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Plus de 99% des fonds marins n'ont pas été observés directement... C'est dire la méconnaissance que l'on peut avoir de cette partie du milieu océanique dont la surface, à elle seule, représente 71% du globe terrestre. Quelles conséquences écologiques pourraient avoir leur exploitation inconsidérée ? ; Le congrès One Ocean Science auquel perticipent des Polynésiens se tient à Nice du 3 au 6 juin. Il servira de base scientifique à la 3e Conférence des Nations unies sur les océans. Tamatoa Bambridge, membre du conseil scientifique, est chargé depuis deux ans de la sélection des thèmes et recommandations de ce congrès ; Dans le cadre d’un projet innovant de science participative, des chercheurs basés à l’Ifremer de Vairao travaillent en partenariat avec des élèves du lycée Taiarapu Nui ; L’école Paofai, avec son projet "To’anui malade" et la société Odewa qui s’intéresse aux déchets dans le lagon, se mobilisent pour l’environnement face à l’impact des déchets liés à l’industrie perlière ; Quant à l'Intelligence Artificielle (IA), si elle permet des avancées remarquables en matière de gestion des connaissances du milieu naturel, elle a "un impact réel, tangible sur la société et sur l’environnement". 

 

 

# On l’a beaucoup entendu et répété : les scientifiques ont engrangé bien plus de connaissances sur l’espace que sur les océans. Pourtant les planchers océaniques représentent 71 % de la surface totale de la Terre et environ 93 % d’entre eux sont de grands fonds, c’est-à-dire situés à une profondeur de plus de 200 mètres, rappelle New Scientist.
“Si la majorité a été cartographiée grâce aux satellites et aux sonars embarqués sur des bateaux, une infime partie a été directement observée”, poursuit l’hebdomadaire britannique. Plus précisément, 99,999 % des fonds marins n’ont pas été observés directement par l’humain.
(…). Pour la première autrice de l’étude, il est essentiel de lancer des campagnes d’observation des grands fonds. Car “l’exploration limitée d’une région aussi vaste devient un problème critique tant au niveau scientifique qu’au niveau réglementaire étant donné les menaces qui pèsent sur les grands fonds océaniques, et qui relèvent aussi bien du changement climatique que de la potentielle exploitation des ressources minières”, rapporte Cosmos.

99,999 % des fonds marins n’ont pas été observés directement par l’humain (Tahiti News) - d’après courrierinternational.com

 

# Le chercheur du CNRS Tamatoa Bambridge est l’unique Polynésien, et d’ailleurs l’unique Français, parmi les 19 membres du conseil scientifique chargé depuis deux ans de sélectionner les thèmes et recommandations du congrès One Ocean Science qui se tient à Nice du 3 au 6 juin, et qui servira de base scientifique à la 3e Conférence des Nations unies sur les océans. Tour d’horizon des sujets qui seront abordés, des raisons d’espérer et des motifs d’inquiétude.
Anthropologue et sociologue, chercheur au CNRS et autorité sur les pratiques de rahui, Tamatoa Bambridge est le seul Polynésien membre du conseil scientifique, chargé depuis deux ans de la sélection des thèmes et recommandations du congrès One Ocean Science qui servira de socle aux échanges de l’UNOC3, la conférence des Nations Unies sur les océans qui se tient à Nice début juin. Deux ans à lire les 1 800 abstracts et les innombrables propositions, à faire un tri en prenant soin d’inclure des jeunes, des femmes, des chercheurs de pays moins entendus sur la scène internationale, à organiser les présentations et le dispositif de communication, mais aussi à décerner une centaine de bourses et même à préparer un spectacle à l’Opéra de Nice qui mettra en scène les recommandations. Plus de 2 100 scientifiques du monde entier sont attendus à Nice, et c’est un peu grâce à lui. Dix grands thèmes ont été retenus, dont la protection et la gestion durable des écosystèmes marins et littoraux, la connaissance des grands fonds marins et leur utilisation durable, l’accès équitable aux ressources génétiques marines et aux ressources alimentaires, la transparence du secteur des pêches, la pollution plastique des océans, ou encore la réduction de l’empreinte carbone du transport maritime qui progresse rapidement mais supposera des investissements colossaux dans les infrastructures. Et, pour la première fois dans un congrès de ce type, les droits de la nature, dit Tamatoa Bambridge. (…). Les coupes budgétaires du gouvernement américain privent les scientifiques de nombreuses données, alerteront aussi les scientifiques à Nice. C’est particulièrement vrai dans le Pacifique, où de nombreux pays sont dépendants de la NOAA (l’administration nationale océanique et atmosphérique) mais n’ont plus accès à ses observations, alors qu’aucun autre système n’est encore en mesure de prendre le relais. (…). Quant à la délégation polynésienne, ses deux grands sujets devraient être les aires marines gérées et l’exploitation minière des grands fonds marins. Sur le premier sujet, il affirme : « L’efficacité des aires marines gérées françaises n’est que de 6%. » Sur le second, il prévient :  « Il y a trois pays qui veulent exploiter les ressources minières sous-marines, Nauru, Tonga et les îles Cook. À titre personnel, je crois qu’il  faut regarder en détail comment ils pourraient le faire ou pas. Ce qu’il ne faudrait pas, c’est que le moratoire soit associé avec une idéologie de pays riches (…). Il faut trouver un juste milieu. » Le congrès va aussi tirer le bilan de la COP21 (2015) qui avait fixé l’objectif de limiter avant 2050 le réchauffement climatique à 1,5° au-dessus du chiffre de la période pré-industrielle. Et il est mauvais : ce sera +2,8°, dit Tamatoa Bambridge. Mais il y aussi de bonnes nouvelles : grâce à la politique volontariste de la Chine, l’objectif de 30% d’énergies renouvelables à 2030 sera dépassé. (…) En conclusion, il rappelle un autre chiffre : « 80% des terres et des océans conservés aujourd’hui, c’est grâce à 4% de la population, tous des populations dites indigènes ou locales. Et c’est grâce à eux, en fait, qu’on a encore des environnements encore non perturbés ».

Tamatoa Bambridge, deux ans de préparation pour le congrès One Ocean Science de l’ONU  (Radio 1)

# Dans le cadre d’un projet innovant, des chercheurs basés à l’Ifremer de Vairao travaillent en partenariat avec des élèves du lycée Taiarapu Nui. L’objectif ? Expérimenter un nouveau protocole de prélèvement d’eau de mer pour les analyses d’ADN environnemental, grâce à des petites sphères sur-mesure : les metaprobes.  
Ce mardi (13 mai), 12 élèves du lycée polyvalent Taiarapu Nui de Taravao spécialisés en Sciences de la vie et de la Terre (SVT) avaient rendez-vous à l’Ifremer pour participer à un projet de recherche. (…) Guidés par Corentin Vincent, volontaire en service civique spécialisé en biologie moléculaire, les élèves ont assuré la préparation en laboratoire. (…) “Ce projet permet d’intégrer pleinement les élèves pour la partie scientifique. L’autre intérêt, c’est de leur faire découvrir l’Ifremer, nos approches et les différents métiers”, remarque Yann Dorant (chercheur en génétique), qui espère susciter des vocations. (…).
Quelles applications ? Les prélèvements d’eau intéressent différents projets d’étude. “Avec des suivis réguliers, on cherche par exemple à savoir si des vagues de chaleur peuvent impacter la biodiversité dans des atolls où on cultive l’huître perlière, pour essayer de déceler des événements de perturbation de l’écosystème. Autre exemple avec la question de la baie Phaëton en tant que nurserie de requins-marteaux : en prélevant de l’ADN dans l’eau tous les 15 jours, on peut être capables de dire s’ils sont là et à quelle période de l’année”, explique Yann Dorant.

La science participative se jette à l’eau (Tahiti Infos)

Analyse ADN du lagon: immersion scientifique des élèves de Taiarapu Nui (TNTV) replay du JT du 13/03/25, de 18’48’’ à 21’38’’ - Disponible jusqu'au 11/08/2025

 

# Elles ont toutes les deux conquis le cœur du public lors des trophées To’a Reef : l’école Paofai, avec son projet "To’anui malade" et la société Odewa qui s’intéresse aux déchets dans le lagon, se mobilisent pour l’environnement. À travers des ateliers, les élèves sont sensibilisés à l’impact des déchets liés à l’industrie perlière. Une pollution, loin de les laisser indifférents.
Si elles font la fierté du Pays, les perles noires sont aussi source de pollution du lagon. Les matériaux utilisés pour les produire – notamment ceux qui permettent d’accrocher les huîtres – et les nucléus en plastique qui reçoivent les couches de nacre formant les perles y contribuant grandement. Récompensée lors des trophées To’a Reef de l’Ifrecor, le bureau d’études Odewa, porteuse du projet Te Ma Tairoto, teste justement un mini-robot pour cartographier les déchets immergés, et proposer des solutions de nettoyage. Ludique, il contribue à la sensibilisation en milieu scolaire. Porteur du projet, Charles Tegakau-Raparii est intervenu à l’école Paofai, ce lundi, pour animer des ateliers de sensibilisation sur l’impact lié à la pollution du lagon auprès des plus jeunes. (…). L’école Paofai, déjà impliquée dans la protection de l’océan multiplie les opérations pour éveiller la conscience écologique des élèves. Ceux-ci, notamment ceux originaires de la partie urbanisée de Tahiti, se montre pour la plupart réceptifs, selon la directrice de l’école Line Tupu. (…) « Ils ont écrit une loi qu’ils ont présentée à l’Assemblée des représentants juniors. Cette loi-là va être concrétisée à Nice – au sommet des Océans, (ndlr – au mois de juin). Elle stipule qu’il faut vraiment renforcer le contrôle en ce qui concerne les déchets perlicoles, détaille-t-elle. Dans un premier temps les apprentissages se font à l’école sur cette thématique-là, mais la finalité, c’est vraiment une représentation théâtrale qui aura lieu le 10 juin à la salle Manu iti à Paea » .
Les sept classes participantes y expliqueront au public la façon dont sont générés, puis gérés, les déchets perlicoles, ainsi que les solutions existantes pour réduire la pollution.

Les écoliers de Paofai sensibilisés à l’impact des déchets perlicoles (TNTV)

# Générer des textes, images ou vidéos coûte cher à la planète. Comment réduire notre impact tout en continuant d’utiliser des IA génératives ? Éclairages avec Taiamiti Edmunds, développeur en IA et Thomas Benlolo, consultant en transition numérique responsable.
De la tendance Ghibli aux starter packs, les images générées ou retouchées grâce à l’intelligence artificielle sont partout sur la Toile. Une mode qui coûte cher à la planète : 500ml d’eau consommée par requête à ChatGPT… Le chiffre provient d’une étude publiée en fin d’année 2024 par des chercheurs de l’université de Riverside en Californie. "En fait, ça consomme énormément d’eau parce qu’aujourd’hui, pour générer une image, on fait appel aux derniers modèles qui sont très gourmands en calcul", explique Taiamiti Edmunds, consultant et développeur en IA. (…). Consommation d’eau, mais aussi et surtout d’énergie. L’Agence internationale de l’Énergie (AIE) anticipe une explosion de la consommation d’électricité du secteur de l’IA d’ici 2026, jusqu’à 10 fois ce qui était consommé en 2023. (…). Selon le développeur en IA, une « petite requête sur ChatGPT » peut consommer plus d’énergie qu’une courte période de streaming en basse résolution. « Pour une image en général, ça sera équivalent à, à peu près 20 minutes de vidéo. » Au niveau national, des réflexions sont menées pour une IA « frugale », « qui utilise moins de ressources (matières premières, eau, électricité…) sur l’ensemble de son cycle de vie ». Un référentiel a même été publié en juin 2024. Il a pour objet de fournir aux organismes qui souhaitent développer une solution d’IA une méthodologie d’évaluation de l’impact environnemental et de bonnes pratiques à adopter. Thomas Benlolo est consultant en transition numérique responsable au fenua. (…) Pour lui, le développement des IA génératives et leur utilisation en entreprise sont un nouveau défi. Pour lui, il est essentiel « d’inclure l’IA dans une stratégie et qu’au cœur de cette stratégie, il y ait cette responsabilité environnementale, responsabilité sociale et environnementale ». (…). Chez soi comme dans le milieu professionnel, il est également important selon Thomas Benlolo de prendre conscience que le « monde virtuel a un impact réel, tangible sur la société et sur l’environnement (…). »

IA génératives : un impact réel sur l’environnement (TNTV)

Pour en savoir plus :
https://www.ecologie.gouv.fr/actualites/intelligence-artificielle-durable
https://drane-versailles.region-academique-idf.fr/spip.php?article1167

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