Valorisation des produits locaux et renforcement de l'indépendance alimentaire et économique du fenua ; Les habitants de Tahiti et Moorea ont moins jeté en 2024. Mais, croissance de l’activité oblige, les entreprises ont eu beaucoup à jeter l’année passée ; Une loi de Pays pour en finir avec les plastiques à usage unique est établie: peut-elle être vraiment appliquée ? ; Projet de convention cadre pluriannuelle 2025-2027 relative au concours de l’État au financement des investissements prioritaires au fenua: une recommandation vise à promouvoir les projets plus vertueux sous l’angle environnemental.
# À la tête de la Direction de l’agriculture (DAG) depuis quelques mois, Roland Bopp, bien que n’étant pas issu du domaine, affirme d'emblée que sa mission dépasse la simple expertise agronomique : "l’agriculture est un service-clé du Pays, et sa gestion demande bien plus qu’un savoir technique. Il faut des compétences en management et en administration publique pour mener à bien les réformes nécessaires" afin de structurer et moderniser ce secteur vital. (…) L’année 2024 a été marquée par plusieurs lois touchant l’agriculture : une sur l’épandage des déchets issus de l’élevage, une autre encadrant le CBD, et une dernière facilitant l’accès aux terres agricoles. Pour 2025, deux nouvelles lois sont en préparation, notamment sur l’encadrement des marges entre producteurs, distributeurs et commerçants.
(…) Adopté en 2021, le schéma directeur de l’agriculture en Polynésie (2021-2030) a nécessité quelques ajustements. Roland Bopp souligne trois points majeurs qui demandaient une meilleure prise en compte : Les investissements dans les énergies renouvelables, pour assurer une production agricole durable et réduire les coûts d’exploitation; L’accès à l’eau, facteur-clé pour garantir la viabilité des lotissements agricoles destinés aux jeunes agriculteurs; La mobilité verte, afin d’assurer une logistique efficace et indépendante des hydrocarbures (…) L’un des piliers de cette réforme est le développement des ateliers d’agrotransformation, initiés sous l'ancien gouvernement. Ces structures permettent aux agriculteurs de transformer directement leurs produits, leur donnant ainsi une plus grande valeur ajoutée. (…). Ces ateliers facilitent également l’intégration des produits locaux dans la restauration scolaire, garantissant ainsi des débouchés concrets aux agriculteurs. (…) Le secteur du coprah traverse une crise majeure. De nombreux jeunes des Tuamotu délaissent cette activité jugée trop pénible au profit du tourisme. Pourtant, la demande en huile et lait de coco explose, ce qui oblige certains industriels à importer du coco depuis d’autres îles. (…). La solution envisagée repose sur la transformation locale du coco en produits à forte valeur ajoutée, tels que l’huile vierge ou le lait de coco, ce qui pourrait générer des revenus supplémentaires estimés à 6 milliards Fcfp par an. (…). Entre valorisation des produits locaux, soutien aux agriculteurs et transition vers une agriculture plus durable, la Polynésie semble sur la bonne voie pour renforcer son indépendance alimentaire et économique. Mais la réussite de cette transition dépendra toutefois de l’implication de tous les acteurs : agriculteurs, collectivités, entreprises privées et consommateurs.
Roland Bopp, directeur de la DAG, espère une évolution plus qu'une révolution agricole (Polynésie 1ère)
Deux chefs d’entreprise ont fait le pari de l'agro transformation des produits locaux. Le premier propose des repas à base de produits du fenua. Le deuxième quant à lui, s'est lancé dans la production de biscuits.
Deux chefs d'entreprise, Nicky Verghnes gérant de la société Hotu ma'a Tahiti et Ornella Lichon gérante de la société Fenua Smart, se sont lancés dans l'agro transformation des produits du fenua, chacun à sa manière. Le premier a investi près de 13 millions de Fcfp pour mettre sa société en route, une somme qui comprend en majorité, tout le matériel nécessaire. L'objectif du Pays est de construire 9 ateliers de ce type, pour accueillir les jeunes entrepreneurs et encourager le développement de cette filière. (Article et vidéo).
L’agro transformation : secteur de nouveaux débouchés professionnels
Des produits du fa’a’apu enfin servis dans l’assiette des enfants du fenua : c’était déjà l’objectif du gouvernement Fritch et de la loi de Pays du 11 janvier 2022, qui imposait aux cantines scolaires un quota minimum de produits du jardin. Aujourd’hui, grâce à l’accès aux outils transformateurs et à l’accompagnement des agro-transformateurs, le gouvernement Brotherson veut ouvrir de nouvelles opportunités économiques et tendre vers l'autonomie alimentaire. Du fa’a’apu aux cantines scolaires, la distance se réduit. Neuf structures co-financées par le Pays et l’État se sont positionnées pour ouvrir leur atelier d’agro-transformation, processus de transformation des produits agricoles bruts en produits finis ou semi-finis à des fins de consommation. Deux d’entre elles sont en service depuis quelques mois, à Atimaono. (…). D’ici juillet 2025, le maire de Tereheamanu accueillera un nouveau magasin d’alimentation qui mettra en valeurs les produits du fenua.
De l’atelier d’agro-transformation aux assiettes, le développement du manger local (TNTV)
# En 2024, Fenua ma a relevé 32 000 tonnes d’ordures ménagères non triées dans les bacs gris des particuliers. C’est 1,6% de moins que l’année précédente, c’est surtout près de 20 000 tonnes de moins qu’en 2007, pic historique de l’activité du syndicat des déchets de Tahiti et Moorea. Dans le même temps, les volumes d’encombrants et de déchets déposés par les entreprises à Paihoro ont eu tendance à gonfler, si bien que le CET a connu une légère hausse de son activité. Le centre de recyclage de Motu Uta, lui, n’a pas retrouvé les records de déchets triés de la période Covid.
Les habitants de Tahiti et Moorea ont moins jeté en 2024. C’est le constat de Fenua Ma, qui a pris en charge, l’année dernière, 31 935 tonnes d’ordures ménagères issus des bacs gris des îles du Vent. Pour le syndicat mixte, qui couvre toutes les communes de l’archipel à l’exception de Faa’a, c’est une baisse de 1,6% depuis 2023, qui s’inscrit dans la lignée d’une cure d’amaigrissement quasi-continu des bacs gris ces 15 dernières années. (…) Le directeur pourrait aussi se réjouir des conséquences de cette baisse : moins d’ordures déposées dans le bac gris, c’est une durée de vie rallongée pour le Centre d’enfouissement technique (CET), où ils sont déposés par les services de collecte communaux. Et pourtant, Paihoro n’a pas reçu moins de déchets en 2024, la faute aux déchets d’entreprises qui, si elles ne font pas partie des adhérents de Fenua ma, voient tout de même une partie de leurs déchets pris en charge – de façon payante – par la seule structure habilitée à les recevoir à Tahiti. Et, croissance de l’activité oblige, les entreprises ont eu beaucoup à jeter l’année passée : 10 285 tonnes de déchets industriels non toxiques ou dangereux, contre 9 635 l’année précédente. En ajoutant les encombrants (11 600 tonnes), le CET a vu passer 59 000 tonnes de dépôts en 2024. Soit 1,5% de plus qu’en 2023. (…) Fenua ma est en dessous des records de tri de la crise Covid – 5 500 tonnes recyclées en 2021 -, mais la tendance reste bonne sur le long terme : sur 20 ans, la quantité de déchets triés dans les 12 communes du syndicat a doublé. En comptant les déchets recyclables déposés par les entreprises, et les 260 tonnes confiées par les îles éloignées qui ont contracté avec Fenua ma, le centre de Motu Uta a accueilli 7 483 tonnes l’année dernière, dont 6 462 ont été exportées. Le reste, des « refus » pour mauvais tri ou déchets sales, sont renvoyés vers Paihoro. « Ça nous fait un taux d’erreur de 13,6% », reprend le directeur. « C’est un très bon résultat quand on sait que la moyenne nationale est à 23 ou 25% ». (…). Fenua ma prend en charge d’autres déchets : 2 500 tonnes de verre, un gisement capté à 67% en Polynésie, 15 tonnes de piles, 678 tonnes de batteries dans les stations et les garages, 148 tonnes d’huile de moteur, 20 tonnes de médicaments périmés ou pas finis confiés par les pharmacies, une tonnes de fusées de détresse, 59 tonnes de peintures et solvants ou encore 287 tonnes de déchets électroniques, un record, grâce aux opérations spéciales organisées le weekend. En revanche, seules 1 200 carcasses de voitures ont été récupérées, compressées et exportées en 2024 contre près de 1 600 tonnes les deux années précédentes. La faute à une panne… (…)
Les Polynésiens jettent moins, mais pas leurs entreprises (Radio 1)
# Couverts en bambou, sacs en papiers ou en amidon de maïs : les alternatives au plastique se développent depuis quelques années, au fenua. Et le Pays passe à la vitesse supérieure : la loi sur la réduction du plastique à usage unique déploie une série de mesures qui vont entrer progressivement en vigueur jusqu’en 2028. Dès le 1ᵉʳ juillet, l’utilisation de pailles, touillettes ou gobelets en plastique seront proscrits. Puis la vaisselle jetable dans les roulottes, en début d’année prochaine. Mais les professionnels de la restauration sont-ils prêts à sortir du plastique jetable ?
Il est partout : le plastique a profondément modifié nos modes de consommation. Modulable, léger et peu onéreux : c’est un contenant pratique pour transporter nos aliments au quotidien. Mais parce que son usage intensif menace nos écosystèmes, une loi pour en finir avec les plastiques à usage unique est établie. Entrée en vigueur depuis quelques semaines, elle prévoit l’arrêt de la commercialisation des contenants et emballages polluants. (…) Si l’esprit de la loi apparait vertueux, dans la pratique, elle génère un certain nombre d’effets pervers… (…). La nouvelle règlementation prévoit dans un premier temps l’élimination de la vaisselle et des contenants en plastique, jetable. Puis les emballages et films alimentaires suivront.
Article + vidéo : extrait du JT - (3’16’’)- et entretien ave Moea Pereyre, présidente de l’association Tiai Fenua, invitée du Journal (4’41’’)
La loi anti-plastique peut-elle vraiment être appliquée ? (TNTV)
Pour rappel : Le Pays projette de bannir les petites bouteilles en plastique (Radio 1) in En route pour une économie plus "circulaire" (AvA-Infos)09/02/25
Pour info (!): Donald Trump a annoncé vendredi (07/02) sur son réseau Truth Social qu'il allait signer un décret "mettant fin à la promotion ridicule des pailles en papier" par son prédécesseur Joe Biden, clamant: "RETOUR AU PLASTIQUE!".
"Retour au plastique!": Trump va signer un décret contre les pailles en papier (Tahiti Infos)
# L’Assemblée de la Polynésie française, réunie ce jeudi matin (20/02) sous sa forme restreinte, à savoir la commission permanente, a adopté à l’unanimité un projet de délibération portant approbation du projet de convention cadre pluriannuelle 2025-2027 relative au concours de l’Etat au financement des investissements prioritaires au fenua. (…) Enfin, pour conclure, trois nouvelles recommandations figurent dans la nouvelle convention. La première vise à promouvoir les projets plus vertueux sous l’angle environnemental.
Le « 3 IF » et les 6,123 milliards Fcfp annuels alloués par l’Etat pour des investissements structurants (Tahiti News)