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Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 essais nucléaires à Mururoa et Fangataufa (Tuamotu). Le suivi et le contrôle de la surveillance radiologique et géomécanique de ces deux atolls, mais aussi les conséquences sanitaires radio-induites, sont à l'origine d'interrogations qui prennent aussi un tour politique et socio-économique. Samedi 9 mars, une délégation composée d'élus, de membres du gouvernement polynésien, de représentants d'associations et d'anciens travailleurs, a pu visiter l'ancien site d’expérimentation nucléairede Moruroa à l'occasion de la dernière mission annuelle "Turbo" du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) visant à en surveiller l'évolution. 

 

 

 

Une délégation État/Pays/associations d'anciens travailleurs a visité l'atoll de Moruroa, samedi (09/03), avec à la clé un exposé des missions de surveillance Turbo et Telsite. Un gage de bonne volonté pour les acteurs de l'opposition, qui ont pu constater que le niveau de radioactivité était aujourd'hui quasiment nul et que la situation est très encadrée, même si certains restent sur leur faim de réponse. (…) Née en 1997 suite à l'expertise radiologique de Moruroa et Fangataufa par l'Agence internationale de l'énergie atomique, la mission Turbo a pour objectif “d'assurer la direction, le suivi et le contrôle de la surveillance radiologique et géomécanique de Moruroa et Fangataufa”, déclare la médecin-chef Anne Marie Jalady du Département de suivi des centres d'expérimentation nucléaire (DSCEN). Sur cette île où reposent deux puits de déchets hautement contaminés à 1200 mètres de profondeur, et une vingtaine de puits pour des déchets moins contaminants, un suivi demeure de “la responsabilité de la France”, témoigne aujourd’hui le haut-commissaire Éric Spitz.

(…) L'exposition aux radiations ne serait donc plus à craindre ; reste encore la menace du glissement d’un volume important du soubassement coralien de l'atoll qui pourrait provoquer la formation d'une vague de plusieurs mètres, mettant en potentiel danger les habitants de l’atoll voisin de Tureai ; mais aussi le personnel déployé sur Moruroa. Cette crainte est liée à la fragilisation d'une partie des sous-sols de l'atoll au nord de celui-ci, “en conséquence des 46 essais atmosphériques et 147 essais souterrains dits ‘essai de puits’ réalisés sur les deux atolls”, rappelle Anne Marie Jalady.

Nucléaire - L’État joue la carte de la transparence sur l’atoll du “grand secret” (Tahiti Infos)

Moruroa et Fangataufa sont propriétés de l’armée. Les civils ne peuvent s’y rendre librement. Une mission Etat-Pays était organisée, hier, en présence d’élus et d’associations. Objectif : faire le point sur la surveillance de l’atoll et rendre hommage aux 3 anciens travailleurs décédés dans une explosion accidentelle à l’époque du CEP.

Visite guidée sur l’atoll du grand secret… Chaque année, la mission Turbo du Commissariat à l’Energie Atomique vise à surveiller l’ancien site d’expérimentation nucléaire. Des prélèvements effectués dans le lagon, au large et dans les sols de Moruroa et Fangataufa, mais aussi sur la faune et la flore, afin d’en mesurer la  radioactivité. (…) Au puits de stockage n°1, les déchets radioactifs sont enfouis sous la roche. Il existe au total une trentaine de puits comme celui-ci, avec des déchets à des degrés de radioactivité différents. (…) Entre 1966 et 1996, la France a procédé à 193 essais nucléaires. Depuis, Moruroa et Fangataufa restent propriétés de l’armée.

La surveillance de Moruroa expliquée aux autorités du Pays (Polynésie 1ère)

Les élus du Tavini Huiraatira, les associations et les anciens travailleurs, ont foulé le sol de Moruroa samedi 9 mars, à l’invitation de l’État. Une démarche de transparence sur la surveillance radiologique et géomécanique des anciens sites d’expérimentations nucléaires. (…)

Objectifs de la visite :
– Présenter aux élus et aux représentants des associations : les installations et sites majeurs de l’atoll ; la mission « Turbo » de surveillance radiologique annuelle.
– Informer les élus et les associations concernant le système de télésurveillance TELSITE mis en place afin de surveiller en permanence la stabilité de la couronne corallienne de Moruroa.

Ce dispositif permet d’anticiper plusieurs semaines à l’avance les éventuels risques de vague de submersion en cas de glissement d’un volume important du massif calcaire. Il assure ainsi la sécurité des personnes présentes sur cet atoll et des habitants de Tureia.

Visite du Pays et de l’État à Moruroa (TNTV)

 

(…) Après l’arrêt des expérimentations nucléaires françaises en 1996, la surveillance géo-mécanique des atolls de Moruroa et Fangataufa s’est poursuivie “selon les recommandations des experts de l’International Geomecanical Commission” expliquent les services de l’Etat. Elle repose sur le système automatique de télésurveillance Telsite, mis en œuvre par le CEA grâce au soutien logistique des Forces armées en Polynésie française.

Depuis 2018, Telsite s’appuie sur l’acquisition et la réception entièrement automatisées de mesures sur site, “transmises par liaison satellite continue au CEA, basé en métropole”. Ce système comprend un réseau de divers capteurs sismiques implantés en profondeur et en surface, de stations GPS et d’appareils de mesure du mouvement des différentes couches géologiques successives, “permettant de mesurer avec exactitude les plus infimes mouvements de terrain.”(…)

Déplacement Etat/Pays à Moruroa : la France “ne lève pas sa surveillance” de l’atoll (La Dépêche)

(…) Il s’agissait ici de présenter aux élus et aux représentants des associations : les installations et sites majeurs de l’atoll, notamment la mission « Turbo » de surveillance radiologique annuelle. Mais aussi et surtout d’informer les élus et les associations sur le système de télésurveillance Telsite mis en place afin de veiller en permanence à la stabilité de la couronne corallienne de l’ancien atoll ayant servi, trente années durant, aux expérimentations atomiques françaises dans la région. Ce dispositif – et c’est la préoccupation majeure des autorités locales – permet d’anticiper plusieurs semaines à l’avance les éventuels risques de vague de submersion en cas de glissement d’un volume important du massif calcaire. (…)

Surveillance de Moruroa: la France joue la transparence (Tahiti News) actualisé le 11/03

 

Pour en savoir plus : Nucléaire : débat sur l’accès à l’information sur l’indemnisation des victimes des essais (TNTV) 09/03/24; Conséquences des essais nucléaires : « L’État français savait avant, savait pendant », affirme un scientifique à l’Assemblée Nationale (TNTV) 19/01/24

+50 articles évoquant le sujet du nucléaire en Polynésie française (in le moteur de recherche, AvA-Infos)

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# (…) Héritage du Centre d’expérimentation du Pacifique : 10 points toujours source de débats entre le Pays et l’État

1/Le rythme d’indemnisation dans le cadre de la loi Morin ; 2/Le seuil du millisievert, toujours vécu par certaines associations comme une nouvelle version du “risque négligeable” ; 3/La “dette” de l’Etat envers la Caisse de prévoyance sociale (CPS) au titre des cancers qui se trouvent listés dans les pathologies radio-induites de la loi Morin ; 4/La stabilité géomécanique de la couronne récifale de Moruroa, qui présente des failles surveillées par le système Telsite II d’un coût a minima de 13 milliards de francs (CFP) ; 5/Le futur “musée de la mémoire” du fait nucléaire sur le Front de mer de Papeete ; 6/Le retour “impossible” de Moruroa et Fangataufa dans le patrimoine foncier de la Polynésie française, tel qu’initialement prévu par l’Assemblée ; 7/La présence de plutonium 239 (entre 4 et 8 kg selon les sources), “dans les sédiments du lagon” ; 8/L’utilité du déplacement à Paris d’une délégation polynésienne dans le cadre de Reko Tika ; 9/ Le non-respect de la parole présidentielle puisque sous Chirac, l’Elysée avait promis à la Polynésie une “rente à vie” de 18 milliards de francs/an ; 10/ Le tri des archives déclassifiées.

Nucléaire – Déplacement Etat/Pays à Moruroa : les 10 points qui font toujours débat (La Dépêche)

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Conséquences sanitaires aujourd'hui dans le lagon de Moruroa : radioactivité ou ciguatera ?

C’est de notoriété publique : la trentaine de militaires stationnés sur l’atoll du CEP et des essais nucléaires n’a pas le droit de manger des poissons de ce grand et riche lagon. Par peur des radiations ? Pas du tout, répondent les autorités : la ciguatera, qui se développe dans les atolls où le récif a été fortement perturbé, touche beaucoup d’espèces à Moruroa. Et vu l’isolement de la base, l’armée ne peut pas se permettre de risquer une contamination généralisée. (…) Dans les années 90, le mouvement anti-nucléaire y voyait un aveu, en creux, de la contamination toujours forte du lagon. Aujourd’hui encore, dans les discussions politiques ou sur les réseaux sociaux, certains aiment à dire, en substance, que « si l’État était sûr qu’il n’y a plus de radiations, il laisserait ses militaires pêcher dans le lagon ». L’État, pourtant, semble certain de ses mesures de surveillance radiologique, renouvelées tous les ans au travers de la mission Turbo, qui implique 70 personnes par an, militaires et civils, et qui passe par l’expédition et l’analyse de 1 200 kilos d’échantillons organiques ou minéraux. La présentation de ce protocole et le rappel de ses résultats, déjà dévoilés aux élus et au public lors de la commission d’information annuelle, en novembre, était d’ailleurs un des objectifs principaux de la visite de samedi. Les invités participant – dont une demi-douzaine d’élus Tavini – ont par exemple pu voir quelques chirurgiens et un mérou, tout juste pêchés dans le lagon de « Muru », déjà congelés et conditionnés pour être envoyés vers Paris pour analyse. (…) Mais alors pourquoi ne pas pêcher dans ce lagon, par ailleurs très habité après bientôt 30 ans de quasi-inactivité sur l’atoll ? Par principe de précaution… contre la ciguatera, c’est ce qu’affirme l’armée. (…)

A Moruroa, on ne mange toujours pas le poisson du lagon… « à cause de la ciguatera » (Radio 1) actualisé le 11/03

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Conséquences sociales et économiques

La CPS et le président de son conseil d'administration, Patrick Galenon, ont dévoilé ce vendredi matin, devant l'assemblée plénière du Cesec, les dépenses engagées entre 1985 et 2023 par la Caisse de prévoyance sociale pour le traitement des maladies reconnues radio-induites par la loi Morin. Une somme astronomique qui dépasse aujourd’hui les 95 milliards de francs.

Maladies radio-induites entre 1985 et 2023 : 95 milliards de dépenses pour la CPS (Tahiti Infos)

Ce vendredi 8 mars au Cesec, il a très peu été question des droits des femmes, et beaucoup question des droits des victimes des essais nucléaires. Les membres du Cesec ont notamment entendu les exposés des directeurs de la CPS et de l’Institut du cancer, et de la députée Mereana Reid-Arbelot, qui va mener une commission d’enquête parlementaire sur le sujet dans les six prochains mois, avec toujours l’objectif d’amender la loi Morin pour une meilleure indemnisation des victimes, et surtout le remboursement des frais engagés par la CPS.

(…) Les données médicales antérieures à 1985 sont encore entre les mains de l’armée, et pas informatisées. Les données postérieures à la création du système informatique de la CPS ne sont pas toutes exploitables non plus. L’imprécision crée le doute, qui conduit à une application a minima de la loi Morin pour l’indemnisation individuelle, et à l’impasse actuelle de l’indemnisation des dépenses socialisées, pour tenter de récupérer les frais de prise en charge engagés par la CPS depuis 1985 : 107 milliards de Francs pour 12 584 patients souffrant des 23 maladies de la liste du Civen – dont 51% sont aujourd’hui décédés.

Nucléaire : une nouvelle commission d’enquête à l’Assemblée nationale pour modifier la loi Morin (Radio 1)

 

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