est ce que le projet Hope “How do diazotrophs shape the ocean biological carbon pump ?” va explorer durant quatre ans en couplant des approches à l’interface entre l’océanographie microbienne, la géochimie et technologie des capteurs autonomes grâce à la bouée profileuse intelligente.
Cette plate-forme haute technologie de 8,5 mètres de haut et 5 mètres de diamètre est autonome en énergie car alimentée par des panneaux solaires et des éoliennes. Une innovation qui pourrait révolutionner l’océanographie pour répondre aux enjeux de décarbonation des pratiques et d’observation fine et complexe de l’océan sans intervention humaine avec des données transmises en temps réel à la terre qui permettront, in fine, d’améliorer les modèles de climat. Le montage de la bouée aura lieu du 22 au 29 février au quai des scientifiques à Nouméa en Nouvelle Calédonie.
Hope, une bouée pour étudier la capacité des océans tropicaux à piéger le carbone (La Dépêche)