Qu’il s’agisse de santé ou de géologie, la recherche scientifique permet de mieux comprendre certains fondamentaux de la vie en Polynésie afin de mieux s’y adapter: Une doctorante de l’UPF récompensée pour ses travaux des recherche concernant les plantes polynésiennes et leurs applications cosmétologiques ou pharmaceutiques ; Un colloque organisé à la Maison des sciences de l'homme du Pacifique concernant l’histoire de la santé des Polynésiens ; Une équipe de chercheurs en géologie s’intéresse à l’histoire du sous-sol du lagon de Bora Bora.
# Dans le cadre de leur programme qui encourage les femmes scientifiques, l’Unesco et la Fondation l’Oréal récompensent à nouveau une doctorante de l’UPF. Il s’agit de Marion Chambon, distinguée pour ses travaux sur les propriétés de cinq plantes polynésiennes dont les applications cosmétologiques ou pharmaceutiques sont prometteuses.
(…). Après Margaux Crusot l’an dernier, récompensée pour sa proposition de biomatériau capable de remplacer le plastique dans les fermes perlières, c’est la deuxième fois en deux ans que l’UPF, et plus spécifiquement son unité mixte de recherche Secopol, est remarquée pour les travaux scientifiques qu’elle abrite.
Marion Chambon a étudié l’activité sur la peau de 5 plantes polynésiennes : tiare Tahiti, tamanu, curcuma, ainsi que le tou et les racines aériennes du banian. « C’est la première fois qu’on étudie leur composition chimique », dit-elle à propos du tou et du banian. Cinq plantes utilisées dans des ra’au tahiti, dont elle cherche démontrer scientifiquement l’activité anti-inflammatoire, antioxydante voire anti-cancéreuse sur les cellules de la peau. (…)
Marion Chambon, doctorante de l’UPF, récompensée pour ses recherches sur les plantes polynésiennes (Radio 1)
(…) C’est en première année d’études en santé, en métropole, que Marion Chambon se passionne pour la botanique. Elle décide alors de s’orienter vers la filière pharmacie et s’intéresse au domaine de la recherche. En début d’année, elle soutient sa thèse et reçoit le prix ISPB recherche 2023 récompensant la meilleure thèse d’exercice en Pharmacie associée à une publication scientifique. Sa thèse porte sur le « Potentiel thérapeutique des plantes médicinales dans la lutte contre le SARS-CoV-2 ».
(…). Le projet est mené par l’Université de la Polynésie et financé par Medex Polynésie. « L’objectif, c’était vraiment d’avoir une valorisation concrète au niveau économique. Pourquoi pas de mettre en place des structures agricoles, des structures de production, réfléchir à la formulation de produits cosmétiques. Mais après ça, ce n’est pas à moi d’en décider. Ça sera vraiment à ceux qui dirigent le projet et à ceux qui l’ont financé ». (…). Marion Chambon recevra une dotation qui l’aidera à poursuivre ses travaux de recherche. Elle bénéficiera également de formations en communication et en leadership visant à lui donner des moyens supplémentaires pour mieux affronter le « plafond de verre » et mieux valoriser ses recherches scientifiques. Marion est actuellement en troisième année de thèse, et rédige des articles scientifiques ainsi qu’une thèse qu’elle soutiendra début 2025. (…)
Une doctorante de l’UPF récompensée pour ses recherches sur les plantes polynésiennes (TNTV)
# Un colloque organisé à la Maison des sciences de l'homme du Pacifique aborde la santé des Polynésiens au moment du contact avec l’Occident et le choc des maladies introduites. Il y est aussi question de la lèpre, de la grippe espagnole de 1918 ou encore du Covid 19. Ce dernier virus a été un révélateur des recours à des thérapeutiques variées comme celles de la médecine traditionnelle.
(…). Connaître la maladie pour mieux la combattre, cela passe par un courant de dialogue et de connaissances entre chercheurs, historiens, cartographes, scientifiques et spécialistes de la santé.
(…) “La santé en Polynésie est un problème qui a plein de dimensions. Tu ne peux pas parler de santé, de bonne ou mauvaise santé, si tu n'abordes pas aussi le foncier, le système économique... " (Tamatoa Bambridge - sociologue et anthropologue). (…) En Polynésie, il y a pire que les pandémies, il y a l’obésité. 70% de la population adulte est en surpoids dont 40% au stade d’obésité. Quant au diabète, on compte 45 000 malades au fenua et 3 000 nouveaux cas recensés tous les ans.
Colloque : les Polynésiens face à la maladie (Polynésie 1ère)
Les Polynésiens restent attachés aux remèdes traditionnels, au ra’au Tahiti*. La moitié des natifs y a recours chaque année, selon une étude du projet de recherche Rési-Poly qui a tenu un colloque scientifique cette semaine à l’université. Un colloque qui a rassemblé les praticiens et les tradipraticiens.
Ce colloque dont les inscriptions sont limitées a attiré les professionnels de la santé et les détenteurs des savoirs traditionnels, les tahu’a ora. Deux mondes qui s’opposent toujours. Mais selon l’anthropologie médicale, une bonne connaissance de la culture et de l’environnement de la population soignée améliore son adhésion aux parcours de soins et la confiance envers le personnel soignant. Et tous les médecins présents le savent. (…). La recherche rappelle aussi que la médecine traditionnelle constitue une institution en Polynésie française. (…)
Le ra’au Tahiti, une médecine ancrée en Polynésie (TNTV)
* Dans le même ordre d'idées, on peut suggérer l'importance d'en référer à des pratiques traditionnelles pour la promotion de la protection de l'environnement
# L’île de Bora Bora a accueilli pendant un mois une équipe de chercheurs en géologie venue de Suisse dont l’objectif est d’effectuer des prélèvements du sous-sol du lagon afin de retracer son histoire sur les 500 000 dernières années et de mieux anticiper les changements à venir.
Les changements du niveau de l’océan affectent aujourd’hui l’ensemble de la planète et constituent un sujet de préoccupation dans le monde entier, a fortiori en Polynésie. Ces variations ne sont cependant pas récentes et constituent un sujet d’étude pour les géologues. C’est pour mieux les connaître et anticiper celles à venir qu’une équipe de l’université de Berne, en partenariat avec le Criobe, est de passage à Bora Bora. Pendant plus d’un mois, le professeur Flavio Anselmetti, spécialiste de l’étude des sédiments et de la paléoclimatologie, et ses étudiants ont procédé à des carottages du fond du lagon. Accompagnés d’une équipe de techniciens spécialistes mondiaux de ces types de forage, ils ont cherché à mettre au jour les différentes strates du sous-sol. Des couchent qui témoignent des variations du niveau de la mer liées aux différentes périodes de glaciation.
(…) Notre objectif est également de sensibiliser la population à la montée des eaux”, précise le professeur Anselmetti. Il a d’ailleurs largement partagé ses recherches et leurs premiers résultats avec habitants de l’île, et en particulier les jeunes. Ainsi, de nombreuses interventions au collège-lycée de Bora Bora, mais aussi à l’école primaire de Faanui, ont été l’occasion de leur faire découvrir le métier de géologue et d’expliquer les objectifs très concrets de ces recherches fondamentales pour la connaissance de Bora Bora et la préparation de son avenir.
Bora Bora : l’histoire de l’île dans le sous-sol du lagon (Tahiti Infos)