A la mi-mars, un navire de pêche chinois s’est échoué sur le récif d’un atoll des Tuamotu, Arutua. Au risque de pollution, s’est ajoutée la constatation d’une infraction caractérisée des conditions imposées dans la ZEE de Polynésie française, sanctuaire protégé de requins. En avril, bien que les autorités du Pays et de l’Etat estiment qu’il n’y aurait pas eu pêche illégale à l’intérieur des eaux polynésiennes, la FAPE porte plainte pour détention d’espèces protégées dans ses cales, en violation de l’article LP 2211-3 du Code de l’environnement.
Du 21 mars au 15 avril, une quinzaine d’articles (médias locaux et nationaux) ont fait état de cet accident et des interrogations qui se posent à son propos et de ses conséquences. On en trouvera ci-dessous un résumé. Pour plus d’infos, la liste de ces articles et le communiqué de presse de la FAPE qui soutient un dépôt de plainte.
Les faits
Suite à une avarie, après avoir passé plus de 7 mois en mer, un navire de pêche chinois s’était rendu à Tahiti le 15 mars dernier pour réparation. Après un contrôle à quai, il a fait le plein de vivre et de carburant avant de reprendre la mer le 20 mars, pour poursuivre sa campagne de pêche en dehors de la ZEE polynésienne sans avoir rien débarqué au quai de Papeete, car le poisson sous cale était destiné à un circuit de vente étranger, assurent les autorités.
Malgré ces réparations, le navire s’est échoué sur le platier récifal ouest de l’atoll d’Arutua, aux Tuamotu, le 21 mars, avec à son bord 250 tonnes de carburant de bord, des huiles de bord, 15 tonnes de poisson et 62 tonnes d’appâts. Le "Shen Gang Shun 1" est propriété d’un armateur chinois, Shenzen Shengang Overseas Industrial Co. LTD, et est exploité par une société basée à Taiwan.
Bilan de l’opération
1) Pas moins de 36 marins ont dû être hélitreuillés deux jours après son échouement (pour quel coût ?). Et subir une étape de confinement, en pleine crise de Covid19.
2) Le navire, endommagé par le récif, était aussi victime d’une voie d’eau et la salle des machines inondée par un mélange huileux. Le Shen Gang Shun 1 qui venait de ravitailler abritait 250 000 litres de gasoil « au minimum », d’après l’équipe d’Arutua qui a pu monter à bord. D’où risque de pollution et gros moyens à mettre en œuvre pour l’empêcher…
3) De la chair et des ailerons de requins, notamment, y ont aussi été retrouvés…
Statu quo des autorités de l’Etat et du Pays
Dans un communiqué de presse, le Haut-commissariat de la République en Polynésie française a indiqué que "les moyens aériens, maritimes et satellitaires déployés, par l’État, garantissent qu’aucun navire étranger ne pêche dans les eaux polynésiennes". D’après ce communiqué, “ la France est actuellement le pays qui exerce le plus haut niveau de contrôles des navires de pêche étrangers dans le Pacifique, numéro 1 devant les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie”.
Dans un autre communiqué le vice-président, Teva Rohfritsh, a lui aussi indiqué qu’il n’y avait eu aucune pêche illégale à l’intérieur des eaux polynésiennes.
Réaction des associations de protection de l’environnement
Outre les risques de pollution marine consécutifs à son échouage, Te Ora Naho - la Fédération des associations de protection de l’environnement (Fape) - a néanmoins annoncé souhaiter porter plainte contre ce navire de pêche chinois pour avoir détenu des espèces protégées telles que des requins dans ses cales, ce qui est interdit par l’article LP 2211-3 du code de l’environnement. Leurs têtes et leurs ailerons découpés ont été insérés dans leurs ventres recousus. Ces agissements sont en effet constitutifs de délits réprimés par le Code de l’environnement. « Comment un Pays comme la Polynésie française qui est fière, et à juste titre, d’être le plus grand sanctuaire de requins au monde, permettrait que sa Zone Economique Exclusive soit quotidiennement traversée par des bateaux étrangers qui ont des cales remplies de requins morts ? » s’interroge la Fape. Te Ora Naho rappelle que le code de l’environnement dans son article LP 2211-3 stipule que « sont interdits en tout temps et en tout lieu, qu’ils soient vivants ou morts… la détention et le transport… des spécimens d’espèces protégés classés en catégorie B. »
Lire en PJ le communiqué de presse de la FAPE