Un appel à candidatures pour développer une filière locale de production de carburant vert, des combustibles permettant au secteur du transport aérien de réduire ses émissions de CO2 ; Le gouvernement lance un dispositif pour encourager l’aménagement de terres privées inexploitées en zones agricoles prioritaires. En vue, l’autosuffisance alimentaire, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives économiques pour les propriétaires fonciers et les agriculteurs ; Le projet Komo Maite veut remettre au goût du jour une pratique agricole ancestrale : les fosses de culture, ou maite. Au-delà la technique, veiller à ce que les Paumotu puissent se réapproprier cette pratique agraire ancestrale ; Depuis le mois de mai, l’association Tamarii no te moana collecte une algue invasive, la Turbinaria ornata, pour la transformer et lui donner un usage économique : dans l’agriculture et dans les produits cosmétiques. ; Un lotissement de 33 hectares dédié aux activités aquacoles : c’est le projet Aruhotu mis en place par le Pays à Faratea. Objectif affiché : développer un pôle aquacole pour augmenter l’autonomie alimentaire au fenua.
TRANSPORT AÉRIEN
Le secteur aérien mondial veut se tourner vers un modèle plus vert : des objectifs ambitieux d’utilisation de carburant d’aviation durable (SAF) ont été fixés. Il s’agit de combustibles issus d’un mélange de kérosène avec des déchets ou des biomasses. Au fenua, la direction de l’aviation civile ambitionne de suivre la tendance, en développant une filière locale de production de carburant vert.
« Explorer des solution innovantes ». C’est le leitmotiv du directeur de l’Aviation civile, Marangai Moeroa. Le DAC vient de lancer un appel à candidatures, et recherche un partenaire pour favoriser l’intégration des carburants d’aviation durable (CAD, plus communément appelé SAF, pour sustainable aviation fuel) dans l’aviation polynésienne. Vantés par de nombreuses compagnies aériennes soucieuses de verdir leur image, ces combustibles permettent au secteur de réduire ses émissions de CO2.
Il existe plusieurs types de SAF. Selon les différentes générations, ils sont produits en mélangeant le kérosène habituel avec des ressources récupérées au quotidien, telles que des déchets et résidus de jardinage, alimentaires, agricoles, des huiles de cuisson, de l’hydrogène ou encore des algues. Les nombreuses filières de développement prennent soin d’éviter d’utiliser des biomasses cultivées au prix d’une importante déforestation, telles que l’huile de palme ou le soja.
D’après l’Agence européenne pour la sécurité aérienne (EASA) « la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre sur l’ensemble du cycle de vie grâce à l’utilisation de CAD peut atteindre 70 % ou plus de 90 % par rapport aux carburéacteurs fossiles ». (…). Le coût financier et environnemental de la production de ces carburants sera pris en compte, tout comme les créations d’emplois que la filière pourrait engendrer. Il s’agira aussi de déterminer quels obstacles pourraient être rencontrés, réglementaires comme économiques. D’après l’aviation civile, ATN, Air France et French Bee sont « très favorables à l’utilisation de SAF produit localement et deux de ces compagnies sont prêtes à participer directement à cette production ». Les cabinets d’étude potentiellement intéressés ont jusqu’au 10 janvier pour se faire connaitre.
La DAC veut faire tourner les avions au coco (Radio 1)
En savoir plus: Les biocarburants aéronautiques en France (agriculture.gouv.fr)2016
AGRICULTURE
# Le gouvernement lance un dispositif pour encourager l’aménagement de terres privées inexploitées en zones agricoles prioritaires. Une initiative ambitieuse qui pourrait transformer durablement le paysage agricole, avec des aides pouvant couvrir jusqu’à 100% des coûts engagés.
Face à la nécessité de renforcer la production agricole locale, un nouveau dispositif vient d’être lancé pour accompagner les propriétaires de terres privées inexploitées. L’objectif est clair : transformer ces espaces en zones agricoles prioritaires (ZAP) et garantir leur vocation agricole à long terme. Les bénéficiaires peuvent prétendre à une prise en charge totale des dépenses, dans la limite de 30 millions de francs pour les études préalables (faisabilité, permis de travaux, etc.) et jusqu’à 150 millions de francs pour les travaux de réalisation, tels que la création de pistes d’accès, le terrassement ou encore l’installation de réseaux hydrauliques.
Cependant, l’accès à cette aide repose sur une exigence clé : le classement des terrains en Zone Agricole Protégée (ZAP). (…) Une initiative qui pourrait non seulement renforcer l’autosuffisance alimentaire, mais aussi ouvrir de nouvelles perspectives économiques pour les propriétaires fonciers et les agriculteurs. (…)
Un dispositif pour transformer les terres inexploitées en zones agricoles prioritaires (Polynésie 1ère)
# Porté par des hydrologues, soutenu par des fonds européens et en collaboration avec des associations locales, le projet Komo Maite veut remettre au goût du jour une pratique agricole ancestrale : les fosses de culture, ou maite. Ingénieux et durables, ces aménagements permettaient autrefois aux habitants des atolls des Tuamotu de cultiver des plantes vivrières malgré des terres coralliennes et l’eau douce rare. Aujourd’hui, le projet démarre sur l’atoll de Nukutavake, avec un objectif ambitieux : restaurer ces maite pour renforcer la sécurité alimentaire des Paumotu.
Et si la clé de l’autonomie alimentaire aux Tuamotu se trouvait dans leur propre histoire ? C’est le pari audacieux de Vai Natura, cabinet d’étude en hydrologie et en hydrogéologie, qui, en cette fin d’année, se lance dans un défi : restaurer les maite, ces fosses de culture qui permettaient autrefois aux Paumotu de cultiver sur leur atoll. À l’époque, les maite fonctionnaient « en symbiose avec les lentilles d’eau douce des atolls » autour « d’un écosystème complexe mais efficace ». Les populations parvenaient finalement à cultiver sur des terres coralliennes grâce à ces larges fosses (d’environ 5 mètres par 10), creusées jusqu’au niveau de la nappe d’eau souterraine. (…) Et c’est l’atoll de Nukutavake qui a été choisi comme « site pilote » pour ce projet qui s’appuie sur une collaboration avec des associations locales, comme Pu Tahi Haga No Ganaa de Maxime Hauata, et des experts comme le botaniste Jean-François Butaud ou l’anthropologue Frédéric Torrente. Komo Maite bénéficie surtout du soutien financier de Bestlife2030, un programme européen animé localement par l’Office français pour la biodiversité et de la Socredo. (…) Mais au-delà de la technique, l’un des piliers du projet reste l’implication et la transmission locale: « si nous prouvons qu’il est toujours possible de cultiver grâce à cette méthode aux Tuamotu, nous voulons partager largement ces connaissances pour que les Paumotu puissent se réapproprier cette pratique agraire ancestrale », expliquent enfin les porteurs du projet.
Nukutavake, un projet pour redonner vie aux fosses de culture des Tuamotu (Radio 1)
AGRICULTURE ET COSMÉTIQUE
# Considérée par beaucoup comme une algue invasive, la Turbinaria ornata a pourtant des apports intéressant dans le domaine cosmétique. Depuis le mois de mai, l’association Tamarii no te moana la collecte pour la transformer. Près de quatre tonnes d’algue ont été ramassées pour éviter sa prolifération et lui donner un usage économique.
100 kilos d’algues turbinaria ornata sont ramassés chaque semaine par l’association Tamarii no te moana. L’objectif premier était de protéger le lagon, cette variété envahissante étant néfaste pour la croissance des coraux. « À cause de l’impact de l’homme sur la nature, l’eau va être chargée en nutriments », explique le président de l’association Bastien Allegret. « Par rapport à l’agriculture, par rapport au déversement des rivières, donc de la pollution… Malheureusement, l’algue va proliférer beaucoup plus facilement au détriment des coraux qui, eux, seront stressés et vont potentiellement mourir. Après, il va y avoir une fast shift, donc un développement exponentiel de l’algue et une mortalité plus grande des coraux » .
Au fil des ramassages, l’association a cherché à valoriser cette algue proliférante. Deux solutions se sont présentées : l’utilisation des algues dans l’agriculture et dans les produits cosmétiques. « On a trouvé un partenariat pour l’agriculture, on est en phase de test pour voir si ça fonctionne », poursuit Bastien Allegret. « Le deuxième partenariat qu’on va aller voir juste après, c’est Heiva Cosmetics. On a transformé les algues en monoï et en savon ». Outre la fabrication de savons et autres huiles de soins, le Comptoir des Plantes Polynésiennes continue d’approfondir ses connaissances sur l’algue, qui pourrait en outre présenter de nombreuses propriétés bénéfiques pour la santé, selon son gérant Philippe Maunier.(…) L’association Tamarii no te moana va poursuivre son ramassage d’algues tout en mettant en place un nouveau projet : un film sur le récif corallien et les espèces protégées. Destiné aux scolaires, il sera visionnable via des casques de réalité augmentée.
La turbinaria ornata, une algue envahissante aux vertus cachées (TNTV)
Page Facebook de l’association Tamarii no te moana
Page Facebook du Comptoir des Plantes Polynésiennes
AQUACULTURE
# Un lotissement de 33 hectares dédié aux activités aquacoles : c’est le projet Aruhotu mis en place par le Pays à Faratea. Les travaux sont actuellement en cours et devraient s’achever fin 2025. Huit parcelles seront mises à disposition des porteurs de projet dont Moerani Lehartel, actuellement éleveur de bénitiers à Papara.
Ce jeune entrepreneur s’est lancé en 2010. Aujourd’hui, il possède plus de 100 000 bénitiers destinés à la vente, en grande partie pour la décoration d’aquariums. S’il a monté son entreprise, c’est avant tout pour préserver la biodiversité. (…). Objectif affiché : développer un pôle aquacole pour augmenter l’autonomie alimentaire au fenua. (…). « Il faut savoir que le développement de l'aquaculture en Polynésie depuis de nombreuses années a du mal à vraiment prendre son essor, en partie à cause d'une problématique d'accès au foncier notamment celui en bord de mer. C'est pourquoi le Pays a choisi de créer ce pôle aquacole », précise Camille Grosjean, ingénieure en aquaculture à la Direction des ressources marines. (…). Un projet en bonne voie dont le coût total s'élève à plus de 3,6 milliards Fcfp. Avec lui, le Pays espère pouvoir doubler, voire tripler la production aquacole d’animaux en Polynésie.
L'an prochain, Moerani Lehartel pourra élever ses bénitiers au pôle aquacole de Faratea (Polynésie 1ère)